LES
INVITES DU COSMOPIF
N°13
(lundi 23 février 2004)
Enseignant
détaché à l'Euro Space Center de Redu
et
dessinateur de bandes dessinées
Qui êtes-vous, Pierre-Emmanuel Paulis ?
Je suis né le 18 juillet 1964 (le jour de l'anniversaire de John Glenn ; un signe ?). J'habite à Ferrières, dans les Ardennes belges. Je suis enseignant détaché à l'Euro Space Foundation de Dirk Frimout. Mes hobbies : la bande dessinée, le dessin, la musique blues, les voitures anciennes, l'aviation, l'espace, la photo, les voyages...
J'ai suivi un graduat en Arts
Plastique à l'Institut Supérieur des Beaux-Arts Saint-Luc à Liège, section illustration-bande
dessinée, ai passé un CAP (Certificat d'Aptitude Pédagogique), puis ai
travaillé comme éducateur et professeur de dessin dans différentes écoles avant
de recevoir un coup de téléphone de l'Euro Space Foundation me demandant si je
ne voulais pas travailler pour elle en tant que détaché pédagogique à l'Euro
Space Center de Transinne.
Parallèlement, j'avais développé
ma passion pour l'espace en voyageant à plusieurs reprises dans les centres
spatiaux aux Etats-Unis et en Russie et en nouant de plus en plus de contacts.
J'ai assisté à mon premier lancement de la navette spatiale en 1992, à
l'occasion du vol de notre premier astronaute belge Dirk Frimout, qui m'avait
fait le plaisir de m'inviter officiellement. J'ai assisté à 6 lancements de la
navette, 2 atterrissages (Columbia et Atlantis), 1 départ d'Ariane 4, 1 de
Soyouz, 1 de Titan.
Je fais également de la bande
dessinée et ai créé un personnage, Tania, astronaute. Deux albums sont
parus et je prépare maintenant une BD pour l'ESA, toujours avec Tania, et plus
particulièrement pour le Corps des Astronautes Européens.
Passionné par l'aviation depuis toujours, j'ai eu la révélation pour l'espace au moment du premier lancement de la navette spatiale, en 1981. J'ai écrit aux deux astronautes et à ma grande surprise, j'ai reçu une réponse ! Il s'agissait de John Young et de Robert Crippen. Suite à cela j'ai commencé à écrire à tous les astronautes américains puis russes et européens et je me suis ainsi constitué une extraordinaire collection de photos dédicacées d'astronautes.
Les anecdotes sont nombreuses bien
sûr et souvent bien chargées d'émotion. *
Les rencontres avec les
astronautes sont des moments forts et je n'oublierai jamais ma toute première
rencontre avec un astronaute, pas n'importe lequel puis qu'il s'agissait de
Buzz Aldrin, le deuxième piéton lunaire. J'avais 18 ans et il a été extrêmement
courtois avec moi, me consacrant de nombreuses minutes. J'ai aussi rencontré
bon nombre de célèbres astronautes, tels que Shepard, Glenn, Carpenter, Cooper,
Shirra, Young, Conrad, Haise, Lovell, Cernan, Mitchell, Leonov, Terechkova,
Manarov, Titov, Koubassov... sans compter pas mal de ceux qui ont volé dans la
navette spatiale, ce qui doit faire environ 350 en tout.
J'ai fait aussi des rencontres
insolites telles que celle effectuée avec Tom Hanks et Ron Howard au Kennedy
Space Center pour le tournage du film Apollo 13. J'ai parlé 10 minutes
avec Tom Hanks sans savoir que c'était lui !
Et puis quelle belle récompense de
sa passion que de nouer alors des amitiés fidèles comme celle avec Jean-François
Clervoy ou Vladimir
Pletser (candidat astronaute belge) ou encore avec des pilotes de la
Patrouille de France qui m'ont fait l'honneur de m'inviter plusieurs fois sur
leur base à Salon-de-Provence et pour qui j'ai réalisé une bande dessinée.
Un autre grand moment fut mes vols en apesanteur à bord de la Caravelle puis de l'Airbus Zéro G de l'ESA. J'ai accumulé 43 minutes d'apesanteur lors de 124 paraboles.
En novembre 2002, j'ai eu
l'honneur de faire partie de l'équipage MDRS 7 de simulation de séjour
martien, à bord de la Mars Desert Research Station du désert de l'Utah, aux
USA. C'est une expérience inoubliable.
Tout cela au service bien sûr de
mon travail d'éducateur spatial à l'Euro Space Center.
