LES
INVITES DU COSMOPIF
N°179
(lundi 14 janvier 2008)
300e sujet de
l'espace, 188e astronaute américain
Professeur invité à la Naval
Postgraduate School de Monterey
www.nasa.gov
James H. Newman (PH.D.) en bref
Né
le 16 octobre 1956 sur une île des Etats fédérés de
Micronésie, dans le Pacifique occidental, mais considérant San Diego
(Californie) comme sa ville natale.
Marié,
3 enfants.
Physicien
(diplômé de la Rice University de Houston, au Texas), professeur invité de la NASA à l'École navale de troisième
cycle Naval Postgraduate School de Monterey, en Californie. Membre de la
Société américaine de Physique et de la société de recherche scientifique Sigma
Xi.
Spécialiste
de mission (MS) lors de 4 missions navette entre 1993 et 2002 :
STS-51/Discovery, STS-69/Endeavour, STS-88/Endeavour et STS-109/Columbia,
totalisant plus de 43 jours de séjour dans l'espace.
James
Newman a effectué un total de 6 sorties extravéhiculaires en scaphandre,
d'une durée totale de 43 heures et 13 minutes.
Il y a beaucoup de jolies
histoires à raconter sur le programme spatial et je vous livre ces quelques
informations que, je l'espère, vous trouverez intéressantes. J'y ai également
inclus des photos, des sites web et quelques mots sur les vols spatiaux
auxquels j'ai eu la chance de participer.
There are a lot of neat stories to tell about the
space program and I am including some information that I hope you will find
interesting. I’ve also included some photos, websites, and a few words about
the space flights I have been fortunate to be on.
Mission STS-51
(12-22 septembre 1993)
Equipage et
lancement de la mission STS-51
Voir www.nasa.gov/mission_pages/shuttle/shuttlemissions/archives/sts-51.html
Vous trouverez ici ce que j'ai
écrit après mon premier vol spatial, la mission STS-51, à ma descente de la
navette spatiale Discovery en septembre 1993. Une partie de ce qui s'est passé
sur ce vol restera toujours comme si c'était hier. Nous avons fait beaucoup de
travail : mais regardez plutôt la numéro de mars 1994 de la revue Surfer
Magazine, page 93, si vous voulez voir ce qui constitue peut-être le sommet de
ma carrière à la NASA, au moins aux yeux de certains de mes anciens camarades
d'école !
Here is what I wrote after my first space flight,
STS-51, back in September of 1993 on the space shuttle Discovery. Some of what
happened on that flight will always be as if it were yesterday. We did a lot of
work; but check out the 1994 March issue of Surfer Magazine, page 93, if you
would like to see what may have been the highlight of my career at NASA, at
least in the eyes of some of my High School friends!
Article de
la revue Surfer Magazine (mars 1994) consacré aux "Cerveaux qui
surfent"
Collection
James Newman
Mission STS-69
(7-18 septembre 1995)
Equipage et
lancement de la mission STS-69
Voir www.nasa.gov/mission_pages/shuttle/shuttlemissions/archives/sts-69.html
La deuxième fois que je suis allé
dans l'espace fut lors de la mission STS-69 en septembre 1995 sur la navette
Endeavour. J'étais le premier opérateur du bras robotisé et nous avons déployé
et récupéré deux satellites scientifiques. Jim Voss et Mike Gernhardt ont
réalisé une marche dans le vide pour effectuer des tests en vue des vols
d'assemblage de la station spatiale internationale qui devaient suivre.
The second time I went into space was on STS-69 in
September of 1995 on the space shuttle Endeavour. I was the primary robotic arm
operator and we deployed and retrieved two science satellites. Jim Voss and
Mike Gernhardt did a space walk to do tests for the upcoming International
Space Station assembly flights.
Mission STS-88
(4-16 décembre 1998)
Equipage et
lancement de la mission STS-88
Voir www.nasa.gov/mission_pages/shuttle/shuttlemissions/archives/sts-88.html
Ensuite, en décembre 1998, j'ai
volé à bord de la mission STS-88, le premier vol de construction de la station
spatiale internationale. Nous volions sur la navette Endeavour. Le module de
contrôle de l'ISS, Zarya (Заря), construit par la
Russie, avait été lancé quelques semaines avant nous. Nous emportions le nœud
de jonction (Node) construit par les Etats-Unis, baptisé Unity. A l'aide du
bras robotique de fabrication canadienne, Nancy Currie a sorti Unity de la
soute de la navette et l'a placé au sommet du module d'amarrage. Après notre
rendez-vous avec Zarya, Nancy l'a agrippé avec le bras robotisé et l'a placé au
sommet du Node. Ensuite, Jerry Ross et moi avons effectué trois sorties
dans l'espace pour brancher les câbles et les équipements sur la nouvelle
station. Le Node est la pierre angulaire de l'ISS, tout le reste part de lui.
