LES
INVITES DU COSMOPIF
N°172
(lundi 19 novembre 2007)
Astronaute de l'Agence spatiale canadienne
Badge
officiel de la mission STS-96,
écusson
La fusée de Julie créé par l'artiste québécois Gérard Dansereau
et
logo des Sardines volantes dessiné par Jacques Tiziou
Julie
Payette en bref
Née le 20 octobre 1963 à Montréal (Québec)
Sélectionnée en 1992 et intégrée
au corps des astronautes de la NASA en 1996
8e astronaute
de l'Agence spatiale canadienne
388e sujet
de l'espace, 36e femme de l'espace, 2e Canadienne
de l'espace
1 vol spatial : mission STS-96 à bord de la navette
Discovery (mission d'assemblage de l'ISS 2A.1)
Durée : 9 jours, 19 heures et 13 minutes
(27 mai-6 juin 1999)
Photo
officielle de l'équipage de la mission STS-96 et photo de groupe à bord de
l'ISS
L'équipage
est formé de 7 astronautes : le commandant Kent Rominger (4e vol),
le
pilote Rick Husband (1er vol) et 4 spécialistes de
mission : Ellen Ochoa (3e vol),
Tamara Jernigan (5e vol),
Daniel Barry (2e vol), Julie Payette (1er vol)
et Valéry Tokarev (Agence spatiale russe, 1er vol)
Après avoir suivi ses études primaires et secondaires dans sa
ville natale, Julie Payette décroche en 1980 l'une des six bourses
canadiennes. Elle peut alors rejoindre l'United World College of the Atlantic
au Pays de Galles et obtient un baccalauréat international en 1982. Elle reçoit
ensuite la bourse Greville-Smith de l'Université McGill à Montréal, la plus
haute distinction honorifique de premier cycle de cette institution, et y passe
un baccalauréat en génie électrique en 1986. Elle poursuit ses études par une
maîtrise en sciences appliquées (génie informatique) à l'Université de Toronto
et reçoit son diplôme avec distinction en 1990.
Avant de rejoindre l'agence spatiale canadienne, Julie Payette a
participé à des activités de recherche en informatique, en traitement du
langage naturel, en reconnaissance vocale automatique et en application de
technologies interactives au domaine spatial. Elle est ainsi ingénieure système
chez IBM Canada de 1986 à 1988, assistante à la recherche à l'Université de
Toronto jusqu'en 1990, scientifique invitée au laboratoire de recherche IBM de
Zurich en Suisse en 1991 et ingénieure de recherche du groupe de recherche sur
la parole des laboratoires Bell-Northern (filiale du groupe Nortel) à Montréal
en 1992.
Julie Payette a été sélectionnée en juin 1992 par l'Agence spatiale
canadienne parmi 5 330 candidats pour faire partie du groupe de
quatre nouveaux astronautes. Après avoir suivi une formation de base, elle
a travaillé comme conseillère technique pour le système d'entretien mobile
(MSS) de la station spatiale internationale. En 1993, elle a fondé un groupe de
recherche sur l'interaction personne-ordinateur au sein du programme des
astronautes canadiens. Elle a également été l'une des spécialistes techniques
du Groupe d'étude pour la recherche sur le traitement de la parole de l'OTAN de
1993 à 1996.
Le corps des astronautes canadiens en 1992
Debouts,
de gauche à droite : Marc Garneau, Chris Hadfield, Bjarni Tryggvason et
Steve MacLean.
Assis,
de gauche à droite : Mike MacKay, Dave Williams, Julie Payette et Bob Thirsk.
Les
nouveaux arrivants sont Chris Hadfield, Mike McKay, Dave Williams et Julie
Payette.
Sélectionnée dans le 16e groupe d'astronautes de
la NASA, Julie Payette a commencé son entraînement en août 1996 au centre
spatial Johnson de Houston, au Texas. Après avoir terminé sa formation initiale
en avril 1998, elle a été affectée aux dossiers techniques concernant la
robotique pour le compte du Bureau des astronautes.
Du 27 mai au 6 juin 1999, Julie Payette participe à la
mission STS-96 en tant que spécialiste de mission. L'objectif est de réaliser
le premier amarrage manuel à la station spatiale internationale
à l'aide de la navette Discovery
et de livrer quatre tonnes de
matériel afin notamment de préparer l'arrivée de ses
futurs occupants. Durant les 5 jours durant lesquels la navette est
amarrée à l'ISS, Julie Payette a la
responsabilité des systèmes de la station et commande le bras robotique
Canadarm.
Durant ses 10 jours de vol, la navette Discovery décrit
153 orbites autour de la Terre et parcourt plus de 6 millions de
kilomètres.
Voir le
détail de la mission STS-96 en français sur www.space.gc.ca/asc/fr/missions/sts-096/default.asp
L'ISS photographiée par l'équipage de Discovery au-dessus de la
Chine le 3 juin 1999
De septembre 1999 à décembre 2002, Julie Payette travaille au sein
des agences spatiales européenne et russe à titre de représentante des
astronautes. Elle est également été chargée de la vérification de l'équipement
et de l'élaboration des procédures dans le cadre du programme de vol de la
station spatiale internationale.
