LES INVITES DU COSMOPIF |
L'invit�e n�135 (lundi 11 d�cembre 2006)
Marie-Ange
Sanguy aux 3e Rencontres Aurioliaises Spatiales en juillet 2006
Photo Pif
Qui
�tes-vous, Marie-Ange Sanguy ?
Je suis n�e le 18 mai 1967
dans le Limousin. Depuis toute petite, j'ai �t� berc�e par l'aviation (mon p�re
a fait l'ENAC et nous habitions � 500 m de l'a�rodrome de Limoges) et
l'espace (mes parents sont compl�tement "virus�s" depuis leur
jeunesse). Je suis maman de Maureen, bient�t 8 ans et tr�s intello (elle
adore �crire, peut �tre des g�nes paternels !) et d'Erwan, un diablotin
inusable adorant les avions, les fus�es et avoir la t�te � l'envers (enceinte
de 3 mois, j'ai fait Space Mountain � Disneyland Paris et, � 8 mois
"in ut�ro", il a assist� � son premier meeting a�rien sur la base
d'Istres. Cela a peut-�tre laiss� des traces...). Toute la famille habite
Auriol, pr�s de Marseille.
Depuis 5 ans, je suis me suis
lanc�e dans l'aventure de la revue ESPACE Magazine comme assistante du
r�dacteur en chef, mon �poux.
Mon r�ve �tait d'�tre pilote de
chasse. Mais il a �t� bris� en troisi�me, au moment de l'orientation par des
membres de l'Education nationale qui m'ont dit de renoncer car j'�tais
"une fille" et que "les filles ne devenaient pas pilotes de
chasse" ! Ca en dit long sur l'ouverture d'esprit de ces personnes
dans les ann�es 80� J'ai d�cid� de faire au plus court et, ne pouvant plus
r�aliser mon r�ve, j'ai obtenu un BTS d'assistante de direction trilingue
(anglais et russe). J'ai ensuite fait tous les postes que l'on peut trouver
dans une entreprise au niveau administratif : de la secr�taire jusqu'�
directrice g�n�rale d'un laboratoire d'audioproth�se, en passant par la
comptabilit�, les ressources humaines et les finances. Apr�s la naissance de
mon fils en 2001, la soci�t� qui m'employait a �t� rachet�e par des Italiens et
il n'y avait plus de place pour moi. En revanche, une nouvelle aventure venait
de d�marrer � la maison : celle d'ESPACE Magazine. D'abord � temps
perdu puis � temps plein, je me suis investie dans cette revue qui m'a offert
un tr�s grand privil�ge : celui d'allier travail et passion. Mon pass�
dans l'administratif se trouve ainsi tr�s utile ainsi que mon russe !
Je n'ai pas qu'une passion, mais
plusieurs ! Ma premi�re passion est ma famille au sens large (mes enfants,
mon mari, mes parents et mes fr�res et s�ur). La deuxi�me est l'air : que
ce soit l'aviation ou l'espace. Si aujourd'hui je n'ai pas encore eu le temps
de passer mon brevet de pilote, c'est quelque chose que je ferai dans l'avenir.
En revanche, je vis au quotidien ma passion spatiale gr�ce � notre magazine.
J'ai la chance d'�tre en contact avec tous nos lecteurs et de partager avec eux
cette passion, sans compter les rencontres avec les astronautes ou les
professionnels du spatial. Il ne se passe pas une journ�e sans que nous
parlions d'espace � la maison. Ce n'est pas une contrainte, c'est comme �a.
J'ai rencontr� celui qui allait devenir mon mari il y a plus de 23 ans et,
d�j�, nous parlions espace, Lune, navette, Mars.... A l'�poque, on pensait
pouvoir partir ensemble pour un petit vol...
Dans le
simulateur de l'ISS � la Cit� des �toiles, pr�s de Moscou
Photo
Olivier Sanguy
J'ai plusieurs souvenirs marquants.
D'abord, ma rencontre avec Jean-Loup Chr�tien en f�vrier 1983. Il �tait venu
jouer de l'orgue dans notre petit village du Var
(Saint-Maximin-la-Sainte-Baume). J'avais "arrach�" en vitesse une
photo de la Terre pour lui faire signer !
Ensuite, la cr�ation d'ESPACE
Magazine. Mon mari a rencontr� Patrick Ribemont le 12 septembre 2001,
le lendemain des attentats contre les tours jumelles de New York et le
Pentagone. Quand il m'a parl� du projet de magazine, j'ai cru qu'il
plaisantait !
Et plus r�cemment, un de mes plus
exceptionnels souvenirs restera la sensation de micropesanteur. J'ai r�alis�
deux reportages dans l'A300 z�ro G, dont un en tant que cobaye. Cette
sensation est encore plus merveilleuse que ce que j'aurais pu imaginer.
Privil�gi�e car totalement insensible au mal de l'impesanteur, j'ai profit� de
chaque parabole et le vol m'a sembl� beaucoup trop court. Lors de mon premier
vol, c'est l'astronaute Philippe Perrin qui m'a conseill�e. Lors du second, il
y avait le tr�s grand (il mesure au moins 30 cm de plus que moi !)
