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invité : Brian Duffy
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°403
(lundi 19 mai 2014)
Qui êtes-vous, Nicolas Pillet ?
Originaire de Saint-Nazaire
(Loire-Atlantique), né en 1962, j’ai migré à Toulouse avec ma famille, en 1997,
après 10 ans de vie professionnelle en région parisienne. Cela m’a permis
de poursuivre ma vie professionnelle au CNES, tout en conciliant une vie
familiale assez dense puisque nous avions trois enfants à l’époque. Une
passion, plus privée que l’aérospatial, est pour moi la musique, puisque je suis
pianiste et j’essaie d’entretenir un répertoire classique, ce qui n’est
d’ailleurs pas toujours facile. La mer et les bateaux, largement pratiqués dans
ma région d’origine, gardent pour moi une place importante et mes attaches
familiales en Bretagne me permettent d’entretenir cet ancrage
« iodé », source de vitalité.
Le charme de la région
toulousaine m’a permis de m’ouvrir aux joies de la montagne et de la marche
dans ces belles Pyrénées et de connaitre aussi un peu le plaisir du ski de
randonnée.
Après deux années de coopération au sud du Tchad (en
tant qu’enseignant en Maths, Physique et Chimie), j’ai démarré ma carrière chez
Air France en tant qu’ingénieur d’entretien de la flotte des B727/737 à Roissy.
Mon rôle était de « gérer » au mieux les entretiens des avions, entre
la pression du contrôle qui les clouait au sol et celle de l’exploitation
commerciale qui voulait les maintenir en l’air. Rude découverte de la vie
professionnelle et du métier de l’ingénieur « terrain ». Je n’étais
humainement pas mûr pour cette première expérience et j’ai rejoint, après
une année chez Air France, la société Altran pour un détachement à
l’Aerospatiale Les Mureaux comme ingénieur d’études
en aérothermique sur Hermes et le missile stratégique M 5. Passionnante
découverte des études et du monde aérospatial ! Avec un rythme de travail
plus raisonnable que chez Air France, ce qui m’a laissé quelques temps pour la
vie privée et la rencontre de celle qui devient ma femme en 1989.
Après trois riches années sur le site des Mureaux et
sans perspective d’embauche par Aerospatiale, j’ai rejoint en 1991 la Direction
des Lanceurs du CNES, avec un poste d’ingénieur propulsion sur le projet de
l’étage supérieur à propergol stockable d’Ariane 5. Cette découverte du
monde des lanceurs et participation au projet Ariane 5 est sans doute
l’une des plus belles périodes de ma vie professionnelle, avec toute la chance
de travailler sur un projet fédérateur -mais avec aussi son lot de stress !
Après six années de cette vie passionnante et
trépidante, incluant l’expérience de travailler très régulièrement avec les
Allemands d’Astrium (Munich, Brème et Lampoldhausen), j’ai postulé sur un poste au CNES Toulouse,
au sein du service propulsion satellite. J’ai rejoint le CNES Toulouse,
trois jours après le lancement réussi d’Ariane 502 : mission
accomplie !
Lancement d’Ariane 502 le 30 octobre 1997
J’ai ensuite travaillé 10 ans sur divers projets et
sujets de R & D dans le domaine de la propulsion orbitale. Avec une
pression moindre que sur Ariane 5 mais parfois tout de même du stress,
comme les débuts du système de propulsion chimique des nouveaux micro-satellites Myriade développés par le CNES et dont
j’ai participé à la conception.
En 2007, après pas mal de réflexion, j’ai pris un virage
assez franc, puisque j’ai rejoint la Direction de la Communication du CNES pour
m’occuper de projets expérimentaux étudiants au sein du service Jeunesse et
Education ! Je revenais à la propulsion fusée mais sur une autre échelle
et dans une démarche pédagogique. Le désir de transmettre, de faire partager,
d’accompagner les jeunes me motivait, ayant notamment fait du scoutisme dans ma
jeunesse et ayant aussi été acteur d’un projet étudiant qui m’a marqué durant
mes études d’ingénieur : la construction d’un avion Long Ez. J’ai donc
postulé pour ce poste malgré une certaine interrogation de la direction
technique du CNES, qui a néanmoins respecté mon choix et permis cette évolution
au sein du CNES, ce qui est une vraie chance.
Après six années passionnantes, épuisantes, étonnantes
et stimulantes au service de la jeunesse dans le cadre si privilégié proposé
par le CNES, je rejoins aujourd’hui la direction adjointe du CNES Toulouse,
pour un poste de contrôle projet sur des missions scientifiques auquel le CNES
participe. Une nouvelle page.
J’ai en fait deux passions : celle de la musique
et celle de l’aérospatial. Pour ce qui est de la musique, j’ai eu la chance de
rencontrer un professeur de piano extraordinaire à l’âge de 10 ans. A
18 ans, il m’a fallu choisir entre des études scientifiques et une
carrière dans la musique… Mais la « sagesse » m’a orienté vers le
métier d’ingénieur. Pour ce qui est du piano, il faut entretenir cette passion,
ce qui passe par des hauts et des bas ! Il y a quelques années, je m’y
suis remis sérieusement avec la joie de donner plusieurs concerts, notamment
pour des associations.
Pour ce qui est du domaine de l’astronautique, la
construction d’un avion du type Long Ez (biplace en tandem, plan canard et
moteur arrière), entièrement en composite, à travers l’association Goéland
durant les trois années de mon école d’ingénieur (ENSMA Poitiers) a été
déterminante. Cela m’a notamment conduit à passer mon brevet de pilote et à
avoir la chance de piloter moi-même cet avion, baptisé Goéland. Le projet a été
une aventure technique et humaine incroyable ! Elle reste une expérience
structurante pour ma vie professionnelle.
Pour moi, le spatial est très lié à la
fusée Ariane que j’ai approchée de près durant mes six années à la
Direction des Lanceurs. Le premier voyage à Kourou sur une campagne
Ariane 4, « stage d’immersion » reste une expérience très forte,
particulièrement quand j’ai découvert le lanceur « debout » dans son
hall d’intégration. Depuis des mois, je m’étais imprégné des dossiers
papier : circuits fluides liés à la motorisation, technologie des moteurs.
Et le voilà, en vrai !
Je garde aussi un souvenir très fort
des essais de remplissage de l’étage supérieur d’Ariane 5, dont j’ai
assuré la coordination et l’autorité de conception. Une journée interminable
pour remplir et vidanger, avec l’ensemble du process sol, un réservoir en ergol réel et vérifier les masses de
carburant ! La joie de dire « mission accomplie » et de se
retrouver, harassé mais heureux, autour d’un bon repas !
La vue du ciel étoilé un soir d’été en montagne. Cet infiniment grand
me bouleverse et je ne peux m’empêcher de penser que tout ça est offert à
l’homme pour qu’il s’en émerveille !
Le centre de la Voie lactée vue depuis nos campagnes
Photo Serge Brunier
Ariane 5, pour avoir travaillé dessus pendant plusieurs
années.
Beaucoup d’audace et de courage avant tout ! Le désir
de l’homme de se dépasser et d’aller voir au-delà des frontières connues.
Faire un vol suborbital ! J’ai eu la chance
d’’effectuer plusieurs vols paraboliques dans l’Airbus A300 zéro G de
Novespace… et je me dis que c’est l’étape suivante…
Vue d’artiste du projet d’avion suborbital conçu par EADS
Astrium
Merci, Nicolas Pillet !
Prochain
invité (lundi 2 juin 2014) : Olivier
Boisard
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