LES INVITES DU
COSMOPIF |
Les invités n°122 et 123 (lundi 18 septembre 2006)
Christelle Longo et Paul Mouginot
Représentants de la
France à l'International Space Camp 2006
Deux ans après Laure
Dieudonné et Jean-Baptiste Bertrand et un an après Mélanie
Gresser et Gilles Taillade, Christelle Longo (17 ans) et Paul Mouginot
(16 ans) ont à leur tour représenté la France au 17e Space
Camp international (ISC) qui s'est tenu à Huntsville (Alabama), du 22 au
29 juillet 2006.
Sélectionnés dans le cadre du concours " Voyageurs dans la banlieue de la Terre, pourquoi ?" organisé par
Planète Sciences et le CNES (avec le soutien de l'Euro Space Center, de Snecma
et d'ESPACE Magazine), ils ont ainsi côtoyé une soixantaine d'autres
jeunes du monde entier (24 pays étaient représentés) et participé à toutes
les activités spatiales traditionnelles du Space Camp, dont le point d'orgue a
été évidemment la simulation d'une mission spatiale d'environ 6 heures.
Pour découvrir le texte de
Christelle, cliquer ici et pour
découvrir celui de Paul, cliquer là
Pour admirer le
compte rendu de l'ISC 2006 réalisé par Maul Mouginot (60 pages !),
reportez-vous sur
son site www.webmachine.new.fr
Christelle Longo et Paul Mouginot à l'US Space Camp de
Huntsville en compagnie de leur accompagnateur Xavier Horion
Qui êtes-vous, Christelle
Longo et Paul Mouginot ?
J’ai deux passions : la musique et l’astronomie. Sinon, j’aime lire (fantastique, science-fiction et puis tout ce qui a un rapport avec l’astronomie), le sport (équitation, badminton) et voyager (je rêve de visiter l’Australie et le Japon).
Paul Mouginot : Je suis né à Bourgoin-Jallieu (38) en juillet 1990 mais je vis en Savoie depuis l'âge de 4 jours. Je me considère donc comme Savoyard. Je suis aujourd'hui lycéen, en Terminale S, à Chambéry. J'ai eu la chance de remporter un des deux prix du Concours Space Camp 2006. J'aime, bien sûr, les sciences et en particulier l'espace. Mes passions ? Monter des projets, expérimenter, découvrir, écouter, apprendre, comprendre... du mieux que je peux !
Cette
année dans mon lycée, avec un groupe de copains aussi fous que moi, je vais
lancer "l’année aéro-astro" avec des rencontres élèves-chercheurs que
j’orchestrerai (je commence à avoir quelques connaissances ;-) et, comme point
d’orgue, les portes ouvertes de mon lycée. Au programme : une expo photo,
des simulateurs de vol de type Orbiter, le partage de mon expérience au Space
Camp, des panneaux sur des thèmes d’astrophysique (le rayonnement cosmique,
etc.) et la présence de personnalités.
Quelle est votre passion, comment est-elle née,
comment la vivez-vous ?
Paul Mouginot : A 6 ans déjà, je lisais des ouvrages pour enfants traitant de l'espace. J'étais émerveillé de la beauté des nébuleuses, des multiples visages que pouvaient revêtir des planètes suivant leur taille ou leur distance au Soleil. A 8 ans, je connaissais par cœur ces distances. Je me souviens avoir assisté à une conférence sur le "Rayon vert" : à la fin de celle-ci, ayant compris la différence entre astronaute et astronome, je me suis fait une promesse : celle de faire de l'espace mon métier.
Mais
ce "rêve d'enfant" ne s'arrête pas là : aujourd'hui, mes rêves
se sont précisés et j'aimerais être astrophysicien. Néanmoins, mes
connaissances actuelles ne me permettent pas encore de réaliser ce désir. C'est
pourquoi je fais actuellement de la vulgarisation, à mon niveau. J'essaie
d'extrapoler "ce qu'on apprend à l'école" à l'espace. Et tout de
suite... c'est passionnant !
Quelle anecdote ou souvenir fort souhaiteriez-vous
nous faire partager ?
Christelle
Longo : Je n’ai pas un souvenir précis mais une semaine entière,
celle passé à l'International Space Camp cet été ! Une aventure
extraordinaire qui m’a permis de vivre ma passion à 200% et en même temps de
rencontrer d’autres jeunes avec différentes cultures.
Paul
Mouginot : Pour comprendre le métier de chercheur, j'ai effectué
deux stages dans un laboratoire de physique (le LPSC de Grenoble). Un des
objectifs de ce labo est de développer un imageur Cherenkov, qui permettra de
mesurer les caractéristiques des particules du rayonnement cosmique, autrement
dit décoder le "cri" du Big Bang : c'est le groupe AMS. Je
pensais initialement qu'un chercheur pouvait accomplir cette tâche à lui tout
seul, perdu dans ses feuilles de calcul (un peu comme les astronomes dans Tintin
et l'étoile mystérieuse... ;-) Mais non ! En travaillant (un peu...)
avec eux, j'ai compris combien le métier de chercheur était primordial. Il
participe de manière fractionnelle, voire insignifiante parfois, mais toujours
de manière précise à un immense projet : comprendre le monde. Cette
expérience m'a beaucoup marqué, et renforcé dans le choix de mon avenir.
Quelle serait votre photo spatiale ou astronomique
préférée et pourquoi ?
