L'invité de la semaine
dernière : Franck Lehot
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°302
à 306 (lundi 27 décembre 2010)
Samantha
Cristoforetti, Alexander
Gerst,
Photo ESA/M. Koell
Les nouveaux astronautes européens en bref
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Samantha Cristoforetti Née à Milan (Italie)
le 26 avril 1977. Le lieutenant
Cristoforetti est pilote de chasse au sein de l’Armée de l’air italienne
(500 heures de vol). Elle a étudié à
l’Université technique de Munich (Allemagne), à l’École Nationale Supérieure
de l’Aéronautique et de l’Espace à Toulouse (France) et à l’Université
Mendeleïev de Technologie chimique à Moscou (Russie). Elle est titulaire d’un
master en ingénierie et d’un master en sciences aéronautiques de l’Université
Frédéric II de Naples (Italie). Dans ses loisirs,
elle pratique l’alpinisme, la plongée sous-marine et la spéléologie. |
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Alexander Gerst Né à Künzelsau (Allemagne) le 3 mai 1976. Le docteur Gerst a étudié la géophysique à l’Université de
Karlsruhe (Allemagne). Il a également étudié les sciences de la Terre à
l’Université Victoria de Wellington (Nouvelle-Zélande), où il a obtenu un
master de science. Il travaillait en tant que chercheur depuis 2001 lorsqu'il
s'est présenté à la troisième sélection d'astronautes de l'ESA en mai 2008. Dans son temps libre, il pratique l’alpinisme, la plongée
sous-marine, l’escalade et le parachutisme. |
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Andreas E. Mogensen Né à Copenhague (Danemark) le 2 novembre 1976. Andreas Mogensen est titulaire d’un master en ingénierie de
l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni) et d’un doctorat en ingénierie de
l’Université du Texas à Austin (États-Unis). Il travaillait pour la société HE Space Operations en tant
qu’ingénieur chargé des systèmes de contrôle d’attitude et d’orbite et des
systèmes de guidage, navigation et pilotage lorsqu'il s'est présenté à la
troisième sélection d'astronautes de l'ESA en mai 2008. Parmi ses activités de loisirs figurent le rugby, l’alpinisme et
la plongée. |
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Luca Parmitano Né à Paternò (Italie) le 27 septembre 1976. Le capitaine Parmitano est pilote au sein de l'Armée de l'air
italienne (2 000 heures de vol). Titulaire d'un diplôme de sciences aéronautiques de l'Académie
de l'Armée de l'air italienne, il a accompli une formation complète de pilote
d'essai expérimental à l'EPNER, l'Ecole du personnel navigant d'essais et de
réception basée à Istres (France). Il pratique la plongée sous-marine, de même que l'escalade et le
parapente. Il est marié et père de deux petites filles. |
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Timothy N. Peake Né à Chichester
(Royaume-Uni) le 7 avril 1972. Il est major de l'Armée
britannique, où il exerce les fonctions de pilote d'essai d'hélicoptère
(3 000 heures de vol). Il possède un diplôme
d'ingénieur en dynamique de vol et une qualification complète de pilote
d'essai délivrée par l'Empire Test Pilots' School. Il est un coureur de
fond chevronné et compte parmi ses loisirs l'escalade et la spéléologie. Marié, un enfant. |
Le portrait de Thomas Pesquet
a été réalisé le 13 décembre 2010
5 questions aux nouveaux
astronautes européens
Qu'est-ce qui a motivé votre candidature à la
sélection d'astronautes de l'ESA ?
Samantha
Cristoforetti : J'ai toujours été fascinée par l'espace,
c'est même l'espace qui m'a choisie : j'étais très jeune quand je disais déjà
que je voulais être astronaute. J'ai conservé ce rêve en grandissant et cela
m'a paru être un choix naturel d'envoyer mon CV quand il y a eu la possibilité
de postuler. Comme je l'ai dit le jour de notre présentation officielle à la
presse, j'avais jusqu'alors le deuxième meilleur métier du monde ; j'ai
maintenant le meilleur !
Alexander Gerst : Cela a toujours été un grand rêve pour
moi de voler dans l'espace et de voir notre planète depuis l'extérieur. J'ai
postulé pour devenir astronaute parce que j'avais besoin de donner une chance à
ce rêve. L'exploration de notre planète et de l'espace m'a toujours fasciné.
Alors qu'il était déjà devenu possible pour moi de contribuer à la première en
tant que scientifique, j'ai maintenant une chance unique de contribuer à la
seconde. J'ai toujours cru à l'utilisation de la technologie pour trouver des
réponses à des questions importantes, donc je suis plus que fasciné par la
perspective de travailler avec une telle technologie.
