L'invité de la semaine
dernière : Story Musgrave
LES
INVITEES DU COSMOPIF
N°251
(lundi 5 octobre 2009)
Médiatrice
scientifique
Qui
êtes-vous, Laure Salès Deschamps ?
Je
m’appelle Laure, Salès comme mon mari et Deschamps comme mon papa. Je suis née
en 1961. Après une enfance parisienne, j’habite maintenant à Mérenvielle, à
30 km de Toulouse. Un village idéalement placé pour profiter de la vue sur
les Pyrénées l’hiver et des couchers de soleil sur les coteaux du Gers l’été...
C’est la région de mon mari et c’est beaucoup plus agréable pour élever mes
trois enfants, qui maintenant sont devenus grands !
Je suis
médiatrice scientifique au sein de différentes structures, ce qui
m'a permis, entre autres, de
concevoir et réaliser des expos... et d'écrire.
Quel a été
votre parcours professionnel ?
Passionnée
par les paysages, j’ai fait des études de géologie... Puis j’ai pris de
nombreux chemins de traverse, un peu d’enseignement, un peu de recherche, pas
mal d’animation et finalement l’écriture et la médiation scientifique qui me
permettent de faire partager ma curiosité à des publics très différents.
Quelle est
votre passion, comment la vivez-vous ?
Mon amour
pour ma planète est sûrement né de mon émerveillement d’enfant urbain devant
les paysages de montagne, à l’occasion des vacances ! J’ai donc fait des
études de sciences de la Terre pour comprendre comment s’étaient formés ces
paysages. Au cours de ces études, j’ai commencé aussi à m’intéresser aux
paysages extra-terrestres, sans imaginer faire un jour un lien avec mon
activité professionnelle... Puis, quand j’ai commencé à travailler avec le
public, j’ai expérimenté la fascination que tous les sujets spatiaux déclenchaient
et l’espace m’est apparu comme un merveilleux déclencheur de rêve mais aussi de
curiosité et de réflexion...
Lors d’un
séjour "espace et astronomie", je remarquai un élève très effacé en
début de semaine mais qui, au fur et à mesure du séjour, s’est investi à fond
dans les activités et s’est révélé très érudit sur le sujet. J’ai appris que ce
jeune était en difficulté scolaire et avait beaucoup de mal à fixer son
attention en classe. Son comportement lors du séjour a tellement étonné son
enseignante qu’elle est repartie avec un tout autre regard sur lui. J’espère
avoir encore l’occasion de faire changer beaucoup de regards !
Je retiens
la Terre vue de la Lune par Apollo17. Cette image était sur la couverture de
mon livre de géographie de sixième. A l’époque, c’était une photo récente. Ca
m’interpelle de me dire que je suis née dans un monde où l’on n’avait jamais pu
"voir" la Terre de l’extérieur ! Aucun objet n’avait permis de
prendre le recul nécessaire pour voir la Terre dans sa globalité. Pour moi,
c’est un des changements majeurs apportés par la conquête spatiale que de
permettre au sens propre ce changement de "point de vue". Mieux
connaître la singularité de notre planète pour mieux la chérir et mieux
protéger cet asile unique pour les enfants de nos enfants...
Je suis
fascinée par le module lunaire Eagle. Cet objet a permis à des hommes
d’aller "visiter" physiquement un autre monde. Quarante ans plus
tard, je suis toujours aussi émue par les images des explorations
lunaires : ce monde rocheux, sans atmosphère pour diffuser et adoucir la
lumière du Soleil...
Spoutnik-1,
c'est la grande étape de la conquête spatiale. Je crois qu’il ne faut surtout
pas oublier tout ce qui a pu se passer avant, tant dans le domaine de la
science-fiction que dans les recherches qui ont permis les premiers lancements.
Mais c’est indiscutablement l’évènement qui a
fait basculer les rêves spatiaux dans le domaine du possible.
Youri
Gagarine, c'est le premier véritable extra terrestre et il était en
conserve ! Le premier homme qui a vu la Terre de l’extérieur.
Mir, c'est
la petite maison dans le ciel. Une drôle d’aventure, d’abord techniquement,
mais surtout du point de vue de la cohabitation et de la coopération
internationale puisque Mir a été la première station spatiale internationale,
bien avant ISS... Et que des "espace-nautes" de différentes
nationalités ont pu y partager le survol de notre planète. De manière plus
personnelle -et donc plus "Terre à Terre"-, je trouve que la maquette
de la station exposée à la Cité de l’espace à Toulouse est un outil pédagogique
formidable. J'y ai régulièrement emmené des groupes à qui j'ai pu faire
découvrir la réalité de l’aventure spatiale mais aussi faire naître dans les
yeux des visiteurs les plus récalcitrants l’étincelle du rêve et de la
curiosité.
La maquette
échelle 1 de Mir à la Cité de l'Espace à Toulouse
Photo Pif
J'aimerais
poser le pied sur une planète inconnue, découvrir ses paysages et revenir
plus sage, vivre entre les miens le reste de mon âge…, pour ne paraphraser
"que" Du Bellay -en
toute modestie, bien sûr !
Merci, Laure Salès Deschamps !
Interview
réalisée par mail en juin 2009
Quelques
publications de Laure Salès Deschamps
Voyages
dans le système solaire (avec Anne Willemez), Fleurus, 2005
La conquête
spatiale (avec Serge Gracieux),
Fleurus, 2007
L'espace (avec Milène
Wedling et Anne Willemez), Encyclopédie junior, Fleurus, 2009 (nouvelle
édition)
La semaine
prochaine (lundi 12 octobre 2009) : Nicolas Chateauneuf