Christelle Longo : Je choisis la nébuleuse de la Tête
de cheval, tout simplement parce que je la trouve vraiment magnifique… J’ai
beau la contempler très souvent, à chaque fois, c’est le même sentiment
d’émerveillement qui m’envahit ! Je trouve que cette photo représente
vraiment bien la beauté de l’Univers.
La
nébuleuse de la Tête de Cheval (officiellement désignée IC 434 ou Barnard 33)
se situe dans la constellation d'Orion.
Son
éclat est trop faible pour apparaître sur une observation non posée.
Paul
Mouginot : Ma photo préférée est, sans aucun doute, celle réalisée par
l'astronaute Frank Culbertson (ISS Expédition 3 - nous l'avons rencontré durant
l'ISC), qui se trouvait dans l'ISS lors des attentats du 11 septembre 2001
à New York. Il a filmé l'incendie des deux tours du World Trade Center
depuis l'espace. C'est impressionnant. On voit la barbarie humaine même de là-haut !
Que doivent dire de nous les extraterrestres ?
La fumée des tours du World Trade Center le
11 septembre 2001 visibles depuis l'ISS
De la même manière, quel objet spatial
retiendriez-vous ?
Christelle Longo : Sans hésiter, je chois un
"gros" objet : Ariane 5… Ariane est une très belle réussite qui
d’ailleurs ne cesse de s’améliorer. Comme l’a dit Charles Hanin, ministre belge
de la politique scientifique qui fut l'artisan de la naissance de la fusée européenne en
1973 : "Ariane est un symbole fort de ce que l’Europe est capable de
réaliser lorsqu’elle est unie".
Paul
Mouginot : J'aime bien l'histoire des appareils photo de marque
Hasselblad, très utilisés dans l'espace. L'un deux fut perdu par l'astronaute
Michael Collins, alors qu'il effectuait une sortie extravéhiculaire (EVA) à
l'extérieur de sa capsule Gemini 10 en juillet 1966 : "Houston,
I lost my EVA Hasselblad inadvertently, I'm sorry to say", déclara-t-il.
Et un journal suédois de titrer le lendemain, non sans humour : "La
caméra Hasselblad, le premier satellite suédois !"
Des
Hasselblad furent utilisés par les astronautes lors de leurs excursions (SEVA)
sur la Lune. Ils avaient été spécialement créés pour eux...
Michael Collins s'entraînant pour
une EVA à bord d'un avion parabolique
Le célèbre Hasselblad SWC (super wide C) du programme Apollo
exposé à l'US Space & Rocket Center de Huntsville.
Equipé d'un objectif Zeiss 35 mm f/4,5, il a notamment
été modifié pour supporter les écarts importants
de pression, de température et de luminosité.
Photo Paul Mouginot
Quel serait votre rêve spatial le plus fou ?
Paul
Mouginot : Je rêve de devenir "Capcom" (capsule
communicator) ! Plus sérieusement, j'aimerais ardemment travailler dans le
futur pour la poursuite de conquête spatiale, qui unit les hommes !
Que représente pour vous le personnage de Youri
Gagarine ?
Paul
Mouginot : C'est mitigé... D'un côté, Youri Gagarine, c'est "le
pionnier". On lui a donné la chance inestimable de contempler le premier
la Terre dans sa globalité. Revenu sain et sauf sur Terre, il fut, pendant
longtemps, le héros de la conquête spatiale soviétique.
D'un autre côté, c'est le premier homme a être revenu vivant d'une mission spatiale russe. Qui sait... Certains l'ont peut être précédé mais sont morts avant... Et puis les critères de la sélection de cet homme sont à mon goût trop draconiens : il devait être un vrai Russe, de sang depuis deux générations.. Est-ce vraiment utile ? Il devait certainement avoir une immense pression politique sur les épaules.
Que représente pour vous la station Mir ?
Christelle
Longo : Mir fut une très belle réussite. Elle a permis de nombreuses
expériences scientifiques et par conséquent l’amélioration de nos
connaissances. Plus jeune, j’étais vraiment fascinée par cette station. Je
m’entends encore dire : "Un jour, j’irai dans Mir !"
Malheureusement, cela ne sera pas possible…
Paul Mouginot : Que d'aventures se sont passées dans cette station ! Que de rencontres entre nations, dans la paix ! Initialement projet de propagande, Mir est devenue une formidable épopée scientifique et a permis une union dans l'espace entre beaucoup de pays. L'enseignement ? Finalement, pour faire la paix, mieux vaut peut-être parfois prendre... de la hauteur ?
Que représente pour vous Spoutnik-1 ?
Christelle Longo : Je n’étais malheureusement pas
encore là pour assister au lancement de Spoutnik et entendre le célèbre
"bip-bip". Mais quoi qu’il en soit, les Soviétiques ont ainsi montré
leur savoir-faire au niveau spatial et lancé la "course vers
l’espace"…
Paul Mouginot : Le Spoutnik est une première, donc un
exploit : pour la première fois, on a satellisé un engin capable de
communiquer avec le sol, ouvrant une nouvelle ère, celle de l'utilisation de
l'espace comme vecteur de communications. Avec une petite touche de célébrité
en plus pour Spoutnik : qui ne se souvient pas du
"bip-bip-bip…" ?
Merci, Christelle Longo et Paul Mouginot !
La semaine prochaine (lundi
25 septembre 2006) : Don McCoy