LES INVITES DU COSMOPIF

 

L'invit� n�120 (lundi 26 juin 2006)

 

Jacques Thiebaut

Membre du Club d'Astronomie de l'Universit� du Maine

www.astromaine.com

 

 

 

Qui �tes-vous, Jacques Thiebaut ?

Je suis n� � Ploemeur (Morbihan) en 1950 et ai "immigr�" au Mans en 1954. Depuis 1982, je vis dans la campagne sarthoise. Je suis p�re de 3 enfants et divorc� -comme 50 % de mes cong�n�res- apr�s 25 ans de vie en couple. Je travaille � la S�curit� Sociale au Mans et suis membre depuis 1979 du CAUM, le club d'astronomie de l'Universit� du Maine, o� j'ai essay� de trouver un d�rivatif � mes r�ves de jeunesse. Nous faisons de la vulgarisation aupr�s d'un public de plus en plus nombreux.

 

 

Quel a �t� votre parcours professionnel ?

Mes �tudes m'ont conduit au bac C. Apr�s une tentative de suivre les cours du soir des Arts et M�tiers dans l'espoir de d�crocher un dipl�me d'ing�nieur, je renon�ai, en raison des 10 ann�es d'�tudes n�cessaires et devant �tre effectu�es apr�s le travail. J'ai d'abord travaill� comme ouvrier chez Philips au Mans pendant 2 ans puis je suis entr� � la S�curit� Sociale pour avoir une stabilit� professionnelle. J'y ai suivi une formation informatique et statistiques pour me rapprocher de mes go�ts scientifiques.

 

 

Quelle est votre passion, comment est-elle n�e, comment la vivez-vous ?

Mes passions sont vari�es : astronomie, g�n�alogie, danse folk et, depuis un an, accord�on diatonique. Il y a eu d'abord l'astronautique, vers l'�ge de 10 ans. Sur les murs de ma chambre, des photos d'astronautes c�toyaient les photos des Beatles et de Fran�oise Hardy, mes idoles de l'�poque.

 

    

 

Je r�vais de construire des fus�es. H�las, il n'y avait pas de club sur Le Mans. Il y avait bien le GAREF dans la r�gion parisienne mais c'est trop loin pour moi� Il y avait les campagnes de lancement de fus�es r�alis�es dans l'ann�e par les clubs qui se d�roulaient au camp militaire de la Courtine. Je m'�tais abonn� � une revue qui s'appelait 3 2 1 Espace. Je me sentais isol�. Mes camarades de classe avaient d'autres centres d'int�r�t. J'avais un cousin ing�nieur qui habitait Toulouse et travaillait � l'Aerospatiale et je l'�coutais plein d'admiration quand il venait au Mans voir sa famille. Je me suis abonn� � toutes les revues que je pouvais trouver : Ciel et Espace, Espace et Civilisation d'Albert Ducrocq, Spoutnik Magazine et bien s�r, aujourd'hui, ESPACE Magazine, le magazine de la conqu�te spatiale.

A d�faut de pourvoir �tre astronaute, je me suis tourn� vers l'astronomie et me suis achet�, avec une de mes premi�res paies, mon vaisseau spatial sous l'apparence d'un t�lescope 114/900 dans lequel j'ai d�couvert les crat�res de la Lune, les calottes de Mars au cours de la grande opposition de 1971, Jupiter et ses satellites, Saturne et ses anneaux�

 

 

Quelle anecdote ou souvenir fort souhaiteriez-vous nous faire partager ?

Quand je me suis install� � la campagne, j'ai eu la chance de b�n�ficier d'un ciel suffisamment noir pour me lancer dans la photographie. D'abord les constellations et la Voie lact�e avec un petit �quatorial manuel construit de mes mains. J'ai pu ainsi photographier, en 1985, une �toile filante tr�s lumineuse dont la photographie a �t� publi�e dans Ciel et Espace.

En 1984, je me suis rendu au Maroc pour "faire" ma premi�re �clipse de Soleil, une �clipse annulaire qui s'est cach�e derni�re un nuage au dernier moment� Je n'ai eu qu'une envie : renouveler l'exp�rience. Il m'a fallu attendre 1999 pour la "totale" en France. L� aussi, je me suis senti frustr� par la m�t�o mais j'ai eu le temps de la voir quelques instants et de tenter quelques clich�s qui furent un peu d�cevants.

