L'invitée de la semaine
dernière : Helen
Sharman
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°238
(lundi 25 mai 2009)
Qui êtes-vous, Sylvain Rivaud ?
Je suis illustrateur et dessinateur de bandes
dessinées. Pour l’instant, je n’en vis pas complètement mais j’essaye !
J’ai publié une BD pour enfants en octobre 2008 aux éditions Emmanuel Proust : Une aventure
de José Lapin : une carotte pour deux, J’ai assuré le dessin tandis que l’histoire et
les dialogues ont été écrits par le scénariste Messina, et les couleurs par une
jeune auteure de BD dénommée X-aël. J'ai signé cet album sous mon pseudo
d’auteur : Lepithec. Le rapport avec l’astronomie ? Au milieu de
l’album, les personnages sont confrontés à une éclipse totale de Soleil,
phénomène inquiétant pour eux. Dès que j’ai lu ça dans le scénario, j’ai su que
cette histoire était pour moi, vu que je suis un passionné d’éclipses. Et
j’aime bien aussi dessiner les lapins. ;o)
Avant de venir vivre à deux pas de Paris (à
Pantin exactement) où j’habite actuellement, j’ai vécu à Poitiers, où je suis
né, jusqu’en 2007. C’est là aussi qu’est née ma passion pour l’astronomie
puisqu’en région parisienne, pas facile de voir les étoiles… J’ai 26 ans,
je suis célibataire mais je vis avec trois sympathiques colocataires toute
l’année ! Outre le dessin et la BD, il m’arrive aussi de m’improviser
critique de cinéma et plus particulièrement de bandes originales de films sur
un site que j’ai co-fondé en 2005 : cinezik.org. Encore une autre
passion…
Après
un bac littéraire au Lycée du Futuroscope à Poitiers, ma pratique du dessin
depuis de nombreuses années et particulièrement de la BD depuis l’âge de 11 ou
12 ans, m’a naturellement amené à des études artistiques, aux Beaux Arts
de Poitiers. On n’y enseignait pas la BD mais plutôt le dessin animé, qui me
passionnait aussi et m’intéresse toujours. Tout en apprenant les techniques de
dessin, de peinture, de gravure, de photo, d’infographie, je me suis dirigé
vers le dessin animé dont j’avais beaucoup à apprendre. En 2004, j'ai passé mon
diplôme national d’arts plastiques avec un film de fin d’études de
trois minutes intitulé Et pourtant, elle tourne. Il s’inspirait
directement de la confrontation de Galilée avec l’église au 17e
siècle. C’est au cours de cette période que je me suis rendu compte que
l’astronomie et le dessin pouvaient se marier au sein de mon travail et
j’essaye de poursuivre encore cette voie aujourd’hui.
En
2005, j’ai créé une association avec des amis de Poitiers qui faisaient aussi
des bandes dessinées : Babylon Studio. Elle édite un fanzine de BD
(recueil collectif de BD d’amateurs ou de pros) intitulé Mad Hatter.
L'association et son fanzine ont pris d’essentiel de mon temps en 2005 et 2006,
avant que je ne me retrouve sur la BD José Lapin en 2007. Mais, encore
aujourd’hui, je participe à Mad Hatter en tant qu’auteur, dessinateur et
rédacteur en chef. Le deuxième
numéro est sorti en décembre 2008.
Ma
passion pour l’astronomie et la conquête de l’espace s'est révélée assez
soudainement, en 1997, après avoir vu le film Apollo 13. Avant
cela, je me souviens m’être levé en pleine nuit quand j’avais 10 ans pour
observer une éclipse de Lune et avoir observé les éclipses partielles de Soleil
de 1994 et 1996 avec des lunettes spéciales. J’avais bien depuis longtemps un
bouquin sur les étoiles, les planètes et les fusées mais, curieusement, je ne
l’avais jamais lu attentivement… En revanche, après avoir vu le film de Ron
Howard, je l'ai entièrement dévoré et relu plusieurs fois puis ai commencé à
retenir les dates importantes de la conquête spatiale par cœur :
4 octobre 1957 (Spoutnik 1), 12 avril 1961 (Gagarine),
21 juillet 1969 (Apollo 11), etc.
Un
autre événement, lié au dessin, est intervenu la même année et m’a
définitivement plongé dans tout cela : le magazine Okapi avait
organisé alors un concours de dessin dont le premier prix était une invitation
sur le plateau de l’émission La nuit des étoiles à la Cité de l’Espace
de Toulouse (alors fraîchement inaugurée) et, surtout, un séjour de vacances
spécialisé dans l’astronomie. Il fallait représenter… une éclipse ! Ni une
ni deux, je me suis lancé et, à ma grande surprise, j’ai gagné le premier
prix ! J’avais dessiné une éclipse vue de la Lune, avec, au première plan,
la surface lunaire et deux Sélénites et, au fond, la Terre avec un point noir à
sa surface : l’ombre de la Lune. Participer à tout cela a été un grand
moment dans ma vie d’adolescent sans histoires et voir des télescopes en vrai
et des modules spatiaux dans la vitrine de la Cité de l’Espace au moment même
où tout cela commençait à me passionner est arrivé à point nommé. Sans parler
ensuite du fameux séjour de vacances, qui était offert et organisé par l’ANSTJ
(aujourd’hui Planète Sciences).
Ce fût ma première colo 100 % astro et ce fut le pied total ! C’est là que
j’ai appris à faire de la photo et surtout à pratiquer l’observation astro
amateur : un vrai déclic. Je m’y suis fait également des amis de longue
date.
