L'invit� de la semaine derni�re : Nicolas Chateauneuf

 

LES INVITES DU COSMOPIF

 

N�253 (lundi 19 octobre 2009)

 

Olivier Las Vergnas

Directeur de la Cit� des M�tiers de La Villette

Pr�sident de l�Association fran�aise d�astronomie

Auteur de romans d'anticipation sociale (�ditions du passager clandestin)
http://enviedesavoir.org

 

 

Photo Emmanuelle Jouet

 

 

Qui �tes-vous, Olivier Las Vergnas ?

Je suis le cr�ateur et le directeur de la Cit� des m�tiers � la Cit� des sciences et de l�industrie � Paris et secr�taire g�n�ral du r�seau international des cit�s des m�tiers. Je suis �galement Pr�sident de l�Association fran�aise d�astronomie et directeur de la publication de sa revue Ciel et Espace.

Si je cherche � faire comprendre mon activit�, je dirais que je suis ing�nieur culturel, chercheur touche-�-tout (de l�astronomie aux sciences de l��ducation) et modeste romancier d�anticipation sociale. J�habite � Paris, un immeuble qui s�appelle l�astrolabe, situ� au milieu du quartier des observatoires, sur le m�ridien de Paris.

Mon principal passe-temps, c�est l��tude de la relation aux savoirs, aussi bien celle que j�entretiens moi-m�me avec les savoirs savants et profanes que le partage de savoirs en g�n�ral. Je m�int�resse particuli�rement aux strat�gies d�appropriation techniques et scientifiques par les non-scientifiques.

Personnellement, l�astronomie (la profondeur du relief de la voute c�leste), les technologies (la possibilit� de modifier son pouvoir d�agir concr�tement), l�anthropologie (les invariants qui font l�humain) me stimulent particuli�rement. J�ai aussi un faible particulier pour les espaces de Fourrier et les analyses factorielles tellement ces outils descriptifs permettent � tout moment de revisiter nos perceptions du monde.

 

 

Quel a �t� votre parcours professionnel ?

Mon parcours a surtout �t� chaotique : j�ai fait "ce qu�il fallait" mais dans le d�sordre, en temps partag� et souvent en temps cach� : �l�ve dans un grand lyc�e parisien, permanent � la f�d�ration nationale des clubs scientifiques au sein du Palais de la d�couverte, responsable de l�astro et de la formation � l�ANSTJ, �tudes de physique fondamentale et de statistique, co-cr�ation de la formation M�diation scientifique � l�IUT de Tours, cr�ation de la Cellule Publics professionnels � la Cit� des sciences, th�se de sciences de l�Univers, co-cr�ation des Nuits des �toiles (filantes), cr�ation et direction de la premi�re Cit� des m�tiers puis animation de son r�seau international, pr�sidence du mouvement fran�ais des exposciences (Cirasti). Tout cela a donn� quelques concepts, pas mal de souvenirs partag�s, d�outils et d�expositions, de publications concernant les sciences de l��ducation ou le partage de l�astronomie ainsi que deux romans.

 

 

Quelle est votre passion, comment est-elle n�e, comment la vivez-vous ?

R�trospectivement, c�est �tonnant combien l��cole m�ennuyait alors que dans le m�me temps le ciel, l��lectronique, l�image, l�anthropologie, la logique, la litt�rature de science fiction me passionnaient. Entre construire un oscilloscope ou tailler un miroir et aller en cours � Louis le Grand, il n�y avait pas photo ! Aujourd�hui, il n�est toujours difficile de ne pas �tre curieux de tout et je suis toujours en danger de tomber en phase maniaque.

Concr�tement, dans ma vie professionnelle ou associative, je suis surtout cantonn� dans la technocratie : je dirige, je pr�side, j�arbitre, je pr�pare des budgets, des dossiers europ�ens, je si�ge dans des jurys� Heureusement, il me reste quelques occasions de voir la voute c�leste, de travailler concr�tement sur la repr�sentation des savoirs de Mr et Mme Toutlemonde et de partager des savoirs avec eux.

De ce c�t�-l� du plaisir, j�essaye de ne pas rater les rares occasions que j�ai de photographier le ciel (et la Terre), de l�explorer avec d�autres, de faire visiter la Lune en la projetant en live sur un grand �cran. Et j��cris des expositions, je pr�pare des enqu�tes, j�envisage de nouveaux romans. Il m�arrive aussi de r�ver de retrouver du temps pour l�astronomie de recherche : pour marier analyse factorielle et analyse de Fourrier pour disposer d�un nouvel outil d��tudes des variations s�culaires des �toiles brillantes.

 

 

Quelle anecdote personnelle ou souvenir fort li� � la conqu�te spatiale souhaiteriez-vous nous faire partager ?

