LES
INVITES DU COSMOPIF
N°189
(lundi 21 avril 2008)
Astronaute de l'Agence spatiale
européenne
www.esa.int
Photo Pif
Paolo Nespoli en bref
Né le
6 avril 1957 à Milan (Italie)
465e sujet
de l'espace, 5e Italien de l'espace
1 vol :
mission STS-120/ISS 10A à l'aide de la navette Discovery (mission Esperia de
l'ESA)
Durée du
vol : 15 jours 2 heures et 23 minutes (23 octobre-7 novembre 2007)
Paolo
Nespoli est ingénieur qualifié et pilote privé avec qualification de vol aux instruments.
Il est également titulaire d’un brevet supérieur de plongée autonome et d’une
qualification de plongeur Nitrox. Au cours de ses années de service dans
l’armée italienne, entre 1977 et 1984, il a acquis son brevet de parachutisme,
avant de devenir instructeur parachutiste, moniteur de saut, parachutiste en
chute libre et instructeur des forces spéciales.
En 1985,
Paolo Nespoli a repris ses études universitaires et a quitté l’armée en 1987.
Après une licence d’ingénierie aérospatiale en 1988 et une maîtrise
d’aéronautique et d’astronautique à l’Université polytechnique de New York en
1989, il est retourné en Italie pour travailler en tant qu’ingénieur d’études à
Florence, où il a conduit des analyses mécaniques et participé à la
qualification des unités de vol du canon à électron, l’un des principaux
éléments du système de satellite captif de l’Agence spatiale italienne. Il a
obtienu une maîtrise d’ingénierie mécanique à l’Università degli Studi de
Florence en 1990.
En 1991,
Paolo Nespoli a rejoint le Centre des astronautes européens de l’ESA à Cologne
(Allemagne). En tant qu’ingénieur chargé de l’entraînement des astronautes, il
a contribué à la préparation et à la mise en œuvre du programme de formation de
base des astronautes européens et a été responsable du maintien des compétences
des astronautes. Il a également été chargé de la base de données relative à
l’entraînement des astronautes, qui est le système logiciel utilisé pour
préparer et gérer cet entraînement. En 1995, dans le cadre du projet EuroMir,
il a été détaché à l’ESTEC à Noordwijk (Pays-Bas), où il a été responsable de
l’équipe qui a préparé, intégré et assuré le suivi de l’ordinateur de soutien
de la charge utile et de l’équipage utilisé à bord de la station spatiale russe
Mir.
En 1996,
Paolo Nespoli a été détaché au Johnson Space Center de la NASA à Houston
(Texas), auprès de la Division d’entraînement aux vols spatiaux, et a travaillé
à la préparation de l’entraînement de l’équipe au sol et de l’équipage de vol
de la station spatiale internationale. En juillet 1998, il a été sélectionné
comme astronaute par l’Agence spatiale italienne et, un mois plus tard, il
rejoignait le Corps des astronautes européens de l’ESA à Cologne. En août 1998,
réaffecté au Johnson Space Center de la NASA, il a rejoint la 17e promotion
des astronautes de la NASA. En 2000, il a obtenu les qualifications de base
nécessaires pour accomplir une mission à bord de la navette spatiale et de la
station spatiale internationale. En juillet 2001, il a suivi le cours de
formation au fonctionnement du bras télémanipulateur de la navette et, en
septembre 2003, celui pour les activités extra-véhiculaires.
En juin 2006, Paolo Nespoli a
été désigné membre d’équipage de la mission STS-120 destinée à transporter
l’élément de jonction n°2 de la station spatiale internationale (module de
connexion américain construit par l’Italie).
Cette mission STS-120 a évidemment
été l'une des choses les plus importantes que j'ai faites dans ma vie. J'ai
passé 10 ans à m'entraîner et j'avais auparavant passé 15 ans pour
devenir astronaute, cela fait un sacré bout de temps : finalement, pouvoir
aller là-haut, c'est le véritable clou d'une carrière.
Je me rappelle bien sûr de chaque
petit détail, des sensations, c'est assez amusant. Tout a été formidable :
le lancement a été très agréable, j'étais bien, tout comme quand je suis arrivé
sur orbite, et nous avons pu commencer à nous mettre au travail. J'étais très à
l'aise. En micropesanteur, tout ce que nous faisons est si différent, j'ai
trouvé cela très agréable.
Le vol STS-120 comportait
deux volets principaux. Le premier consistait à livrer à la station le module
d'amarrage Node 2 (Harmony) et le second devait permettre le repositionnement
des panneaux solaires P6 de la station. L'Europe était très attentive à la
livraison de Node 2, du fait notamment qu'il a été construit en Italie. Il
constitue donc un produit de l'industrie italienne et européenne, je dirais.
Mais parce qu'il constitue le point de passage qui va permettre à la station de
continuer à s'agrandir, avec l'arrivée prochaine du module Columbus et du
laboratoire japonais. Sans le Node 2, il aurait été très difficile voire
impossible d'ajouter ces éléments là-haut.
Pour ma part, je faisais partie de
l'équipage navette comme ingénieur de bord. J'ai notamment été en charge de
l'inspection du système de contrôle thermique à l'aide du bras robotique, me
suis occupé du rendez-vous avec la station et j'ai été le coordinateur des
sorties extravéhiculaires, qui ont été nombreuses et particulièrement
compliquées.
Bien sûr, regarder marcher des
hommes sur la Lune a été pour moi le début de mon rêve. Mais j'ai aussi été
marqué par d'autres événements, comme le sauvetage d'Apollo 13 et le
rassemblement de la NASA ou le lancement de la première navette spatiale. Je pense
également à l'accident de Challenger puis à celui de Columbia, après lequel
j'ai vu de nouveau ce rassemblement formidable pour que les vols reprennent et
que l'aventure continue. Mon vol aussi s'est déroulé dans cet esprit de vouloir
travailler dur ensemble.
Je crois que la navette spatiale
elle-même est une machine formidable. Elle peut emporter avec elle des
équipages et d'importantes charges utiles, c'est vraiment une grande
réalisation. Elle commence évidemment à vieillir un peu et à montrer quelques
signes de faiblesse mais elle reste dans la noblesse de l'art et il n'y a pas
d'équivalent. Même si nous allons bientôt revenir vers des capsules, je pense
que ce type de vaisseau spatial reste plein d'avenir.
Maintenant que nous avons
Columbus, il nous faut des astronautes pour y travailler. Mais évidemment nous
les astronautes voulons continuer à rêver : Mars constitue ainsi un but
essentiel.
Merci, Paolo Nespoli !
Interview
réalisée le 5 décembre 2007
(la veille
de la première tentative de lancement de Columbus)
au centre
de presse du Kennedy Space Center.
La semaine
prochaine (lundi 28 avril 2008) : Guillaume Hébrard