En 2001, la librairie scientifique Uranie a organis� un voyage �clair en Zambie pour une nouvelle tentative. Ce fut un total succ�s. Tous les ph�nom�nes ont pu �tre observ�s : ombres volantes, arriv�e de l'ombre�. Nous avons pu d�couvrir le ciel austral, les nuages de Magellan � 5 heures du matin� Le ciel �tait tellement pur que la lumi�re zodiacale �tait visible facilement � l'�il nu ! Le souvenir laiss� par ce s�jour m'a aussi donn� envie de recommencer. C'est ainsi je me suis inscrit pour l'exp�dition � Sid� en Turquie en mars dernier. Malgr� les craintes d'annulation de vol li�es aux mouvements sociaux en France, ce fut un grand moment !

 

 

L'�clipse du 29 mars 2006 photographi�e par Jacques Thiebaut depuis la Turquie

 

 


Quelle serait votre photo spatiale ou astronomique pr�f�r�e et pourquoi ?

Ma photo spatiale pr�f�r�e est celle de Buzz Aldrin au pied du LM sur la lune. Cet �v�nement �tait attendu depuis longtemps. Ce fut l'aboutissement de progr�s de 10 ans dont j'ai suivi passionn�ment chaque �tape. J'esp�rais une suite : une colonie scientifique sur la Lune et le d�part vers Mars. H�las, les al�as de la politique en d�cid�rent autrement mais les sondes envoy�es vers les autres plan�tes ont continu� � me faire r�ver.

 

 

 

De la m�me mani�re, quel objet spatial retiendriez-vous ?

Mon objet spatial pr�f�r� serait peut-�tre la sonde Pioneer 10 car c'est le premier engin � avoir quitt� le Syst�me solaire. Aujourd'hui, il continue un voyage silencieux dans les profondeurs interstellaires.

 

 

Lanc�e vers Jupiter le 2 mars 1972, la sonde am�ricaine Pioneer 10 fut la premi�re � d�passer l'orbite de Pluton en 1987.

Elle a �t� "doubl�e" en 1998 par Voyager 1, ainsi est devenue l'objet de fabrication humaine le plus �loign� de la Terre.

Plus �cout�e r�guli�rement depuis 1997, Pioneer 10 se trouve aujourd'hui � plus de 12 milliards de kilom�tres.

Elle continue sa course vers l'�toile d'Ald�baran, � la vitesse de 44 000 km/h.

 

 


Quel serait votre r�ve spatial le plus fou ?

Mes r�ves d'enfant, comme beaucoup, n'ont pas r�alis�s ! Le plus fou d'entre eux serait de faire partie d'un �quipage en route pour explorer une plan�te lointaine habit�e par des extraterrestres. Mais notre plan�te Terre offre �galement des paysages magnifiques plein de po�sie, d'une grande diversit� si on prend le temps de les observer, alors ?

 

 

 

 

Que repr�sente pour vous le personnage de Youri Gagarine ?

Le vol de Youri Gagarine a �t� le point de d�part d'une passion. On attendait les Am�ricains qui communiquaient abondamment et ce fut un Sovi�tique qui surprit tout le monde. Les fus�es sovi�tiques �taient plus puissantes que les fus�es am�ricaines "bricol�es" � la h�te pour combler leur retard, tandis que les Sovi�tiques avaient envisag� des vols spatiaux habit�s d�s 1957.

 

 

Que repr�sente pour vous la station Mir ?

La station Mir a �t� l'occasion de faire voler un grand nombre d'astronautes non sovi�tiques et de pr�parer des vols de longue dur�e que j'aurais aim� �tre le pr�lude � des vols vers Mars. Elle achevait aussi le programme sovi�tique qui renon�ait � son ind�pendance apr�s des h�sitations de derni�re minute avant de la pr�cipiter dans l'oc�an. Il est vrai que l'�re communiste s'achevait. Que sera demain ?

 

 

Merci, Jacques Thiebaut !

 

Interview r�alis�e par mail en mai 2006

 

 

La semaine prochaine (lundi 3 juillet 2006) : Bertrand Piccard

 

 

Les coordonn�es des invit�s ne sont communiqu�es en aucun cas