Pénétrer à l'intérieur de la nouvelle station spatiale fut vraiment étonnant.
Il s'agit d'un grand volume par rapport aux quartiers spartiates de la navette
spatiale. Quand je n'avais pas d'EVA programmée pour le lendemain, je veillais
généralement un peu tard lors de nos soirées, répondant à mes e-mail et
regardant par le hublot. Une nuit, j'ai remarqué que tout le monde était
apparemment allé au lit et que j'étais donc le seul au poste de pilotage
(flight deck). Quand j'ai eu terminé, je suis descendu sur le pont
intermédiaire de la navette (middeck). Il faisait nuit et je me assuré que tout
le monde était endormi. J'ai jeté un oeil vers le tunnel de la station spatiale
et décidai d'y retourner pour y jeter un coup d'œil une minute. Ainsi, j'ai
soigneusement flotté dans le noir, essayant difficilement de ne pas réveiller
quelqu'un. Quand je me suis levé dans le Node, il y avait Bob Cabana, le
commandant de bord, et Sergueï Krikalev, un cosmonaute russe qui volait avec
nous. Ils étaient arrivés les premiers et flottaient déjà sur place, juste pour
apprécier le volume énorme et cet instant partiulier à bord de la nouvelle
station. Elle a depuis considérablement grandi et est en permanence habitée par
trois personnes aujourd'hui.
Regardez sur http://spaceflight.nasa.gov/realdata/sightings
pour voir quand vous pourrez la voir passer au-dessus de votre tête.
Next, in December 1998, I flew on STS-88, the First
Assembly Flight for the Construction of the International Space Station (ISS). We flew on the space shuttle Endeavour. The Russian built control module, Zarya (Заря) was launched a couple of weeks before us. We were bringing the US built Node named
Unity. Using the Canadian built robotic
arm, Nancy Currie took the Node out of the payload bay and put it on top of the
docking module. After we rendezvoused
with Zarya, Nancy grappled it with the robotic arm and put it on top of the
Node. Then Jerry Ross and I went on
three space walks to hook up cables and put equipment onto the new
Station. The Node is the corner stone
of ISS; everything else comes off of it.
Going inside the new space station was really amazing. It is a large volume compared to the Spartan
quarters of the Space Shuttle. If I
didn’t have a space walk the next day I would usually stay up a little late in
our evening doing email and looking out the window. One night I noticed that everyone had apparently gone to bed and
so I was alone on the flight deck.
After I had finished up I went down to the middeck. It was dark and I figured everyone was
asleep. I looked back towards the
tunnel to the space station and decided I’d just sneak back there and take a
look for a minute. So I floated
carefully in the dark, trying hard not to wake anyone up. When I got up to the Node, there was Bob
Cabana, the Commander, and Sergei Krikalev, a Russian cosmonaut flying with
us. They had gotten there first and
were already floating around, just enjoying the huge volume and special time in
the new space station. The space station has grown tremendously and there are
usually three people living on it at any given time.
Check http://spaceflight.nasa.gov/realdata/sightings for when you can see it pass by overhead.
Filmée à
l’aide d’une caméra IMAX®, la jonction entre
le module russe Zarya (Aube),
et le module
américain Unity (Unité), apporté par Endeavour,
signe le
véritable coup d’envoi de l’assemblage sur orbite de l'ISS
James
Newman accroché à l'ISS
Mission STS-69 (1er-12 mars
2002)
Equipage et
lancement de la mission STS-109
Voir www.nasa.gov/mission_pages/shuttle/shuttlemissions/archives/sts-109.html
En mars 2002, j'ai été membre de
l'équipage de STS-109. Nous avons volé à bord de Columbia, la plus ancienne
navette de la flotte. Nous sommes partis effectuer une mission d'entretien du télescope
spatial Hubble (HST). Des visites régulières avaient été réalisées vers le HST
tous les deux ou trois ans, afin de remplacer les pièces en panne et
adapter les caméras et les équipements aux nouvelles technologies. Je savais
que ce vol serait un travail de longue haleine. Nous avions prévu cinq sorties
dans l'espace. Mike Massimino et moi étions prévus pour deux d'entre elles avec
une supplémentaire, si nécessaire, pour finir tout ce qui n'aurait pas été
fait. Nous avons donc été très occupés, depuis le lancement jusqu'au
redéploiement du télescope environ huit jours plus tard. Nous avons
remplacé les deux panneaux solaires, avons éteint le HST pour la première
fois en 12 ans de service et remis en route avec succès après avoir
remplacé son unité de contrôle de puissance principale, nous avons installé la
nouvelle caméra ACS ainsi qu'un radiateur pour refroidir la caméra infrarouge
NICMOS. Hubble a travaillé plus fort que jamais. Regardez donc à l'image
ci-après d'une collision de galaxies, UGC 10214 !
