L'invité de la semaine dernière : Eric Stoffel
LES INVITES DU COSMOPIF
N°357
(lundi 30 avril 2012)
www.icare.univ-lille1.fr/progra2/
Qui êtes-vous, Jean-Baptiste Renard ?
Je suis né le 7 novembre 1964 à Bègles, en Gironde.
Aujourd’hui Directeur de recherche au LPC2E-CNRS à Orléans, je suis responsable
scientifique d’expériences sous ballons atmosphériques pour l’étude de la
composition de l’atmosphère terrestre et des expériences PROGRA2 à bord de vols
paraboliques pour l’étude des poussières interplanétaires, cométaires et
atmosphériques.
Etudes universitaires à Pierre et Marie Curie (Paris 6)
Thèse en avril 1992 en astronomie et techniques spatiales
(Etudes des poussières interplanétaires et cométaires)
Moniteur et ATER à l’Université Paris 7 (1991-1993)
Conférencier au planétarium du Palais de la découverte
(1994)
Post-doc au Laboratoire de Physique et Chimie de
l’Environnement et de l’Espace (LPC2E–CNRS) à Orléans (1994-1996)
Embauche au CNRS au LPC2E en 1996
Habilitation à diriger des recherches, Université d’Orléans
(2011)
Médaille d’or des vols paraboliques discernée par Novespace (3 200 paraboles à bord de l’A300 zéro G
et plus de 3 500 paraboles en incluant les vols à bord de la Caravelle
zéro G et du KC-135 de la NASA).
J’ai pratiqué l’astronomie amateur dès mon plus jeune âge,
avec un fort intérêt pour les objets du Système solaire. J’ai toujours voulu
travailler dans des domaines scientifiques liés aux planètes (incluant
l’atmosphère terrestre). La grande liberté du système universitaire me
convenait parfaitement ; il est très formateur pour apprendre à être
autonome. J’ai fondé à cette occasion le club d’astronomie de l’Université
Paris 6.
J’ai toujours été intéressé par l’expérimentation en optique
et par le développement de nouveaux instruments et le concept de mesures. Pendant
ma thèse, avec des collègues, nous avons pu participer à des vols paraboliques
à bord de la Caravelle zéro G en proposant des expériences pédagogiques
originales. Ensuite, nous avons conçu en 1993 un projet d’étude des grains
solides en suspension en impesanteur, représentant les poussières que l’on peut
trouver dans l’espace. Ce projet, PROGRA2, continue actuellement et nous en
sommes début 2012 à 42 campagnes de vols paraboliques (le projet compte
près de 4 000 paraboles). Ces études sont maintenant menées à bord de
l’A300 zéro G de Novespace lors de campagnes du CNES
et de l’ESA.
Le fait de travailler au CNRS permet d’être très libre sur
les sujets scientifiques que l’on veut étudier. Ceci me permet de combiner
activités professionnelles et passion scientifique, notamment par la
participation aux vols paraboliques et par la conception avec la société
Environnement-SA de nouveaux instruments pour l’étude de la qualité de l’air
ambiant et la présence des aérosols solides que l’on respire (ceci représente
une application pratique et sociétale des travaux de recherches expérimentaux
que je mène depuis bientôt 20 ans).
Mon premier souvenir important de la conquête spatiale
est l’atterrissage des sondes Viking à la surface de Mars en Mars en 1976, et
les premières images du sol qui ont été transmises. L’absence de détection de
vie sur Mars a été une petite déception.
20 juillet 1976 : la sonde américaine Viking 1
révèle enfin le paysage de Mars, assez semblable à un désert terrestre.
Toutefois, les dunes sont rouges et le ciel est rose.
Aucune végétation… ni aucun Martien à la ronde !
Les premières images du survol de Jupiter et de ses
satellites par Voyager m’ont fortement impressionné. J’ai dit une fois dans une
interview que j’étais « un enfant de Voyager » car c’est là que j’ai
commencé à appréhender la beauté et la complexité du système solaire dans
lequel nous vivons. Ces images m’ont convaincu de travailler dans ce domaine
scientifique.
Voyager s’approche de Jupiter le 5 mars 1979
En temps qu’étudiant à l’Université, j’ai suivi avec un
grand enthousiasme le survol de la comète de Halley par la sonde européenne
Giotto. C’est de là que vient mon choix de travailler dans le domaine spatial,
d’étudier les poussières cométaires et, par extension, tous les
« aérosols » solides que l’on peut trouver dans l’espace et
l’atmosphère terrestre.
En 1992, juste après ma thèse, j’ai participé au survol
de la comète Grigg-Skjellerup
par la sonde Giotto depuis le centre technique de l’Agence spatiale européenne.
Ce fut une expérience incroyable d’être au plus près de l’événement et de
participer à l’analyse de données d’un instrument spatial à bord de Giotto
(instrument OPE, sous la responsabilité du Professeur Anny-Chantal
Levasseur-Regourd).
Même si la cliché à vieilli et d’autres images plus
spectaculaires ont été réalisées depuis, l’image du noyau de la comète de
Halley obtenue par la sonde Giotto en mars 1986 a été une grande première
technique et scientifique dans l’étude des comètes et une grande victoire pour
l’Agence spatiale européenne.
13 mars 1986 : la sonde européenne Giotto à
l’approche de la célèbre comète de Halley
Sans hésitation, je réponds les anneaux de Saturne. Composés
de particules de glaces et de poussières, ils offrent une dynamique très
complexe du fait des interactions gravitationnelles avec les satellites de
Saturne. Ceci montre qu’une force très faible peut générer une grande variété
d’agencements très esthétiques.
J’étais trop jeune pour m’en souvenir. Par contre, je me
souviens bien des derniers vols Apollo à la surface de la Lune.
Je rêve de la télé-transportation afin de pouvoir parcourir
des grandes distances très rapidement et donc pouvoir effectuer l’exploration
d’objets lointains en s’affranchissant du temps de voyage.
Merci, Jean-Baptiste Renard !
Interview réalisée par mail en avril 2012
Pas d’invité la semaine prochaine
Prochaine
invitée le lundi 14 mai 2012 : Guergana
Kermektchieva