L'invit� de la semaine
derni�re : Lo�c De la Mornais
LES
INVITES DU COSMOPIF
N�112
(lundi 24 avril 2006)
Qui �tes-vous, Gil Roy ?
J�ai 47 ans. Je suis journaliste,
sp�cialis� dans le domaine a�ronautique. J�organise �galement des �v�nements
th�matiques. C�est ainsi que tr�s r�cemment, j�ai mont�, avec le mus�e de l�Air et de l�Espace du Bourget, les
Rencontres de la Bande Dessin�e A�ronautique qui ont pour but de permettre au
public de rencontrer des dessinateurs et des sc�naristes sp�cialis�s en BD
a�ronautique et spatiale. En 2006, nous avons fait une ouverture sur le Space
Opera. Auparavant, j�avais d�j� particip� � de grands �v�nements. Par exemple,
� la fin des ann�es 90 et jusqu�au d�but des ann�es 2000, j�ai fait partie de
la petite �quipe de passionn�s qui pendant cinq ann�es cons�cutives a
organis� la semaine a�ronautique de Meg�ve. Nous avons fait venir des
personnages extraordinaires dans un cadre et une ambiance magique. On a parl�
de l�implosion de l�URSS avec Sergue� Krikalev, des incidents � bord de Mir
avec Val�ri Korzoum, le commandant de la mission, qui a film� les �v�nements
avec son camescope personnel. Je me souviens plus particuli�rement de la
pr�paration d�une soir�e de conf�rence avec Jean-Pierre
Haigner� ou encore d�une d�monstration de l�atterrissage de Mars Pathfinder
par Cheick Diarra, dans un bar de Meg�ve, apr�s la fermeture. Il avait une
balle en caoutchouc qu�il essayait de lancer dans un cendrier pos� sur le sol
pour nous expliquer les difficult�s de la man�uvre.
En �voquant le festival de Meg�ve pour vous, les
souvenirs se bousculent. Ce fut des semaines d�une rare densit�. Il y avait des
aviateurs, des astronautes, des artistes, des auteurs, des aventuriers. Bertrand Piccard
�tait un habitu�. Il est venu parler de ses projets puis l�ann�e suivante de
son �chec et l�ann�e d�apr�s de son tour du monde r�ussi.
Une de mes plus grandes �motions m�a �t�
procur�e par ma rencontre avec John Young, le marcheur lunaire mais aussi le
pilote d�essai de la navette. De mon point de vue, l�un des plus grands de la
conqu�te spatiale. Je me souviendrai toujours des quelques minutes qui ont
pr�c�d� son entr�e sur sc�ne, le soir de sa conf�rence. Sur l��cran, on
projetait un film qui le montrait entrain de faire de bonds sur la lune. Nous
�tions tous les deux derri�re l��cran. Nous regardions les images � l�envers,
par transparence, en attendant l�instant o� il devrait faire son entr�e� J�en
ai encore la chair de poule�
John Young,
astronaute des missions Gemini 3 et 10, Apollo 10 et 16 et STS 1 et 9
Mon parcours a �t�, jusqu'� pr�sent, guid� par
la passion. Je suis devenu journaliste par hasard alors que j�avais fait des
�tudes commerciales. Je me suis naturellement sp�cialis� en a�ronautique parce
que j��tais pilote priv� d�avion et de planeur. Mais je n�aurais jamais pu
imaginer, lorsque j�ai commenc� � voler, qu�un jour je pourrais vivre de ma
passion. Et pourtant, aujourd�hui, c�est le cas. La passion permet de
travailler sans compter ses heures, d�approfondir des sujets sans
arri�re-pens�e de rentabilit�. A la sortie, c�est payant !
Je crois que je suis incapable de faire quelque
chose sans passion. Ou alors il faut vraiment que je me fasse violence. Je ne
sais pas comment est n�e ma passion, elle est en moi depuis toujours. Depuis toujours
je regarde le ciel et je r�ve devant la Lune. Et le jour o� j�ai vu un homme
marcher sur la Lune, ma passion a encore �t� d�cupl�e.