Andr� Kuipers. Pour moi, c'est un avant-go�t de ce qui pourrait m'arriver dans
l'espace.
Je choisis sans h�siter la navette spatiale am�ricaine : depuis 25 ans, elle incarne pour moi le r�ve et l�espoir.
Je retiens encore et toujours la navette spatiale. Le 12 avril 1981, j'�tais avec mon p�re en train de d�broussailler le terrain de la future maison familiale. J'�tais partie avec un poste de radio que j'avais install� sur une pierre au milieu des ronces pour suivre le d�collage. Quand Columbia a d�coll�, j'ai hurl� ! Depuis, je ne peux pas voir la navette d�coller ou atterrir sans avoir un pincement au c�ur. Lors du d�part de STS-114 en juillet 2005, j'ai pleur� tout le long de l'ascension et on a suivi le retour � la maison en direct � la fois sur les ordinateurs et sur la t�l�. J'ai un faible pour la navette parce que j'ai vraiment cru dans les ann�es 80 que c'est elle qui nous ouvrirait les portes de l'espace. Aujourd'hui, on veut la mettre � la retraite en vitesse apr�s deux accidents. Les astronautes que j'ai eu la chance de rencontrer disent tous la m�me chose : le risque fait partie de leur m�tier, de la m�me fa�on que prendre sa voiture tous les matins est dangereux. Mais aujourd'hui, on voudrait tout r�ussir du premier coup sans argent et sans faire d'effort. Il faudrait pouvoir en parler � tous les aviateurs du d�but du vingti�me si�cle qui sont morts pour que nous puissions nous installer tranquillement dans un avion et traverser l'Atlantique. Ce sont tous des h�ros, aviateurs ou astronautes, et je ne suis pas s�re que ceux qui ont donn� leur vie pour la conqu�te des airs aimeraient nous voir tout laisser tomber.
D�collage
de la navette Columbia le 12 avril 1981 et de Discovery le 26 juillet
2005
J'aimerais �tre la premi�re femme
journaliste fran�aise � partir dans l'espace ! J'en r�ve depuis la s�rie
"Cosmos 1999" qui a berc� ma jeunesse et j'en r�verai jusqu'au
dernier de mes jours. J'ai toujours eu l'impression que ma vie devait se passer
en partie en l'air. D'ailleurs, si des sponsors sont int�ress�s par le projet !
Cosmos 1999, s�rie
britannique de 48 �pisodes r�alis�s entre 1974 et 1976
Pour moi, Youri Gagarine restera
le premier, celui qui a ouvert la voie vers de nouveaux horizons, qui a eu le
courage de partir sur un �norme p�tard vers l�inconnu. On lui doit beaucoup. La
preuve, c�est qu�aujourd�hui encore, les cosmonautes qui partent de Russie
marchent sur ses traces et ont transform� son trajet en v�ritable parcours
porte bonheur.
Que
repr�sente pour vous la station Mir ?
Mir, c'�tait l�espoir de
"coloniser" l�espace. Imagin�e et construite � une �poque o� les
tensions Est-Ouest �taient encore grandes, elle repr�sente pour moi l�image
d�un projet sovi�tique devenu commun avec la venue d�Am�ricains et d�Europ�ens.
Elle �tait le brouillon de l�ISS mais un brouillon tr�s perfectionn�, m�me si
les Russes n�aimeraient pas que l�on dise �a de leur station ! J�aime �
imaginer qu�on aurait pu avoir en m�me temps au dessus de nos t�tes, Mir et
l�ISS. Certainement avec des modifications technologiques pour les adapter et
pourquoi pas les r�unir....
Que
repr�sente pour vous le premier Spounik ?
Bip-bip ! Une petite boule de
m�tal avec ses antennes qui a ouvert la route vers l�espace. Tout comme
Christophe Colomb a ouvert un chemin vers les Am�riques et donn� envie �
d�autres hommes de d�couvrir les nouveaux mondes, je pense que Spoutnik a d�un
seul coup fait exploser nos fronti�res terrestres et nous a stimul�s pour
quitter la Terre. Avec son signal, il nous a dit : "Il y a des choses
� voir et � d�couvrir l�-haut, il faut y aller". Il a r�volutionn� la
pens�e que nous pouvions avoir sur notre plan�te. Nous n�avions pas encore fini
de tout explorer sur Terre mais ce que nous n�avions pas encore vu autour de
nous venait d�un seul coup de s�agrandir consid�rablement. Depuis cette date du
4 octobre 1957, nous n�avons plus de fronti�res. Nos limites sont celles
que nous nous fixons. C�est pour �a qu�il faut continuer de travailler sur
d�autres moyens de propulsion pour partir explorer l�Univers. Et nos
scientifiques auront fort � faire avec tout ce qu�il y a � d�couvrir. Qui peut
dire o� se trouvent les fronti�res de notre Univers ?
Merci,
Marie-Ange Sanguy !
La semaine
prochaine (lundi 18 d�cembre 2006) : Thomas August