Le pr�c�dent
invit� : Thomas August
LES
INVITES DU COSMOPIF
N�137
(lundi 25 d�cembre 2006)
Photo Pif
Qui
�tes-vous, Yves Monier ?
Je suis n� le 8 avril 1946 � La Gacilly,
dans le Morbihan. Je suis Breton depuis plusieurs g�n�rations et m�ne
actuellement des �tudes g�n�alogiques pour essayer de remonter le plus loin
possible.
Arriv� en r�gion parisienne en 1960 (� Montrouge, dans les
Hauts de Seine), j�habite depuis 1980 � Gentilly (Val de Marne), commune d�un
peu plus de 16 000 habitants en lisi�re Sud de Paris. Je suis mari� et
p�re de 3 gar�ons de 34 (Ga�l), 24 (Franck) et 17 ans (Louis). Je
suis retrait� depuis le 1er octobre de cette ann�e, apr�s
plusieurs m�tiers exerc�s en 36 ann�es. Mes hobbies sont la photographie,
la philat�lie et les �crits liant philat�lie et espace (Astrophilat�lie).
De formation Ing�nieur chimiste de l�ESCI Lyon (1969), j�ai
obtenu un DEA en A�rothermochimie au Laboratoire
d�A�rothermique du CNRS � Meudon en 1970. J'ai aussit�t �t� embauch� au
laboratoire de la SNPE � Vert-le-Petit dans l�Essonne, pour �tudier la
stabilit� des propergols solides. Mais, pr�f�rant �tre plus pr�s de Paris, je
suis rentr� dans une soci�t� de peintures tr�s connue � l��poque dans le monde
de l�automobile, NITROLAC, pour m�occuper d�anti-corrosion sur les conteneurs
maritimes, technologie de transport naissante (l�Europe -la France, l'Italie et
la Belgique- �tant les principaux pays constructeurs � cette �poque) et
v�hicules industriels. J�y suis rest� 14 ans, parcourant le quart du monde
(Europe, Am�rique du Nord, Japon, Asie du Sud-Est�) pour les besoins de
d�veloppements des nouveaux march�s que constituaient ces contr�es. Mais le gros
du business, en Europe, s�est arr�t� du fait de la stagnation des transferts et
des �changes sur l�Atlantique. Le boom du Pacifique n�a pas compens� nos
op�rations. Ce fut le d�p�t de bilan de la soci�t� et il fallut songer �
changer de job. Avec le marasme existant dans la chimie du fait des chocs
p�troliers, ce n'�tait pas gagn�. Des cours et une formation au CNAM me
permirent de me reconvertir dans le domaine informatique. En octobre 1984, je
suis rentr� chez IBM pour faire partie de la filiale qui commercialisait les
tous nouveaux et v�ritables PC (annonc�s en 1983 en France) via un r�seau de
distributeurs � cr�er et faire cro�tre. Je m�occupais de la Normandie puis
d�une partie de Paris. C'�tait l'explosion, on n�arrivait pas � livrer les
demandes. En 1990, j'ai quitt� la division des PC pour �tre int�gr� dans la
division Secteur Public et travailler avec les minist�res et entit�s de la
D�fense et de la Recherche. En 1996, j'ai rejoint la Direction des syst�mes
d�impression qui commercialise des grosses imprimantes de production et des
plus petites pour les r�seaux. Pour utiliser mes comp�tences, mon activit�
concerna le secteur public. J�y suis rest� 6 ans. J�y ai concr�tis� la
commande la plus importante mondialement du secteur imprimantes d�IBM Corporation.
En 2002, refusant une fonction par trop administrative, je suis parti en
pr�-retraite avec un plan permettant � la compagnie de se s�parer de
collaborateurs de plus de 56 ans. Apr�s avoir �t� une "skill critic" selon le
jargon de la compagnie, je devenais une variable d�ajustement du march� du
travail !
Apr�s ces ann�es bien remplies, je pouvais alors faire
"presque" ce qu�il me plaisait et ai pu m�int�resser aux relations
internationales si mouvement�es en cette d�cennie. J�ai ainsi obtenu un DESS de
Ma�trise des armements et d�sarmement. Mon m�moire portait sur les composantes
militaires de l�activit� spatiale du Tiers-Espace non europ�en (Japon, Chine,
Inde, Isra�l, Br�sil) et de sa gen�se (espace civil ou missiles
balistiques ? telle est la question). J�ai effectu� mon stage � la
Fondation de la Recherche Strat�gique.