Je n�irai sans doute jamais sur la Lune mais je
peux rencontrer des hommes qui y sont all�, des astronautes qui ont v�cu � bord
de Mir ou de la station spatiale internationale, des scientifiques qui
travaillent sur des programmes d�exploration spatiale� Le m�tier de journaliste
permet de telles rencontres. Mais, c�est aussi pour aller plus loin dans les
�changes que j�en suis venu � organiser des �v�nements. Et ce n�est pas un
hasard, si vous retrouvez syst�matiquement dans le titre le mot �rencontre�. Je
viens de m�en apercevoir, en r�pondant � vos questions. C�est � travers ces
rencontres que je me construis. Ces manifestations sont aussi une occasion que
je veux offrir � d�autres passionn�s comme moi, de pouvoir �changer avec des
hommes et des femmes qui les font r�ver. Rencontres. Echanges. C�est la vie�
Je vous ai d�j� �parl� de la conf�rence de John
Young. Les souvenirs forts ne manquent pas. Pour pr�parer l��dition 1999 du
festival de Meg�ve, o� nous avions pr�vu d�inviter six cosmonautes
(deux Fran�ais, deux Russes et deux Am�ricains), je suis all�
passer quelques jours � la Cit� des �toiles en Russie, juste avant No�l. La
Cit� �tait d�serte. Il n�y avait qu�un �quipage en entra�nement. C��tait une
ville fant�me dans laquelle j�ai pu me promener librement. J�ai rencontr� des
techniciens qui �taient l� depuis le d�but. J�ai pass� une matin�e � regarder
un instructeur travailler avec sa r�gle � calcul et son gilet de laine. Dans le
simulateur, il y avait un �quipage. Cet homme a entra�n� la plupart des
cosmonautes sovi�tiques et je suis s�r qu�il avait � peine de quoi vivre.
L'entr�e du
centre d'entra�nement des cosmonautes de la Cit� des �toiles, pr�s de Moscou.
L'�difice
circulaire (� droite) abrite la centrifugeuse. On aper�oit la coupole (bleue)
du plan�tarium juste derri�re.
A gauche, les
b�timents d'entra�nement en simulateurs.
Au fond,
l'hydrolaboratoire destin� � la pr�paration des sorties extrav�hiculaires.
Photo Pif
Difficile � dire� Je choisirais peut-�tre la
photo de Gagarine avec la colombe blanche dans les bras. Elle a fait le tour de
la Terre. Elle a �t� reproduite dans tous les manuels d�histoire. Quand je suis
all� � Moscou la premi�re fois, je l�ai vue dans l�ancien pavillon de l�espace
reconverti en r�serve de supermarch�. Elle �tait gigantesque. Le sourire de
Gagarine �tait merveilleux. Le hall �tait plein de t�l�viseurs Panasonic. Les
maquettes de capsules spatiales avaient �t� entass�es dans le fond du hall pour
laisser la place aux cartons d�emballage.
Je choisirais peut-�tre le LEM. Cette grande
sauterelle sur la Lune. Je l�ai vu se poser sur la Lune, je l�ai construit en
maquette et j�ai pu l�approcher au Mus�e de l'Air et de l'Espace de Washington.
Maquette du
module lunaire "Eagle" de la mission Apollo 11 expos� au
Smithsonian Air & Space Museum de Washington
Photo Pif
Je r�ve d�aller sur la Lune.
Youri Gagarine symbolise la propagande
sovi�tique dont il a �t� lui-m�me victime. Les Am�ricains n�ont pas fait dans
la dentelle non plus mais, compte tenu de sa destin�e, Gagarine est path�tique.
Que
repr�sente pour vous la station Mir ?
Mir pour moi, c�est l��poque pionni�re, la vraie
conqu�te spatiale. La Lune �tait mise en sc�ne. Mir, ce fut vraiment du
travail, � �chelle humaine. Une belle d�monstration de coop�ration
internationale. Et sa fin rajoute � la l�gende.
Merci,
Gil Roy !
La semaine
prochaine (lundi 1er mai 2006) : Thierry Stillace