Pour un rampant comme moi, il s�agit forc�ment d�anecdotes pour le fun. En voil� deux :

 

La premi�re : je me souviens d�un s�minaire, "Spacelab ouvert aux jeunes" organis� � Lyon en juin 1978, au cours duquel nous avions invent� des exp�riences �chevel�es. La plus int�ressante ? Jeter une boule de neige (sale) par un hublot du futur laboratoire spatial europ�en Spacelab pour observer la formation des queues de cette nouvelle com�te. A ma connaissance, il n�y a pas eu de suite�

 

La seconde : lors de la grande op�ration "Le m�tro � ciel ouvert", coproduite entre AFA, RATP et ANSTJ pour laquelle nous allions d�ployer de l�astronomie et du spatial dans 16 stations de m�tro en mars et avril 1985, nous devions installer le mod�le de vol de la coiffe d�Ariane � la station RER de La D�fense. Donc, convoi exceptionnel, semi remorques am�nag�es, gyrophares et transport de nuit. Nous avions trouv� la meilleure solution pour la convoyer en fin de parcours sur les 100 derniers m�tres de couloirs du RER jusqu�� la salle d��change : 6 skate-boards pour pouvoir la pousser � plat dans les couloirs. Ce que nous n�avions pas pr�vu, c�est l�accident avec un couple de retrait�s en 304 Peugeot qui sortait de la s�ance de minuit au cin�ma des Quatre temps. En se garant sous la grue de d�chargement, le semi-remorque qui portait une des deux demi-coiffes a �charp� l�aile de la malheureuse voiture familiale. Le couple au volant a absolument tenu � ce que l�on mette bien sur le constat amiable : V�hicule A : 304 et V�hicule B : fus�e Ariane. Ils �taient aux anges d�avoir eu un accident de circulation avec un transport spatial. C�est tout juste s�ils ne nous ont pas embrass�s !

 

 

Quelle serait votre photo spatiale ou astronomique pr�f�r�e et pourquoi ?

Voil� bien le genre de question susceptible de me rendre (encore plus) fou. Il suffit de jeter un �il sur la galerie de l'agence photos de Ciel et Espace pour se demander comment choisir. Voil� trois tentatives de r�ponse :

 

Toutes cat�gories confondues : n�importe quelle image du site Hubble heritage image gallery d�di� aux clich�s du t�lescope spatial Hubble. Par exemple celle du voisinage de l'�toile variable LL Orionis, non loin du centre de la n�buleuse d�Orion.

 

 

 

Cela dit, p�dagogiquement, les photos qui me font le plus d�effet sont celles r�alis�es avec un simple prisme-objectif ou r�seau objectif, surtout sur des objets complexes, comme les n�buleuses gazeuses ou plan�taires. J�en avais de superbes de la n�buleuse d�Orion sur de vieux ektachrome, prises � Chamaloc en 1981, mais impossible de remettre la main dessus� Alors, je vous renvoie vers les r�alisations de Christian Buil. Pourquoi ? Parce qu�elles font r�fl�chir � ce qu�est la lumi�re et � l�information qu�elle peut transmettre.

 

Et esth�tiquement, celles que je pr�f�re, ce sont des photos astronomiques avec un premier plan terrestre, parce qu�elles permettent de retisser le lien entre ciel et Terre.

Voir http://enviedesavoir.org/tour-cometes/tour.htm ou http://enviedesavoir.org/tour/tour.htm

 

   

 

Photos Olivier Las Vergnas

 

 

De la m�me mani�re, quel objet spatial vous fascine-t-il ?

Je pense � Hyp�rion, le fils d�Ouranos et de Gaia, p�re du Soleil, de la Lune et de l�Aurore dans la mythologie grecque. J�ai choisi ce satellite de Saturne parce que c�est l�objet favori de Sirwan, le h�ros de mon dernier roman, Autopsie d�un sans-papiers. Sirwan qui vit dans une cave y a peint une fresque g�ante de l�arriv�e d�un robot sur Hyp�rion plus grand corps irr�gulier du syst�me solaire et exceptionnel par ses mouvements chaotiques sur lui-m�me (au sens d�impr�visible).

 

 

Le petit satellite de Saturne Hyp�rion (270 km de diam�tre), survol� par la sonde Cassini en septembre 2005

 

 

Quel souvenir gardez-vous de la nuit du 20 au 21 juillet 1969 ?

On avait lou� une t�l� pour l�occasion. A l��poque, je d�vorais quatre ou cinq romans de SF par semaine. Je les ai � peu pr�s tous oubli�s mais pas ce que j�ai vu et entendu ce petit matin-l� : j�en ai encore le gr�sillement de la NASA dans les oreilles�

 

Quel serait votre r�ve spatial le plus fou ?

Je n'ai pas un r�ve spatial au sens habituel du terme. Mon r�ve est plut�t un r�ve astronomique : sauver le ciel nocturne pour qu�il ne soit pas qu�un souvenir r�serv� � quelques nostalgiques. Re-rendre visible la Voie lact�e � tous..

 

 

Merci, Olivier Las Vergnas !

 

Interview r�alis�e par mail en juillet 2009

 

 

 

La semaine prochaine (lundi 26 octobre 2009) : Paolo Ulivi

 

 

 

 

 

 

Les coordonn�es des invit�s ne sont communiqu�es en aucun cas

 

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