Depuis
ce séjour qui s’est déroulé en 1998, j’ai participé à deux autres séjours
Planète Sciences en 1999 et 2000. Très vite alors, j’ai voulu devenir animateur
de colonies de vacances spécialisé en astronomie. J’ai même pensé un moment en
faire mon métier. Mais j’ai préféré finalement que cela reste une passion que
je puisse transmettre et, entre 2001 et 2007, j’ai passé l’essentiel de mes
vacances scolaires à animer des séjours scientifiques avec des enfants et des
ados, pour Planète Sciences ou d’autres organismes. J’ai maintenant arrêté les
séjours mais je participe encore ponctuellement à des événements organisés par
Planète Sciences.
Entre
temps, j’ai eu la chance et le plaisir d’admirer de nombreux événements
célestes, certains assez rares : quatre éclipses totales de Soleil
(en France, en Zambie, en Turquie et en Mongolie), une éclipse annulaire de
Soleil (à Madrid avec Planète Sciences, un très beau souvenir !), deux ou
trois éclipses totales de Lune (la première, en 2003, a pu être observée
en plein centre de Lyon à l’œil nu : c’était la plus belle !), la
comète Hale-Bopp en 1997, la pluie d’étoiles filantes des Léonides en 2002, une
occultation d’étoile par Titania (satellite d’Uranus) en 2002 aussi, je crois,
ou encore l’occultation d’une étoile du Taureau par un obscur astéroïde en
2003… J’aime bien ces petits événements qui n’intéressent que des astronomes un
peu fous capables de faire des centaines de kilomètres pour aller les
observer ! En ce qui me concerne, ce n’est pas fini : j'irai en Chine
en juillet prochain pour tenter d’admirer ma cinquième éclipse totale de
Soleil ! J’espère qu’il fera beau parce que, après celle-ci, je ne sais
pas quand je pourrai en revoir…
Voir mon site consacré aux
éclipses : http://lepithec.chez.com/eclipse/
Etant
né au début des années 80, je n'ai pas le souvenir d'avoir vécu grand-chose
d’extraordinaire durant ma jeunesse puisque tout ou presque était déjà passé.
Je me souviens tout de même avec émotion des premières images de la mission
Mars Pathfinder en juillet 1997 : à l’époque, on n’avait pas vu de
nouvelles images de la surface de Mars depuis 1976… Voir le petit robot Rocky
déambuler dans ce paysage situé à des centaines de millions de kilomètres était
une nouveauté très amusante ! Je crois que j’ai eu le sentiment à ce
moment-là de vivre un moment important.
5 juillet 1997,
l'Amérique est de retour sur Mars, 21 ans après les sondes Viking
Difficile de choisir ! Sans doute les célèbres "Piliers de la Création" du télescope spatial Hubble, car on prend conscience en regardant attentivement l’image du gigantisme de cette nébuleuse (M16), quand on sait que les minuscules nodules que l’on voit au sommet des colonnes mesurent au minimum une année-lumière... C’est sans doute l’image astronomique la plus vertigineuse qu’il nous ait été donné de voir. Après, j’ai aussi beaucoup d’affection pour un tas d’images prises par les missions Apollo et toutes les photos d’éclipses totales de Soleil me font rêver.
J’ai très longtemps été fasciné par la fusée
Saturn 5 qui lançait les modules Apollo vers la Lune. Sans doute par sa
puissance et son gigantisme (111 m de hauteur, je crois) mais aussi pour
sa portée symbolique, puisque c’est grâce à elle que l’homme a pu marcher sur
la Lune. Je rêve d’aller en Floride pour voir l’un des derniers modèles
existants. Je crois que cette fascination provient en grande partie de la
manière dont cette fusée est filmée dans le film Apollo 13 : c’est vraiment
grandiose ! La scène du décollage est stupéfiante, surtout avec la musique
de James Horner !
Je
n’étais évidemment pas né à cette époque mais j’ai souvent interrogé mes
parents sur ce moment. Mon père n’en a guère de souvenirs mais en revanche ma
mère s’en souvient parfaitement puisqu’elle a suivi l'événement en direct à la
télévision. Il était alors près de 4 heures du matin en France, il fallait
être motivé pour voir ça ! Mais cela valait le coup et ma mère s’en
souvient encore comme si c’était hier : n’ayant pas la télé chez ses
parents (très modestes), elle était allée chez une voisine, l’une des seules personnes
du quartier à posséder un poste. Beaucoup de voisins, petits et grands,
s’étaient rassemblés pour l'occasion.
Bah,
j'aimerais voler dans l’espace, évidemment ! Mais je ne pense pas que cela
soit accessible à n’importe qui de mon vivant, en tout cas pas à portée de ma
bourse… Par ailleurs, je ne suis pas du tout sportif, je tomberais sans doute
dans les pommes en 30 secondes au décollage ! Dans un avenir plus
proche et plus réaliste, j’aimerais beaucoup assister au décollage d’une
navette spatiale américaine, avant qu’elles ne soient définitivement mises à la
retraite. A défaut, une autre fusée pour un vol habité : voir des humains
décoller pour l’espace doit être un moment vraiment très émouvant ! On doit
réellement sentir l’excitation originelle qui a motivé l’homme à aller dans
l’espace… J’aimerais aussi beaucoup rencontrer l’un des rares astronautes
américains qui sont allés sur la Lune ; dire que la plupart sont encore
vivants et même accessibles me semble fou ! Seulement 12 hommes sur
6 milliards ont eu cette chance, ils doivent avoir des choses
passionnantes à raconter !
Un rêve qui se réalise : la rencontre avec Buzz Aldrin
le 24 avril 2009 lors du Festival Jules Verne à Paris
Merci, Sylvain Rivaud !
Interview
réalisée par mail en mars 2009
La semaine
prochaine (lundi 1er juin 2009) : Stéphane Bailanger