L'invité de la semaine
dernière : Jean-Jacques
Favier
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°164
(lundi 24 septembre 2007)
Qui êtes-vous, Nicolas
Pillet ?
Je suis né le 18 septembre
1985 à Lons-le-Saunier, dans le Jura, et j’ai grandi dans le village voisin de
Perrigny, où ma famille est établie depuis plusieurs siècles. J’habite
maintenant à Nancy, en Lorraine.
Outre l’astronautique, je suis
passionné par l’histoire et en particulier par l’histoire militaire (l’armée
est un monde qui m’a toujours fasciné) mais aussi par la Russie. J’ai eu
l’occasion d’apprendre (un peu…) le maniement du russe et cela m’a permis de
profiter pleinement des deux voyages que j’ai effectués dans cet
incroyable pays. Je m’intéresse également à la politique, à la photographie et
à l’aviation.
J’ai obtenu mon bac S et j’ai fais
ensuite trois effroyables années de classe préparatoire au lycée Victor
Hugo de Besançon, dans le Doubs. Tout ceci m’a conduit à devenir
élève-ingénieur à l’Ecole nationale supérieure d’électricité et de mécanique
(ENSEM) de Nancy, où j’étudie toujours…
Dans un avenir relativement
proche, j’aimerais évidemment travailler en tant qu’ingénieur dans le milieu
spatial… Je rêve de pouvoir travailler à Kourou, peut-être sur le lanceur
Soyouz, qui sait ?
Départ
d'une fusée Soyouz depuis la Guyane
Illustration
de David Ducros
Je suis passionné par
tout ce qui touche à l’astronautique depuis aussi longtemps que je me souvienne.
Le premier événement que j’ai réellement suivi fut le dramatique premier vol
d’Ariane 5, le 4 juin 1996. Peu de temps après eut lieu le premier
vol de Claudie, qui n’était pas encore une Haigneré…
4 juin
1996, le premier vol d'Ariane 5 échoue au terme de 39 secondes de vol
Mon intérêt pour les fusées m’a
naturellement conduit à lire des choses sur la Russie et c’est alors que j’ai
commencé à me passionner pour cette nation et pour son extraordinaire programme
spatial. Le livre Sonate au clair de Terre de Jean-Loup
Chrétien a eu une place importante, contribuant fortement à me faire tomber
amoureux des Russes, de leur culture, de leur état d’esprit et de leur langue…
Depuis six ou sept ans
maintenant, ma passion se traduit par la rédaction d’un site Internet : Kosmonavtika.com. Je consacre la
majeure partie de mon temps libre à essayer d’en faire une référence mondiale
francophone sur l’histoire du programme spatial russe. Etant donné
l’investissement que cela représente, le site est évidemment loin d’être
complet mais je fais en sorte que les sujets qui sont traités le soient au
maximum. Je me donne aussi beaucoup de mal pour fournir au lecteur un maximum
de photographies, qui sont parfois totalement inédites.
Cette
anecdote n’est pas extraordinaire, en comparaison à celles qui ont pu être racontées
par d’autres invités du Cosmopif… Elle concerne d’ailleurs l’un d’eux !
L’histoire se déroule sur la mythique base aérienne de Joukovski, à une
cinquantaine de kilomètres de Moscou. C’était en août 2005, à l’occasion du
Salon international de l’aéronautique et de l’espace (MAKS). J’étais déjà
complètement ébahi par de véritables vaisseaux BOR qui étaient exposés et que
j’étais en train de photographier, quand soudainement quelqu’un me bouscule…
"Izvinitié" ("Excusez-moi"), qu’il me dit. Je lui réponds
"Pojaïlsta" ("Je vous en prie") par politesse, bien qu’il
venait de me faire rater ma photo… Je me retourne et me rends compte que ce
touriste qui était lui aussi en train de prendre une photo des BOR n’était
autre que… Jean-Pierre
Haigneré !
L’occasion
de faire une autre photo, réussie celle-là ! La personne à la gauche du
général est mon ami Timothée Elisseeff (aucun lien avec le cosmonaute du même
nom), avec qui je m’étais rendu au Salon.
Salon MAKS de Moscou, août 2005
Une image que je trouve
extrêmement forte est cette photo d’une petite chapelle située en Russie, dans
la ville de Tcheboksari. L’édifice est construit sur le modèle d’une fusée
Vostok et symbolise, selon moi, la relation très particulière et tout à fait
exceptionnelle que le peuple russe entretient avec l’Espace.
En Occident, qui dit
Espace dit technique, termes compliqués, acronymes incompréhensibles, etc. En
Russie, c’est tout le contraire. Le cosmos est quelque chose qui est resté
extrêmement mystique, quasiment religieux. Les technologies liées au spatial
sont bien plus ancrées dans la société que chez nous et ce croisement entre une
église et une fusée est un symbole très fort de cette perception que les Russes
ont de la conquête de l’espace.
Le vaisseau Soyouz, sans aucun
doute ! Tellement robuste qu’il est devenu un nom commun : il est
aujourd’hui courant de dire que "des cosmonautes ont décollé à bord d‘un
Soyouz"…
Je trouve de plus que cet engin
est tout simplement magnifique, avec ses deux panneaux solaires en forme
d’ailes. Sa polyvalence et sa fiabilité en font un monument de la conquête de
l’espace. Il est aux passionnés d’espace ce que le Spitfire est aux passionnés
de l’aviation de la Seconde Guerre mondiale.
Le
26 janvier 1993, le Soyouz TM-16 s'approche de la station Mir
Supermarine
Spitfire de la Royal Air Force en vol
Mon
rêve le plus fou ? Passer la Porte des étoiles bien sûr ! Mais je
doute que le Pentagone m’y autorise un jour ! :-)
Sinon,
en solution de secours, je serais tenté par un petit voyage sur la Lune ou
éventuellement sur Vénus… Je ne sais pas pourquoi mais Mars ne m’a jamais
attiré plus que ça…
Youri Gagarine est une véritable
icône du XXe siècle. Il n’est malheureusement que très peu connu en
France et c’est bien dommage. Cet homme restera dans l’histoire de l’humanité
comme le premier qui a franchi la porte de l’espace et on ne pouvait pas rêver
mieux comme ambassadeur "cosmique", tant ses qualités humaines
étaient exceptionnelles.
Mir représente une aventure. J’ai
grandi en suivant les missions qui s’y sont déroulées. J’ai vu tellement de
photos et de vidéos sur cette station que j’aurais pu m’y retrouver aussi bien
qu’un cosmonaute ! J’ai été sincèrement triste quand elle a été détruite.
Il s’agissait de la première
véritable maison de l’homme dans l’espace et les Russes l’ont construite sans
l’aide de personne… En cela, elle représente une prouesse technique sans
précédent. De plus, elle avait quelque chose que la station spatiale
internationale n’a pas : un nom ! Cela peut paraître idiot mais ça
lui conférait un côté mythique et poétique que sa successeuse n’a pas…
Le 4 octobre 1957 est le jour
où les hommes se sont prouvés qu’il était possible de partir. Des gens avaient
prédit que si l'on envoyait un objet à 28 000 km/h, il ne retomberait
pas… Mais franchement, on a bon avoir confiance en la physique, ça a quand même
dû surprendre la première fois qu’on a essayé… !
Sur le plan esthétique, Spoutnik
était tout simplement magnifique !
Merci, Nicolas Pillet !
Interview réalisée par mail en août
2007
La semaine
prochaine (lundi 1er octobre 2007) : Bébé-Lune