In March 2002, I was a crewmember on STS-109. We flew
on Columbia, the oldest shuttle in the fleet.
We went to refurbish the Hubble Space Telescope (HST). There have been
regular visits to HST every two or three years to fix things that are broken
and to upgrade the cameras and equipment to new technology. I knew this flight
would be a lot of hard work. We had
five planned space walks. Mike
Massimino and I were scheduled for two of them and a third if necessary to
finish off anything that didn’t get done.
So we were very busy from launch to HST deploy about eight days
later. We replaced both solar arrays,
turned HST off for the first time in 12 years and turned it back on
successfully after replacing the main power control unit, we installed the new
Advanced Camera for Surveys, and put on a radiator to cool down the infrared
camera NICMOS. HST has been working better than ever. Check out the picture below of colliding galaxies, UGC
10214!
James
Newman au chevet du télescope Hubble
Voir les
images réalisées par Hubble sur
http://oposite.stsci.edu/pubinfo/PR/2002/11/index.html
Je choisis l'image de la pleine
Terre vue depuis la Lune. Elle montre tant de possibilités et ouvre la voie
vers l'avenir. Notre futur peut inclure d'autres mondes mais la Terre sera
toujours spéciale.
I pick the picture of the full Earth from the Moon. It
shows so much possibility and lights a path to the future. Our future may include
other worlds, but Earth will always be special.
7 décembre 1972 En partance vers la Lune, les membres d'équipage de la mission
Apollo 17 peuvent admirer leur berceau. Leur regard porte de la zone méditerranéenne à l'Antarctique. C'est
la première fois que la trajectoire d'un vaisseau Apollo permet de
photographier le pôle Sud. |
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Le vol dans l'espace est une
formidable aventure. Il est stimulant, motivant et épanouissant de faire partie
de cette grande entreprise. Bien sûr, la NASA est un instrument de politique
étrangère ainsi que de politique nationale. Avec l'ISS, nous nous sommes lancés
dans un voyage de découverte sur la façon de vivre et de travailler ensemble
sur le terrain et dans l'espace et faire de la recherche dans l'espace. Depuis
l'accident de Columbia en 2003, la NASA a été réaffirmé à l'exploration. Nous
prévoyons que cela va nous ramener à la Lune dans un avenir pas trop lointain.
J'espère que pour une station de style antarctique sur la Lune, les
multi-nationales et avec suffisamment de personnes de disposer d'une véritable
communauté de scientifiques et de techniciens qui travaillent toute l'année. Un
jour, je l'espère, il y aura un coût abordable à l'espace tourisme. Et j'espère
que nous continuerons, peut-être même la mise en place d'une présence humaine
sur Mars, sur le chemin des étoiles.
Space flight is a wonderful adventure. It is exciting
and motivating and fulfilling to be part of this grand endeavour. Of course
NASA is an instrument of foreign policy as well as of national policy. With the
ISS we are embarked on an international voyage of discovery about living and
working together on the ground and in space and about doing research in space.
Since the Columbia accident in 2003 NASA has been rededicated to Exploration.
We expect this will lead us back to the Moon in the not too distant future. I
hope for an Antarctic-style station on the moon, multi-national and with enough
people to have a real community of scientists and technicians working year
round. Someday I hope there will be affordable tourism to space. And I do hope
we continue, perhaps even setting up a human presence on Mars, on our way to
the stars.
Merci, James Newman !
Interview
réalisée par mail en janvier 2008 et traduite de l'anglais par Pif
Merci à Laurent Aznar pour
le contact
La semaine
prochaine (lundi 21 janvier 2008) : Frédéric Servian