La Québecquoise poursuit actuellement sa formation continue d'astronaute
et occupe les fonctions de capcom au centre de contrôle des missions à Houston,
assurant les communications entre l'équipe au sol et les astronautes en vol.
Lors de la mission STS-121 de la navette Discovery en juillet 2006, elle a
endossé le rôle de capcom en chef.
Julie Payette détient une licence de pilote professionnel sur
avions multimoteurs et sur hydravion. Elle a obtenu son grade de capitaine sur
le jet militaire CT-114 en 1996. Elle a aussi reçu sa qualification militaire
de vol aux instruments en 1997. Elle compte à ce jour plus de
1 100 heures de vol, dont plus de la moitié sur avions à réaction à
haute performance. Elle a effectué, à titre de chercheure, 120 heures de
vol en pesanteur réduite à bord de différents avions.
En avril 1996, elle a obtenu son brevet de plongée en eaux
profondes dans un scaphandre pressurisé à une atmosphère.
Julie Payette parle couramment le français et l'anglais et peut
converser en espagnol, en italien, en russe et en allemand. Elle pratique la
course à pied, le ski, les sports de raquette et la plongée sous-marine. Elle
est pianiste et choriste.
Clerc
(Isabelle), Julie Payette et Anh Dao
Editions
Héritage jeunesse, collection En plein cœur, Montréal, 1995 (157 pages)
5 questions à Julie Payette
On me pose souvent la question mais je n'ai pas de réponse.
STS-96 a été une mission de 10 jours avec de très-très-très forts moments
intenses : le décollage, l'ouverture des soutes de la navette, l'amarrage
avec la station spatiale, l'ouverture de la station, voir la Terre d'en-haut,
les photos prise de la station, le support à la marche dans l'espace,
l'opération du bras robotique pour la première fois, le lancement du satellite
Starchine, le désamarrage, le retour sur Terre…C'est très difficile de vous
sortir un des ces moments. C'est une des raisons pour laquelle ce métier est
aussi passionnant, fascinant et pour lequel on travaille aussi fort pour
mériter un siège.
Julie
Payette se préparant au lancement vers l'ISS
et en
compagnie de Kent Rominger dans le sas reliant les modules Zarya et Unity
En fait chacun a son image, cela
peut être le premier pas sur la Lune, le premier décollage de la navette… Moi,
je me rappelle petite fille dans un gymnase dans une école primaire à Montréal,
je devais avoir 6 ou 7 ans et je regardais les astronautes américains marcher
sur la Lune et revenir sur Terre avec la capsule sous son parachute qui
amerrissait sur l'eau. C'est ce qui m'a donné le goût de devenir astronaute. A
ce moment, j'étais Canadienne, fille, je ne parlais pas un mot d'anglais et
pourtant je voulais devenir astronaute. Regardez où je suis aujourd'hui !
Récupération
de l'équipage de la capsule Apollo 11 de retour de la Lune le
24 juillet 1969
Pour moi, ce n'est pas la conquête
de l'espace, c'est l'exploration de l'espace et ça inspire des générations et
des générations de personnes à travers le monde.
Non, là aussi, c'est difficile de
répondre. Pour l'instant, j'ai encore le statut actif et je travaille pour
revoler à bord de la navette spatiale.
Décollage
de la navette Discovery depuis la Floride le 27 mai 1999
Je n'étais pas née !
Spoutnik marque le coup d'envoi
d'un projet et d'un progrès technologique qui aurait pas eu lieu sans la course
qui a suivi entre Américains et Soviétiques. C'était en pleine Guerre froide et
cela a poussé les gens à se surpasser, ce qu'ils n'auraient pas fait autrement.
On dit en anglais "A kick in the seat of the pants" : c'est un
coup de pied dans la bonne direction qui nous a permis de devenir de plus en
plus forts.
Moi, j'ai très hâte de voir
l'avion qui aura des réacteurs normaux de jet et qui sera couplé avec un
moteur-fusée pour pouvoir relier un point à l'autre de la Terre très
rapidement. Ce sera à mon avis l'une des retombées importantes de l'exploration
spatiale. Pour pouvoir utiliser un moteur-fusée sur un avion commercial, il
faut parfaitement maîtriser cette technologie et la meilleure façon de la
maîtriser, c'est de l'utiliser. Or le moteur-fusée est assez complexe comme on
le sait et cela fait à peine 50 ans qu'il est l'utilisé. L'exploration
spatiale va donc lui donner ses galons pour qu'il puisse être utilisé dans
l'aviation et permettre d'effectuer le voyage Tokyo-New York en
deux heures.
En 1986, le président américain
Ronald Reagan avait appelé le lancement du projet d'un National Aerospace Plane
(NASP) capable de rallier New York à Tokyo en 2 heures. Rebaptisé X-30 ou
Orient Express, le projet fut étudié par la NASA jusqu'en 1994 puis abandonné.
Les études portaient sur un appareil équipé
d'un seul moteur pouvant fonctionner comme statoréacteur, superstatoréacteur et
moteur-fusée.
Merci, Julie
Payette !
Interview réalisée à la Cité de l'Espace de Toulouse le 4 octobre 2007
Photos Didier Capdevila
La semaine
prochaine (lundi 26 novembre 2007) : Olivier de Goursac