Andreas Mogensen : J'ai
toujours rêvé d'être astronaute. Fondamentalement, c'est la science qui
m'intéresse aujourd'hui, la chance d'explorer l'Univers et de comprendre qui
nous sommes et quelle est notre place dans l'Univers. C'est ce qui me motive et
c'est pourquoi je voulais être un astronaute.
Luca
Parmitano : C'est très
simple : je suis de la génération de la navette spatiale américaine. J'ai
connu ses débuts et grandi avec, la voyant régulièrement à la télévision. Elle
faisait partie de mon quotidien, je croyais qu'elle faisait partie de la nature
humaine. Quand j'étais à l'école de l'Air, l'astronaute italien Maurizio Cheli
est venu nous parler et j'ai vraiment été en admiration devant ses qualités
exceptionnelles et son humilité -comme Roberto Vittori. C'est pour moi un
modèle : j'aimerais moi aussi participer à l'aventure et avoir les mêmes
qualités.
Timothy Peake : Pour
moi, c'était une occasion unique de faire partie d'une équipe qui aura un
impact tellement positif sur la société ; c'est un facteur déterminant
dans ma vie. Quand j'ai vu sur le site de l'ESA que de nouveaux astronautes
étaient recrutés, je me suis dit que je n'aurais plus la chance d'être en
condition et j'ai donc saisi l'opportunité à deux mains. En tant que
pilote d'essai, j'ai toujours été proche de la communauté spatiale et ai
toujours gardé un oeil sur ce qui s'y passait et sur ce qui pouvait arriver.
Quel moment de votre entraînement de base
gardez-vous particulièrement en mémoire ?
Samantha
Cristoforetti : Je pense que le
meilleur souvenir de la
formation de base est notre vol parabolique
en mai 2010. Pour nous tous, ça a été notre première
expérience en apesanteur et
effectuer une telle découverte tous ensemble a rendu
cela vraiment spécial. Bien sûr, nous
avons eu beaucoup d'exercices à faire pendant le vol mais on nous a
également accordé quelques paraboles "libres"
durant lesquelles nous avons pu simplement profiter
de la sensation de flotter librement
dans la cabine. Quel
régal ! Pendant un moment, nous
sommes redevenus enfants.
Luca
Parmitano : Il est
difficile de ne pas être
d'accord avec Thomas et Samantha : la sensation de
liberté totale ressentie pendant le vol en
zéro g était si nouvelle, un
sentiment tellement jamais connue avant que je me souviens
en avoir rêvé encore longtemps après. Donc oui, certainement, la partie la plus mémorable de la formation de
base a été le vol en zéro g.
Timothy Peake : Sans aucun
doute le vol
en zéro g a été
une expérience unique et l'un
des points
forts de la formation
de base. Cependant, pour moi, la
meilleure partie de notre
formation jusqu'à présent a
été de pouvoir voyager
et de
rencontrer tant
de gens de nationalités différentes qui sont passionnés et dévoués aux
vols spatiaux habités et à l'exploration.
Photo
ESA/Anneke Le Floc'h
Quel événement de l'histoire de l'exploration
spatiale trouvez-vous particulièrement marquant ?
Samantha
Cristoforetti : J'ai personnellement été fascinée par la
première mission de réparation du télescope spatial Hubble en décembre 1993.
J'ai suivi toute la mission -c'est la première fois que je vivais une mission
de cette façon- et je crois que j'ai écrit un article sur le sujet au collège.
J'avais 16 ans à l'époque.
Alexander Gerst : Je choisis la vision de la Terre
s'élevant derrière la Lune par les astronautes d'Apollo 8. C'était la
première fois que des êtres humains voyaient de loin notre planète si petite et
fragile. Cela a du être été un moment magique de la voir apparaître derrière un
autre corps céleste.
Andreas Mogensen : Je
n'étais pas né pour Apollo 11. Mais, pour moi, sans aucun doute, le
débarquement sur la Lune constitue jusqu'à présent le sommet des vols habités.
J'espère que nous pourrons retourner sur la Lune en nous appuyant sur nos succès
antérieurs et ensuite l'utiliser comme un tremplin pour aller plus loin :
Mars peut-être…
Luca
Parmitano : J'ai beaucoup
suivi l'actualité spatiale quand j'étais à l'école de l'Air et j'ai en
particulier constaté qu'être Italien et astronaute pouvait être une réalité.
Cela m'a donné envie d'apporter moi aussi ma contribution à l'exploration
spatiale.
