LES INVITES DU COSMOPIF |
L'invit� n�132 (lundi 20 novembre 2006)
Qui
�tes-vous, Michel Vieillefosse ?
Je
suis n� le 3 mars 1948 � Paris. Mari�, p�re de 3 enfants, je suis
aujourd'hui directeur
du secr�tariat europ�en d'EUREKA, l�initiative intergouvernementale en charge du transfert de
l�innovation en produits industriels et services. Je suis bas� � Bruxelles.
J'ai notamment particip�
� deux missions spatiales habit�es en tant que chef de projet. Je n'ai pas
la pr�tention de m�attribuer une partie du succ�s de ces missions, r�alis�es
dans des temps tr�s courts, car les �quipes ont �t� formidables. Mais, si ces
missions avaient conduit � un �chec, j'en aurais �t� un des responsables.
Etudiant
ing�nieur � Polytechnique et Sup'A�ro, pilote d�avion, je suis entr� au Centre
national d��tudes spatiales en 1973. J'ai travaill� sur l�utilisation de METEOSAT-1,
sur la d�finition du satellite de t�l�d�tection SPOT-1 puis sur les vols
habit�s : avec les Sovi�tiques entre 1979 et 1982 (premier vol d�un
Fran�ais, Jean-Loup Chr�tien), les Am�ricains entre 1982 et 1985 (avec Patrick
Baudry) et enfin la navette europ�enne Hermes � partir de 1985.
Candidat
astronaute pour le programme europ�en Spacelab en 1977, j�ai �t� responsable
des deux s�lections de cosmonautes fran�ais (en 1979 et 1985). Sur
9 s�lectionn�s, 7 ont vol� chez les Russes et/ou les Am�ricains. Dans
l'ordre : Jean-Loup Chr�tien, Patrick Baudry, Michel Tognini, Jean-Pierre
Haigner�, Jean-Fran�ois Clervoy, Jean-Jacques Favier et Claudie Haigner�.
En
1988, j�ai quitt� le CNES pour m�occuper de transfert de technologie chez
Bertin. Depuis 2003, je dirige le secr�tariat europ�en d'EUREKA.
Ma
passion, c�est l�innovation. C�est n� d�s l��ge de 10 ans en d�couvrant
l�astronomie et l�espace avec le vol du premier Spoutnik puis celui de
Gagarine.
J�ai
essay� de la partager avec le plus grand nombre en publiant, avec Monique
Vieillefosse, Un ticket pour l�espace (Belfond, 1985). J�essaie de la
partager aujourd�hui avec mes �tudiants ; j�enseigne toujours � Sup�A�ro
les vols habit�s depuis 18 ans.
Le
retour sur Terre reste encore aujourd�hui le moment le plus fort d�une mission
spatiale. Lorsqu'un vaisseau rentre dans les couches denses de l�atmosph�re, il
se forme des ph�nom�nes d�ionisation, qui emp�chent toute communication radio.
Lors du retour de Jean-Loup Chr�tien en juillet 1982, les communications furent
coup�es pendant plusieurs minutes, cr�ant un suspense important au centre de
contr�le de Kaliningrad, avant de savoir si tout se passait bien dans ce
freinage atmosph�rique qui fait monter les parois du vaisseau � 1 500�C�
Jean-Loup Chr�tien et ses co�quipiers sovi�tiques,
ruisselant de sueur
� l'issue de l'atterrissage de leur Soyouz T-6 le
2 juillet 1982
Je
pense au sommet de la navette spatiale sur son pas de tir au centre spatial
Kennedy en Floride. C�est seulement l� qu�on comprend ce que signifie s�asseoir
sur 2 000 tonnes d�hydrog�ne et d�oxyg�ne, la dimension n�cessaire
pour vaincre la pesanteur terrestre et s��loigner de la Terre.
La navette Discovery (la m�me qui servit � la mission 51G en
1985)
sur son pas de tir 39B en juin 2005
Mais
Bruce McCandless sur son fauteuil volant, le premier satellite humain, est
l'une des images les plus esth�tiques de la conqu�te spatiale.
Je choisis les logos des
deux premi�res missions habit�s fran�aises, dessin�s par deux grands
artistes, Granger et Folon. Ils ont su marier le contenu de ces
deux missions avec la part de r�ve qui sommeille en chacun de nous.
L'homme
�toile de Granger (1982) et le logo de la mission Sciences de la
Vie de Folon (1985)
J'aimerais
rencontrer des extraterrestres qui, vu la diversit� de l�Univers, seront tr�s
diff�rents de nous, et essayer de trouver les passerelles pour communiquer avec
eux.
Rencontres du troisi�me type de Steven Spielberg (1977)
Gagarine
est le premier voyageur de l�espace, franchissant une nouvelle fronti�re, sans
ticket. Ce qui est le propre des pionniers.
Que repr�sente pour vous la station Mir ?
J�ai
surtout connu Saliout-7, le pr�d�cesseur de Mir. C��tait le d�but de la
conqu�te d�un nouveau continent : la banlieue terrestre avec des vols de
longue dur�e. Aujourd�hui, c�est devenu banal. Personne ne parle de Sergue�
Krikalev, qui vient de passer 803 jours dans l�espace en plusieurs vols,
ni des trois cosmonautes qui habitent en permanence la station
internationale actuellement�
Que repr�sente pour vous Spoutnik ?
Ce
fut pour moi une grande interrogation � l��ge de 10 ans : comment le
premier Spoutnik faisait-il pour tomber en permanence, sans rejoindre la Terre
imm�diatement ? En plus, il faisait "bip-bip" et personne ne
connaissait le code. Aujourd�hui, les satellites font toujours
"bip-bip" mais ils transmettent en plus les pr�visions de cyclones,
la temp�rature des oc�ans, les images t�l�, la voix et Internet par t�l�phone,
la position de notre voiture� Ce sont les messagers de notre village global, la
Terre. On a du mal � imaginer que ces services n�existaient pas au d�but des
ann�es 60.
Merci, Michel
Vieillefosse !
La semaine
prochaine (lundi 27 novembre 2006) : Didier Claeys