L'invité de la semaine
dernière : Serge Gracieux
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°28
(lundi 7 juin 2004)
www.esa.int/export/esaHS/index.html
Frank De Winne en bref
Pilote de chasse et d'essais
et deuxième Belge de l'espace
Compte plus de
2 300 heures de vol sur une grande variété d’avions militaires
(Mirage, F16, Jaguar, Tornado…)
A effectué son premier vol
spatial à bord de la station spatiale internationale en novembre 2002, lors de
la mission Odissea (Soyouz
TMA-1/Soyouz TM-34)
Né à Gand le 25 avril 1961 (13 jours après le vol de Youri
Gagarine)
Marié et père de trois enfants
Amateur de football, d'informatique et de gastronomie.
Actuellement, l'astronaute travaille sur le Livre Blanc de la politique
spatiale avec l'Union européenne ainsi que sur le programme d'exploration futur
de l'ESA Aurora. Il navigue donc constamment entre Bruxelles, le siège de
l'Agence et le centre technique de Noordwijk, aux Pays-Bas (ESTEC).
Frank De
Winne lors d'une séance d'entraînement en piscine au Centre européen des
astronautes
de Cologne
en Allemagne, en mars 2004
Photo Pif
Diplômé de l’Ecole Royale
des Cadets de Lierre en 1979, Frank De Winne obtient en 1984 le diplôme
d’ingénieur civil de l’Ecole Royale Militaire de Bruxelles, avec une maîtrise
en télécommunications. Pour son excellente thèse de fin d’études, il obtient le
Prix de l’Association des Ingénieurs Civils belges.
Après avoir achevé son
entraînement à la Force Aérienne belge, il devient en 1986 pilote opérationnel
sur Mirage V. Détaché en 1989 auprès de la société SAGEM à Paris, il
travaille au programme d’amélioration de la sécurité en étant responsable des
spécifications opérationnelles et techniques de la modernisation du Mirage. En
1991, il termine sa formation au Collège de Défense avec la plus haute
distinction et se forme l'année suivante comme pilote de chasse à l’Empire Test
Pilots School de Boscombe Down, au Royaume-Uni. Il y remporte le Trophée
McKenna.
Candidat astronaute en
septembre 1990, Frank De Winne fait partie des 6 présélectionnés belges
retenus en avril 1991 par le Service de Programmation de la Politique
Scientifique belge. Mais c'est Marianne Menchez qui est finalement choisie par
l'Agence spatiale européenne et qui intègre le deuxième groupe d'astronautes
européens en 1992. Lorsqu'elle quitte ses fonctions en 1994, sa place reste
vacante.
En décembre 1992, Frank De
Winne est nommé au département de Test et d’Evaluation de la Force Aérienne
belge. Comme pilote d’essais, il s'implique notamment dans le programme
d’électronique Carapace sur le chasseur F16 à la base aérienne américaine
d’Eglin et le programme d'autodéfense du transporteur C130. Pendant cette
période, il effectue des vols à Gosselies comme pilote de réception de divers
modèles d’avions.
De janvier 1994 à avril
1995, Frank De Winne est responsable du programme de sécurité du premier
Fighter Wing de Beauvechain en Belgique. D’avril 1995 à juillet 1996, il est
détaché comme pilote d’essais à l’EPAF (European Participating Air Forces) sur
la base aérienne américaine d’Edwards (Californie). L'objectif est d'améliorer
la longévité du F16 et d'effectuer des tests radar. Son habileté exceptionnelle
au cours d’un vol lui vaut d'être en 1997 le premier pilote non-américain à
recevoir le Joe Bill Dryden Semper Viper Award. De 1996 à 1998, il est pilote
d’essais senior à la Force Aérienne belge et est responsable de tous les
programmes de tests et de toutes les inferfaces pilote-véhicule pour la mise à
jour des logiciels d’avion. En 1998-1999, il est le commandant d’escadre au 349ème escadron
de la base aérienne de Kleine Brogel en Belgique et le commandant du
détachement belgo-néerlandais au cours des opérations des Forces Alliées au
Kosovo.
Désigné en octobre 1998 pour
faire partie du corps unique d'astronautes européens (décidé en mars 1998),
Frank De Winne est détaché de l'Armée en janvier 2000. Il rejoint d'abord le
centre des astronautes européens (EAC) à Cologne, en Allemagne. Une semaine
plus tard, il est affecté à la direction des Vols Habités et Microgravité de
l'ESA à l'ESTEC, près de Noordwijk, aux Pays Bas. Il fait d'abord office
d'expert technique pour le projet X38/CRV de navette de sauvetage de la station
spatiale internationale. Puis, à partir de décembre 2000, il travaille en
compagnie de l'astronaute espagnol Pedro Duque au design du laboratoire
européen Columbus ainsi qu'à la coupole Cupola de la station.