Ouf ! J�ai exerc� au moins 9 m�tiers ou activit�s
diff�rentes en 36 ann�es. Me voici pr�t maintenant � bien occuper ma
retraite avec ma famille et mes loisirs. J�esp�re des petits-enfants mais il
n�y a pas encore de commandes�
Un livre offert en 1962,"Mon ami le satellite"
chez Hachette, a d�clench� ma passion. Plus tard, j�ai fait partie du Cosmos
Club de France d'Albert Ducrocq en 1965. Il fut
envisag� que je m�occupe de la section de cosmochimie
mais le pr�sident n�a pas donn� suite. Je suis membre de l'AAAF depuis 1967
(c��tait alors la Soci�t� Fran�aise d�Astronautique devenue Association
A�ronautique et Astronautique de France) et fais partie, depuis, de sa
commission histoire. Je dois �tre un des plus anciens adh�rents.
Durant mes �tudes d�ing�nieur, j�ai �crit dans la revue de
mon �cole ESCIL et ai fait des expos�s en anglais, pendant les cours, sur la
conqu�te de la Lune (programmes Mercury/Gemini, Surveyor, Lunar Orbiter et Luna),
ainsi que des conf�rences en fran�ais pour d�autres �tudiants lyonnais au
CROUS. On me surnommait "le cosmonaute". Depuis, je fais partie de la
Planetary Society am�ricaine, de la British Interplanetary Society, de l�Association Fran�aise
d'Astronomie, de la Soci�t� Astronomique de France, de l�Association Plan�te
Mars, de la National Space Society-France, de
l�Institut Fran�ais d'Histoire de l'Espace et de l�Union pour la Propulsion Photonique.
Je participe aux conf�rences, colloques et expositions. Mon activit�
professionnelle ne m�a pas permis de donner des conf�rences ; je le
regrette.
Je suis philat�liste depuis 1960 et
collectionne, en particulier, les timbres et documents sur le th�me
"cosmos" depuis 1965. Je fais partie de plusieurs associations
philat�liques dont, pour ce qui nous int�resse ici, l�Association Astrophilat�lique de France (2AF) et l�Association
Fran�aise de Philat�lie Th�matique, pour lesquelles j��cris dans les bulletins.
Actuellement, c�est une s�rie d�articles intitul�e "Bilan de
46 ann�es � l'assaut de la plan�te rouge" qui m�occupe, apr�s
d�autres sur Concorde et l��clipse de 1973, l�Europe spatiale "sic itur ad astra", les com�tes
les hommes et les satellites� Pour les b�otiens, l�astrophilat�lie
consiste � collectionner des documents philat�liques et timbres comm�morant les
�v�nements spatiaux de tous ordres. J�ai expos� plusieurs collections
consacr�es � ces diff�rents sujets ainsi qu�aux essais de fus�es postales et ai
obtenu quelques m�dailles ou coupes en r�compenses. De plus, je r�alise le
bulletin Cosmophil et le site web de la 2AF.
Enfin, je "collectionne" les livres
sur l�espace : plus de 300 ! C�est sans compter avec les revues, les
films, les CD et les DVD. Je poss�de ainsi la collection compl�te d�Air et
Cosmos depuis le n�35 (on en est au 2 058 !) et des revues qui
ont disparu : 1,2,3 Espace, Espace et
Civilisation, Spoutnik, Orbite� Que d�enthousiasme � l��poque
dans la presse. Pourvu qu�Espace
Magazine perdure !
Ceci provoque, avec mes albums et classeurs
philat�liques, un manque de place certain au grand dam de mon �pouse !
Quatre �v�nements ind�l�biles ont marqu� ma vie
"spatiale" :
- le cri "L�homme atteint la Lune !" d�Albert Ducrocq sur Europe 1, le 20 juillet 1969 lors de l�arriv�e de l'Aigle d'Apollo 11 sur la Lune, regard�e � la t�l�vision avec ma grand-m�re, que j�ai faite danser de joie � 71 ans pour avoir connu cet �v�nement qui �tait impensable dans sa jeunesse.