Un Belge sur
Mars, Dricot, 2007 (16 €)
La photo que je choisis est celle
d'Eugene Cernan, recouvert de poussière lunaire, photographié dans le LM après
une de ses marches lunaires sur Apollo 17. J'ai beaucoup d'affection pour Cernan
et il représente beaucoup pour moi. J'ai eu l'occasion de le rencontrer à deux
reprises ; il est très impressionnant je trouve, sympa et ouvert. Il est
le dernier homme sur la Lune, Dieu sait pour encore combien de temps. Il a
clôturé la plus extraordinaire aventure que l'Homme ait vécue jusqu'à présent.
Apollo 17 reste la plus longue, la plus belle et la plus riche des missions
lunaires. Imaginez que Cernan et Schmitt sont restés 3 jours sur la
surface de la Lune, ont effectué plusieurs EVAs et parcouru plus de 35 km
en jeep lunaire ! Cette photo de Cernan me rappelle que l'aventure
spatiale est avant tout une aventure humaine. C'est le côté de la conquête
spatiale qui m'interpelle le plus, avant la technique.
J'ai une admiration sans borne
pour le programme Apollo et donc pour tout ce qui a contribué à son succès,
comme par exemple la fusée Saturn 5. Mon grand regret est de ne l'avoir jamais
vue décoller. J'ai vu les exemplaires qui n'ont pas volé, à Houston, Huntsville
et Kennedy Space Center. C'est terriblement impressionnant ! Et ce bidule
décollait pour atteindre une vitesse de 28 000 km/heure !
Je collectionne d'ailleurs tout ce
qui commémore cette fantastique aventure Apollo et je dois dire que je suis
assez fier de ma collection. Le concepteur du module lunaire, Tom Kelly, m'a
ainsi fait le plaisir de m'offrir un tirage original des plans du LM.
Un vestige du programme lunaire
américain cuisant sous le soleil texan,
à l'entrée du centre spatial Johnson
de la NASA à Houston
Photo Pif
Mon rêve spatial : j'espère
encore vivre l'arrivée de l'homme sur Mars. C'est plus qu'une nécessité pour
l'humanité.
Que représente pour vous le personnage de Youri
Gagarine ?
Youri Gagarine représente pour moi le courage à l'état
pur ! Il en fallait en effet, du courage, pour s'asseoir au sommet de sa fusée
qui allait le propulser à 28 000 km/h au dessus de la Terre ! Que d'inconnues
et de dangers il allait devoir braver !
Sa disparition prématurée et accidentelle en a fait un
mythe, bien entretenu encore à l'heure actuelle. Le fait qu'on n'ait jamais
retrouvé son corps nourrit davantage la légende : Gagarine est-il bien mort ?
Je me souviens avoir passé une après-midi chez la cosmonaute Valentina
Ponomaryova, à la Cité des étoiles près de Moscou ; celle-ci m'a confirmé
la rumeur que Gagarine n'était pas mort mais qu'il passait ses derniers jours
dans un monastère en Sibérie...
Sur le même palier que Valentina Ponomaryova, la porte
en face porte le nom de Madame Gagarine. Nous avons frappé à sa porte.
Malheureusement, elle n'était pas chez elle. Mais la rencontre s'est
concrétisée quelques années plus tard à Bruxelles : que d'émotion de serrer la
main à celle qui fut l'épouse du premier Homme de l'Espace !
En 2001, j'ai foulé du pied le pas de tir d'où
Gagarine est parti pour son grand voyage, sur le cosmodrome de Baïkonour ;
comment ne pas se surprendre à rêver, les yeux tournés vers le ciel ?
Le 12 avril 1981, soit 20 ans jour pour jour
après ce premier vol habité de l'Histoire, la navette spatiale américaine
Columbia -celle-là même qui le 1er février 2003 ne revint pas
de son dernier voyage- décollait à son tour... Une coïncidence qui me plaît
beaucoup. Et là, je touche du doigt la photo signée de Gagarine que j'ai la
chance de posséder...Youri, merci pour le rêve et l'exemple que tu nous
offres !
Carte
postale signée de Youri Gagarine
Collection
Pierre-Emmanuel Paulis
Que représente pour vous la station Mir ?
"Dommage
que ce ne soit pas un MIRage"
Dessin
exclusif de Pierre-Emmanuel Paulis pour le Cosmopif
Merci, Pierre-Emmanuel Paulis !
Interview
réalisée par mail en novembre 2003
Avec le général Siffre et Pif lors de la première Fête de la Rentrée du Musée de l'Air et de l'Espace en septembre 2000
et avec Didier Clayes et Pif au centre spatial Kennedy en octobre 2000
La semaine
prochaine (lundi 1er mars 2004) : Raphaël Breda