LES INVITES DU COSMOPIF

 

L'invit� n�134 (lundi 4 d�cembre 2006)

 

S�bastien Rouquette

M�diateur scientifique au CNES
Docteur en plan�tologie
www.cnes-edu.org

 

 

 

Qui �tes-vous, S�bastien Rouquette ?

Mon nom est ROUQUETTE, S�bastien ROUQUETTE. Je suis arriv� sur Terre le 29 juin 1971 (cette date n'est pas vraiment un bon souvenir pour les vols habit�s sovi�tiques), dans une r�gion qu'on appelle le Sud de la France. J'ai grandi � l'�cart des grandes concentrations humaines. Et je pr�f�rais le chant des grands ch�nes ondulant au vent que le tohu-bohu des cit�s. J'y ai tout de m�me goutt� pendant mes �tudes.

Je suis un papa combl�, pensez-donc : 4 enfants ! Et oui, je me demande souvent comment cela a pu arriver si vite. J'ai du trop regarder les �toiles. 2 gar�ons et 2 filles. De jolis petits humains pleins de vie et de rires.

 

 

Quel a �t� votre parcours professionnel ?

Orbital ! J'ai �t� lanc� le 27 octobre 2000 apr�s un doctorat de plan�tologie, acquis au sein du Centre d'�tudes spatiales des rayonnements, � l'Universit� Paul Sabatier � Toulouse. Ce fut une exp�rience tr�s riche pendant laquelle j'ai d�couvert le monde de la recherche et voyag� autour de la plan�te pour partager notre travail avec des coll�gues d'autres continents.

La station CNES m'avait contact� quelques mois avant la fin de mon doctorat pour me proposer une mission spatiale. Transmettre le go�t des sciences et techniques spatiales aupr�s des jeunes et des enseignants. J'ai accept� presque imm�diatement. Je suis depuis sur orbite h�liosynchrone (j'arrive au CNES toujours � la m�me heure), dans la constellation de satellites "Culture spatiale".

 

 

Quelle est votre passion, comment est-elle n�e, comment la vivez-vous ?

Ah ! C'est que j'ai beaucoup de centres d'int�r�t, pas de passion vraiment d�vorante. J'ai toujours eu l'envie de transmettre des connaissances. Pas pour les �taler, c'est comme la confiture : moins on a, plus on l'�tale. Non, il y a une v�ritable �nergie entre un public et un m�diateur. C'est grisant de donner un savoir, de le rendre intelligible.

Et puis il y a l'astronomie, d�couverte en sortie scolaire. Je devais avoir 14 ans. Le ciel a chang� en une nuit. Je pouvais le lire et le comprendre.

Enfin, la passion du vol. J'ai d�couvert le vol � voile � 16 ans. J'ai travaill� dur pour payer mon brevet, avec l'aide de mes parents. Je vole essentiellement en montagne et je fais un peu de formation de d�but. La boucle est boucl�e : me revoil� plong� dans la transmission du savoir.

 

 

Quelle anecdote ou souvenir fort souhaiteriez-vous nous faire partager ?

L'anecdote � laquelle je pense "tourne autour" du Pic du Midi de Bigorre. J'adore ce coin de montagne, ce belv�d�re naturel. Durant quelques �t�s, j'y ai accompagn� des visiteurs d�sireux de d�couvrir son histoire et la science qui y est faite. Puis j'ai eu la chance d'y travailler, pendant mes �tudes. Et observer la Lune avec le t�lescope de 1 m�tre, celui qui a servi au rep�rage des sites d'alunissage Apollo, c'est quelque chose.

Parall�lement, j'arpentai le ciel pyr�n�en en planeur, plus � l'Est, en Ari�ge. D�s le d�collage, ce phare immense signalait sa pr�sence et narguait les pilotes. Je n'avais qu'une envie : lui rendre visite par les airs. Un beau matin de printemps, lorsque les cumulus d�corent les montagnes, c'est arriv�. Ce jour l�, le ciel a touch� les �toiles�

 

 

Le Pic du Midi survol� en ULM en novembre 2005

DR

 

 

Quelle serait votre photo spatiale ou astronomique pr�f�r�e et pourquoi ?

J'aime beaucoup l'image d'Ed White en sortie extrav�hiculaire, emberlificot� dans le fil qui le relie � son module. Je n'ai pas v�cu cette grande �pop�e. Ce clich� me fait penser � un nouveau n� encore soud� � sa m�re. L'astronaute me semble bien pataud dans ses mouvements. La Terre est derri�re lui, son berceau qui l'attend. C'est finalement une image qui illustre � merveille les propos de Constantin Tsiolkovski. Et en m�me temps, le sujet n'a pas de visage ; c'est l'humanit� qui vole�

Et puis il y a l'homme. J'imagine le stress tout de m�me, la sueur qui perle sur son front, les cognements sourds de son c�ur. Et la jubilation intense d'�tre l�, t�moin de ce spectacle fabuleux, l'envie de rire terriblement pour ext�rioriser toutes ces sensations qu'il ne peut pas comprendre : il baigne dans l'espace.

 

 

La marche d'Edward White � l'ext�rieur de Gemini 4 le 3 juin 1965

Photo de James McDivitt

 

De la m�me mani�re, quel objet spatial retiendriez-vous ?

Je choisis Geotail. Peu de gens connaissent ce petit satellite japonais. Il m'a accompagn� pendant toute la dur�e de ma th�se. En fait, il �tait l� bien avant que j'arrive. Il naviguait en p�re p�nard dans la magn�tosph�re terrestre et mesurait champ magn�tique, champ �lectrique et flux de particules. Il danse toujours autour de la Terre mais j'ai quitt� le bal.

 

 

 

Quel serait votre r�ve spatial le plus fou ?

J'adorerais faire du planeur sur les pentes d'Olympus Mons�

 

 

Le mont martien vu du Sud-Ouest � 80 km de distance par John O'Connor

www.geocities.com/rockbuster_99/

 

En attendant, un petit s�jour autour de la Terre m'irait tr�s bien. D'ailleurs, j'ai parfois l'impression d'y �tre d�j� all�

 

 

 

Que repr�sente pour vous le personnage de Youri Gagarine ?

Youri Gagarine, c'est la r�ussite dans la simplicit�, l'humilit�. Des valeurs qui manquent beaucoup, sans vouloir para�tre rabat-joie. J'ai l'impression qu'il �tait heureux plus que fier d'�tre le premier. Pas de gloriole superflue donc. Il �tait l� au bon moment et savourait pleinement cette r�volution� de l'int�rieur.

 

 

Que repr�sente pour vous la station Mir ?

15 ans de vie pour ce projet ambitieux et tr�s convainquant. Ce fut un �pisode important de la conqu�te spatiale. Tant de pays y ont envoy� des repr�sentants. Mir �tait devenue un territoire international, un symbole. Je me souviens avoir assist� � la retransmission de sa d�sorbitation, au CNES, de bon matin. Je n'ai pas "appr�ci�" ce moment mais je tenais � rendre hommage � ce monument qui disparaissait.

 

 

Que repr�sente pour vous le premier Spounik ?

Spoutnik c'est l'�veil de l'humanit� � la formidable promesse de l'espace. Un objet tournait pour la premi�re fois autour de la Terre, sans se soucier des fronti�res. C'est une autre dimension qui s'est offerte au hommes.

 

 

Merci, S�bastien Rouquette !

 

Interview r�alis�e par mail en septembre 2006

 

 

La semaine prochaine (lundi 11 d�cembre2006) : Marie-Ange Sanguy

 

 

Les coordonn�es des invit�s ne sont communiqu�es en aucun cas