Albert Ducrocq invit� par Jean-Pierre Chapel
lors d'une �mission t�l�vis�e consacr�e � l'homme sur la Lune en compagnie de
Nicolas Strotzky (France Soir), Ren� Barjavel,
(Europe 1), le professeur Pierre Auger (pr�sident du CNES), Lucien Barnier
(RTL).
Photo INA
- ma premi�re visite du Kennedy Space Center en 1996 avant un vol de la navette. Qu�est ce que j�ai pu attendre avant d�y parvenir. ! Mon grand regret est de ne pas avoir vu un d�collage de Saturne 5 en "live"�
- la rencontre avec Jim Lovell, le commandant d�Apollo
13, et Gene Granz, le c�l�bre Mission Control, en
avril 1998 � Boca Raton en Floride, lors de la
convention IBM qui me r�compensait de la commande "de l�ann�e"
mentionn�e plus haut. Je n�y pensais pas du tout. Ce fut une grande surprise
quand j�ai entendu "Houston, we have a problem" dans la sono et le
meilleur cadeau de la compagnie � mon �gard. Je pense avoir �t� le seul de
cette assembl�e de tous les pays � avoir compris � cet instant qui �tait
l�invit�. Et le seul � avoir essuy� quelques larmes en souvenir de cette �poque
v�cue en direct. De plus, c��tait mon anniversaire !
Avec Jim Lovell en avril 1998
- l��clipse totale du 4 d�cembre 2002 observ�e en Afrique du Sud avec mon fils a�n� (pr�s de la fronti�re avec le Zimbabwe, au Nord du parc Kruger, dans la brousse au large de Messina : au point S22�17'94,4" - E30�10'59,3"). Une minute vingt secondes de totalit�, juste avant les nuages. Ce fut fabuleux ! Quels spectacle et sensations impossibles � d�crire, il faut le vivre ! Faites-le, une fois dans votre vie !
Ce fut aussi l�occasion de mon premier safari photos des
"big five" et autres animaux sauvages en
libert�, que j�attendais depuis mon premier appareil photo achet� en 1963 avec
ma premi�re paie d��tudiant stagiaire (� l��poque les stages �taient pay�s).
Bilan de l�op�ration �clipse : 500 diapos pour le voyage !
Installation
du camp de base pour observer l'�clipse du 4 d�cembre 2002 au nord-est de
l�Afrique du Sud
L'�clipse
du 4 d�cembre 2002 photographi�e par Alexander Murray
et
retenue par le site Astronomy Picture of the Day le
6 d�cembre suivant
http://antwrp.gsfc.nasa.gov/apod/
Je crois que je vais finalement choisir la Galaxie de
l�Aigle et ses nurseries d��toiles ainsi que le planisph�re c�leste de COBE
pour ce qu�ils symbolisent. Cela permettra de faire un clin d�oeil aux conf�rences d�Hubert Reeves � la Sorbonne que je
n�ai pas manqu�es.
On pourrait y ajouter la photo de la Lune et de la Terre
prise par Mars Express lors de son voyage vers la plan�te rouge le
3 juillet 2003 : deux taches de lumi�re des sites foul�s par l�homme
dans le noir c�leste. En fait, un des buts de l�astronautique n�est-il pas la
d�couverte de nouveaux mondes et la compr�hension du notre, de ses origines et
de son �volution ?
La n�buleuse de l'Aigle r�v�l�e par le
t�lescope spatial Hubble et le planisph�re c�leste de COBE
La Terre et la Lune photographi�es par
la sonde Mars Express le 3 juillet 2003
Toujours aussi difficile de choisir, je les ai tous connus.