C'est à partir du mois de
juin 2001 que la mission Odissea
commence à se monter (la décision définitive avec les Russes intervenant en
novembre suivant). Frank De Winne s'installe à la Cité des étoiles durant le
mois d'août et débute son entraînement sur Soyouz TM en tant que doublure
de l'Italien Roberto Vittori, affecté vol taxi Marco Polo d'avril 2002.
L'entraînement sur Soyouz TMA commence en janvier 2002 en compagnie du
commandant de la mission Odissea,
Sergueï Zaliotine, et l'équipage doublure (Youri Lontchakov et Alexandre
Lazoutkine). En juillet, le chanteur américain Lance Bass intègre l'équipage et
participe à la préparation. Mais, suite à des désaccords financiers avec les
Russes, il est écarté septembre et remplacé par Youri Lontchakov.
Avec deux jours de
retard sur le planning initial (suite à l'explosion d'une fusée Soyouz
emportant la capsule Photon M-1 le 15 octobre précédent), le grand
départ a lieu le 30 octobre 2002.
La mission Odissea
Du 30 octobre au
10 novembre 2002, Frank De Winne participe en compagnie des Russes Sergueï
Zaliotine et Youri Lontchakov à la mission Odissea,
vol "taxi" à destination de station spatiale internationale (occupée
par l'Expedition 5 : Valéry Korzoun, Sergueï Treschev et Peggy Whitson).
Le Belge est ingénieur de vol sur cette mission, qui utilise pour le voyage
aller le tout nouveau Soyouz TMA et permet le retour du Soyouz TM-34.
Au cours de ses
neuf jours passés dans la station spatiale, Frank De Winne mène un
programme de 23 expériences dans les domaines des sciences de la vie, des
sciences de la physique, de l'éducation. Certaines expériences utilisent une
nouvelle installation de recherche, conçue en Europe : le Microgravity Science
Glovebox (MSG, la "boîte à gants").
Le vol est financé par les
Services fédéraux des affaires Scientifiques, Techniques et Culturelles (SSTC)
de Belgique.
Voir www.esa.int/export/esaMI/FRENCH/index.html
A lire
Frank De Winne, du F16 au Soyouz, par
Christian De Brulle (Collection La Noria - Editions du Labor, 2003,
170 pages illustrées)
Le journaliste scientifique
belge a suivi, pour le quotidien Le Soir, le parcours de l'officier de
la Force Aérienne belge depuis son affectation au Corps des astronautes
européens jusqu'à la fin de la mission Odissea.
Je lisais déjà des tas de livres
sur l'espace et l'Univers lorsque j'étais au collège. Mais lorsque je vis pour
la première fois s'envoler la navette spatiale américaine Columbia le
12 avril 1981, je sus que je voulais aussi séjourner dans l'espace.
Kennedy
Space Center, le 12 avril 1981.
20 ans
jour pour jour après la révolution de Gagarine, une nouvelle ère commence
Photo NASA
Quel souvenir fort de la mission Odissea retenez-vous ?
Lorsque j'ai regardé pour la
première fois à l'extérieur du hublot, j'ai pu contempler notre magnifique
planète Terre et sa très fine atmosphère. Cela m'a rendu encore plus conscient
de l'impérieuse nécessité de protéger notre fragile environnement.
Parce qu'elle
illustre ce que je viens de dire, je choisis la première photographie que j'ai
moi-même réalisée de la Terre depuis la station.
En
exclusivité pour le Cosmopif !
Photo Frank
De Winne
Je n'ai pas d'objet spatial
préféré spécifiquement.
Que représente pour vous le personnage de Youri Gagarine ?
Gagarine est un
véritable héros spatial, qui peut servir d'exemple pour n'importe quel futur
explorateur.
J'aimerais marcher sur d'autres
planètes.
Pif et
Frank De Winne lors du Salon du Bourget 2003
Photo Olivier Sanguy
Merci, Frank
De Winne !
Interview réalisée
par mail en février 2004. Traduit de l'anglais par Pif.
La semaine
prochaine (lundi 14 juin 2004) : Hélène Givaudin-Chézière
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