L'invité de la semaine
dernière : Ludovic
Duvet
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°317
(lundi 21 mars 2011)
Copyright Charlie Abad - Avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Michel Granger en bref
Né à Roanne le 13 octobre 1946, Michel Granger a
été diplômé des Beaux-Arts de Lyon en 1968. Installé à Paris l'année suivante,
il est lancé par René Goscinny qui publie quelques-unes de ses aquarelles sur
la Terre dans Pilote en 1972. Entre 1975 et 1985, il réalise des dessins pour
les journaux télévisés et quelques émissions de TF1. Sa collaboration avec le musicien
Jean-Michel Jarre (qui utilise l'une de ses toiles pour illustrer son premier
album, Oxygène, en 1976) et son exposition en 1977 à la galerie Marquet
à Paris sont le point de départ de sa carrière internationale.
L’événement
spatial qui m’a le plus marqué, c’est évidemment le premier pas sur la Lune.
Mais au moment où c’est arrivé, j’étais à Paris et ça n’était pas trop ma
préoccupation. J’avais regardé comme ça, sans trop d’étonnement -on s’habitue
vite, en fait. J’avoue que j’ai davantage été impressionné par le gars qui a
marché sur son fil entre les deux tours à New York, en douce. Là, j’étais
béat d’admiration ! Pour l’homme sur la Lune, c’est plus tard que j’ai
réalisé. J’ai vu récemment un reportage sur les techniques utilisées à l’époque
et on y montrait notamment la construction de l’ordinateur principal du
vaisseau qui permettait de se poser sur la Lune, qui n’avait même pas la
capacité d’un de nos téléphones portables actuels… C’est fou de se dire que les
astronautes étaient captifs de cette technologie, ce n’est pas come le type qui
part pour l’Himalaya et qui y va avec ses pieds ! Ces types-là devaient
avoir une confiance absolue… Moi j’aurais aimé faire un voyage comme ça !
Mars, c’est beaucoup plus loin ?
Le funambule français Philippe Petit
effectua le 7 août 1974 une traversée (illégale)
sur un câble reliant le sommet des
deux tours du World Trade
Center à New York
Comment
vous êtes-vous retrouvé à dessiner le logo de la première mission d’un
spationaute français ?
C’est suite
à une rencontre avec le responsable du service de presse du CNES, Daniel
Metzlé, lors d’un diner chez des amis communs. Je travaillais à l’époque à la
télé et il m’a proposé de réfléchir à ce logo. L’idée de ce personnage, Starman
comme je l’ai appelé, est venue relativement vite, je ne me souviens pas
d’avoir cherché des jours et des jours, cela m’avait paru assez logique. Il
faut avouer que l’idée a aussi été très vite acceptée ! [Rires]
Une fois le
personnage décidé, cela n’a pas été aussi facile. Si je recherche dans mes
cartons, dans mes archives, je dois encore avoir les esquisses, Je me souviens
qu’il y a eu des petites histoires par rapport à l’emplacement des drapeaux (le
français à droite, le soviétique à gauche) et des difficultés à faire broder
sur le tissu les étoiles du ciel… On a frôlé l’incident diplomatique !
[Rires] Puis finalement ça c’est fait, en URSS. Après, il y a eu des affiches,
des timbres en Russie (mais là je ne maîtrisais rien)… Moi, j’ai bien aimé
faire ce travail, faire un logo comme cela, c’est super intéressant !
L'homme étoile, symbole de la mission PVH effectuée
par Jean-Loup
Chrétien en 1982
Si vous aviez eu à faire le logo d’une mission
spatiale passée, lequel auriez vous aimé faire ?
Toutes les
missions sont intéressantes… Peut-être que j’aurai aimé faire un dessin sur la
Lune… Oui, cela aurait été super !
J’ai
vu le LEM à Houston et je me suis demandé ce qu’ils fichaient dans cette boite
de conserve ! Parce que c’est quand même invraisemblable, c’est une espèce
de casserole montée de bric et de broc, on dirait une installation d’artistes
de théâtre de la rue, une sorte de cuve pour mettre du blé qu’on voit à la
campagne, on ne peut pas dire que ce soit sophistiqué vu de l’extérieur !
Quand j’ai vu ça la première fois (je changerais peut-être d’avis aujourd’hui),
ça avait presque l’air d’un gag par rapport à l’image qu’on a de ce voyage
incroyable ou des vaisseaux que l’on voit dans les films de science fiction,
avec leurs formes profilées, leurs peintures, leurs numéros dessus… Stanley
Kubrick, il n’est pas passé par là ! [Rires]
Encore
une fois, les gars qui sont montés à bord devaient avoir vraiment confiance, on
y est quand même captif !
Le module lunaire de test LTA-8A
exposé au Space Center de Houston (Texas)
L’homme
sur Mars, ça devrait pas être mal, non ? L’installation permanente de
l’homme là-bas, peut-être que ça pourrait régler les problèmes démographiques,
je ne sais pas. J’ai en tous cas le sentiment qu’il nous faudra un moment
quitter notre sphère, peut-être embarquer sur une planète artificielle, je
crois assez à ça. Je ne crois pas en revanche qu’on puisse inverser le cours
des choses, décréter qu’il faut empêcher que la température sur Terre augmente
de 2°C, nous faisons partie d’un système immense, avec une étoile qui nous
réchauffe. Nous ne sommes que des passagers de la Terre, juste de passage.
Sauvez la Terre pour moi, ça ne veut rien dire, c’est sauvez-nous !
Merci, Michel
Granger !
Interview réalisé dans l’atelier
parisien de l’artiste en compagnie de Stéphane Sébile
le 21 avril 2010
Photo Stéphane
Sébile
Prochain invité (lundi 28 mars 2011) : Charles
Bigot