Voici ce qui me vient � l�esprit : il y a les classiques Spoutnik, Vostok et Gagarine, Apollo� On pourrait y ajouter pour les
satellites et sondes : Telstar (pr�curseur du
d�veloppement des t�l�communications), Nimbus (pour la m�t�orologie), Landsat (pour l�observation de la Terre), Lunik III (premi�re photo de la face cach�e de la Lune), Lunakhod (avec coop�ration fran�aise pour les r�flecteurs
laser), Luna 16 et 17 (et son retour automatique d��chantillons lunaires),
Mariner 4 (et le premier survol de la plan�te rouge), Surveyor
(et la d�couverte d�une bact�rie terrestre import�e sur la Lune par sa structure),
Pionner 10 et 11, Voyager (vers les mondes lointains et hors du Syst�me
solaire), Hubble et ses coll�gues t�lescopes en lumi�re invisible � l�oeil nu,
Mars Express et Huygens marquant des premi�res europ�ennes et mondiale pour ce
qui est du contact avec la surface de Titan� Quelle moisson ! Pour les
v�hicules de l�astronautique : les Saturn et Energia que l�on ne sait et ne peut plus refaire, la Vostok qui approche les 1 700 exemplaires !
Je crois que, finalement, je vais arr�ter mon choix sur le
LM et la voiture lunaire, le Lunar Roving Vehicle, qui ont permis le d�placement de l�homme explorateur sur un
monde nouveau et hostile. Ainsi, l�homme �tait bien sorti de son berceau, ce
fut son plus lointain voyage � ce jour. Esp�rons qu�il ira plus loin sous peu�
Je n�oublie pas non plus les appareils photos Hasselblad
et les montres Omega Speedmaster qui ont �t�, en
quelque sorte, les premiers PDA de l�astronaute lunaire. J�ai toujours r�v� de
m�en offrir un exemplaire !
Module, rover, appareil photo Hasselblad et montre Omega lunaires
Je r�ve d�aller sur Mars. C�est bien sur un r�ve fou car impossible pour
moi. Plus prosa�quement, mon r�ve c�est de pouvoir vivre l�atterrissage des
hommes sur Mars et peut-�tre un rendez vous d�astronautes avec Sojourner ou un des deux MER, Spirit ou Opportunity
(analogie avec Apollo 12 et Surveyor sur la Lune). Et
aussi, accompagner la d�couverte des premi�res traces de vie sur Mars.
Un r�ve moins fou : visiter Kourou et
Ba�konour ! Et retourner en Floride pour la mise en �uvre de la
"vision" de Bush junior. Il aurait int�r�t � la mettre sur les rails
pour se r�cup�rer du reste. Mais tout repose sur Mike Griffin et le Congr�s.
Ses successeurs comprendront-ils la destin�e de l�homme ? A voir. Ainsi,
je pourrai avoir v�cu une vie "spatiale" pleine de grands moments
inoubliables, privil�ge de ma date de naissance. Puissent mes fils et leurs
coll�gues conna�tre des �pisodes encore plus fabuleux !
Mir constitue pour moi une fin tragique pour une grande
construction humaine d�but�e le 12 avril 1961. Pour les historiens de
l�espace, il est dommage que rien n'ait �t� rapport� ni
conserv�, � part des maquettes, et surtout que la station n'ait pas �t�
maintenue sur une orbite plus haute pour la post�rit�. Quel meccano ce
fut !
C�est aussi des
visites pour moi, en "Terrien" au Salon du Bourget et � la Cit� de
l�Espace et en "cosmonautes" pour 104 hommes de diff�rents pays
qui se sont rencontr�s pour aller en "paix". N�oublions pas �galement
Skylab qui fut le prototype, sans suite, du c�t� am�ricain.
Depuis cet �v�nement, d�j� bient�t 50 ans d�une vie
pass�e � suivre les p�rip�ties de ce que l�on appelle la conqu�te spatiale, ou
la plut�t la qu�te de la troisi�me dimension humaine.
Spoutnik, c�est la premi�re marche au-dessus du plancher des
150 km. Quelle belle lign�e a eu ce "compagnon" des
Terriens !
Ne d�sesp�rons pas : il y en aura d�autres, quels que
soient les souhaits des nouveaux cassandres frileux. Le scientifique prolifique
Arago ne croyait-il pas au train� et le TGV est apparu au XXe si�cle !
Quid au XXIe si�cle et suivants ? Nous vivons la meilleure
�poque de la conqu�te spatiale et de la troisi�me dimension. Les autres
politiques comprendront. On to Mars !
Merci, Yves Monier !
Prochains
invit�s (lundi 12 f�vrier 2007) : Christian et Lucette Jeauc