L'astronaute
italien Maurizio Cheli avant le lancement de la mission STS-75 en février 1996
Timothy Peake : Je
suis sûr que tout le monde retiendra l'atterrissage d'Apollo sur la Lune en
1969, cela a été l'une des réalisations les plus emblématiques et remarquables
de l'humanité à ce jour. On m'a posé cette question fait pendant les épreuves
de sélection mais elle était limitée aux 10 dernières années et non
ouverte à toute l'histoire des vols spatiaux ; pour moi, que ce soit lors
des 10 dernières années ou durant toute l'histoire de l'exploration
spatiale, la mission la plus marquante a été l'atterrissage de la sonde Huygens
sur Titan en janvier 2005, de voir arriver les premières images… Ce fut une
grande inspiration et j'espère qu'un jour des hommes suivront aux robots,
qu'ils pourront aller aussi loin que Jupiter et au-delà.
Quel
objet spatial vous fascine-t-il personnellement ?
Samantha Cristoforetti :
[Grand sourire pendant la question] La station spatiale internationale !
[Eclat de rire]
Alexander Gerst : Pour moi, la station spatiale
internationale est un symbole de grandeur : elle a été construite par
100 000 personnes provenant de plusieurs pays différents, a été
assemblée sur orbite et occupée par des équipages internationaux d'une grande
diversité. Le fait que l'humanité puisse réussir une telle entreprise prouve
que nous pouvons faire plus beaucoup de choses magnifiques si nous surmontons
nos divergences et travaillons ensemble.
Luca
Parmitano : Je choisis
l'ISS. Elle constitue la réalisation d'un rêve énorme : vivre en
permanence dans l'espace. Mais elle ne constitue qu'un début, l'aventure ne
fait que commencer !
L'ISS en
mai 2010 (mission STS-132)
Andreas Mogensen : C'est
une bonne question. Je pense que l'un des objets qui m'a vraiment fasciné a été
la sonde Viking, en particulier parce qu'elle a essayé de rechercher de la vie
sur Mars. A ce jour, il y a encore beaucoup de controverses au sujet des
résultats exacts des expériences scientifiques, sur leur signification et la
façon de les interpréter. Je trouve que cette sonde a été incroyablement
clairvoyante à l'époque et qu'elle exerce encore une grande influence aujourd'hui,
tandis de que de nombreuses questions restent sans réponse. Viking constitue
toujours une mission particulièrement fascinante.
Timothy Peake : Outre
la sonde Cassini Huygens, je suppose de nouveau qu'un grand nombre de personnes
doivent choisir le télescope spatial Hubble, pour ce qu'il apporte à notre
société et aussi, je l'espère après la récente mission STS-125 de la navette,
avec sa durée de vie prolongée. Voir ces images surgies de l'espace lointain a
été une grande inspiration aussi bien pour moi que pour beaucoup de gens.
Quel
est votre rêve spatial ?
Samantha
Cristoforetti : Bien sûr, j'aimerais démontrer que je
suis capable de devenir astronaute car pour l'instant nous avons seulement été
choisis comme candidats, il faut maintenant faire tout l'entraînement et
montrer nos capacités à aller dans l'espace. Ensuite, oui évidement, j'aimerais
aller sur la station.
Alexander Gerst :
Dans le même esprit que ce que j'expliquais plus haut, je rêve que l'humanité se rassemble, réalise l'unité dans
sa diversité et reprenne tous les projets audacieux et passionnants dont les
gens rêvent depuis des lustres. Imaginez ce que nous pourrions faire ici, sur
Terre et dans l'espace, si seulement nous cessions de faire la guerre !
Andreas Mogensen : Mon
rêve personnel est soit d'aller sur la Lune, soit d'aller vers Mars. Mais je
pense malheureusement que Mars est encore inaccessible ; la Lune est plus
réaliste.
Luca
Parmitano : Je n'ai pas
encore pensé à un vol particulier. Chaque vol présente son propre intérêt. Délà
voler serait génial. Mais la Lune, ce serait bien, évidemment !
Timothy Peake : J'aimerais
évidemment me rendre sur Titan si la technologie le permettait mais cela paraît
encore trop loin pour le moment. Il y a une possibilité à terme que les
astronautes européens puissent s'impliquer dans des missions d'exploration
lunaire. La volonté de revenir sur la Lune et de continuer l'exploration
au-delà existe en effet globalement. Je pense que cela doit constituer à
l'heure actuelle le sommet absolu de la carrière d'un astronaute.
Interview
de Luca Parmitano réalisée en français le 20 mai 2009 au siège de l'ESA à
Paris.
Interview
de Samantha Cristoforetti réalisée en français
le 16 juin 2009 au Salon du Bourget.
Interviewes
de Andreas Mogensen et Timothy Peake réalisées en anglais le 16 juin 2009
au Salon du Bourget - Transcriptions effectuées par Anne Pacros.
Interview
de Alexander Gerst réalisée en anglais par mail en août 2009.
Compléments
effectués en anglais par mail en décembre 2010.
Photos
Stéphane Sébile
Reprise des invités de la semaine le
lundi 10 janvier 2011
Bonnes
fêtes de fin d'année à toutes et à tous !