LES INVITES DU COSMOPIF |
L'invité n°140 (lundi 12 mars 2007)
Trésorier
du secteur Espace de Planète Sciences
www.planete-sciences.org/espace/
Qui
êtes-vous, Emmanuel Jolly ?
Je
suis né le 18 octobre 1974 à Melle dans les Deux-Sèvres. Originaire d’une
campagne calme et paisible, j’ai très vite été passionné par l’espace et la
technique en général. Je suis allé au lycée à Niort où j’ai passé mon bac E
avant de continuer mes études à l’INSA de Lyon. J’ai rêvé d’être astronaute
jusqu’à l’âge de 12 ans. Ensuite, et notamment pour des raisons de santé,
j’ai su que ça ne serait pas possible. Alors je me suis déterminé à devenir
ingénieur en électronique.
Après
mes études d’ingénieur, j’ai commencé par un poste de scientifique du
contingent au LRBA de Vernon (illustre établissement de la conquête spatiale
française). J’ai participé à un grand nombre d’essais d'un système de navigation
basé sur le GPS. Ce passage dans cet établissement était assez passionnant pour
moi. On sentait vraiment qu’il y’avait l’histoire des premières fusées
françaises.
J’ai
ensuite rejoint en tant qu’ingénieur la société EADS-Sodern. Cette société est
reconnue pour ses équipements spatiaux mais je me suis plutôt développé dans la
partie neutronique industrielle. Ce fut une expérience très riche pour moi.
J’ai pu prendre beaucoup de responsabilités. D’ingénieur à responsable de
projet, j’ai travaillé sur des projets très complets techniquement mais aussi
très novateurs.
Enfin,
depuis maintenant un an, j’ai rejoint la société Sagem DS du groupe
Safran. Je suis responsable de programme sur des systèmes aéronautiques.
Je
suis passionné par tout ce qui vole. Et particulièrement par ce qui dépasse
l’atmosphère.
Je
ne suis pas né avec Apollo mais avec Skylab et les débuts du programme Ariane.
C'est-à-dire que j’ai plutôt connu l’exploitation de l’espace plutôt que sa
conquête. Les premières images qui me reviennent sont notamment celles du
premier vol d’Ariane, celui de la navette, les premiers Français dans les
stations russes…
Maintenant,
même si je suis l’actualité spatiale de près, je me passionne tout autant à
l’histoire de cette conquête spatiale.
Et
puis bien entendu, je vis ma passion avec Planète Sciences !
Cette association me fait découvrir des gens formidables plein de passions et de
talents. J’apprécie de pouvoir partager mes rêves et passions avec eux mais
aussi de leur communiquer mes connaissances et expériences personnelles.
Emmanuel Jolly au pied du démonstrateur atmosphérique
Enterprise
au Musée de l'Air et de l'Espace de Washington
Plusieurs
évènements ont jalonné ma passion et ont marqué mon existence.
En
premier, je pense à la première image que j’ai vu à travers une lunette
astronomique : Saturne. Je devais avoir 8 ou 10 ans, je ne me
rappelle plus exactement.
En
second, ce fut le lancement de ma première fusée expérimentale. Le stress de la
chronologie, le décompte final, la mise à feu, la disparition de la fusée dans
le ciel… et la redescente sous parachute.
En
dernier, ce fut un événement récent mais plus personnel. Mon amie avait
organisé pour mes 30 ans une fête surprise. Elle avait réussi à réunir
tous mes mondes : les amis, les collègues et les copains de Planète
Sciences. C’est aussi ça une passion : arriver à faire un mélange des
genres pour en faire profiter tout le monde.
Emmanuel Jolly sur la campagne annuelle des clubs
aérospatiaux
Comme
je l’ai expliqué précédemment, c’est probablement l'image de Saturne au
télescope qui a marqué ma passion. Un instituteur m’avait prêté une lunette de
60 mm de diamètre, Saturne était toute petite dans mon objectif. La
qualité n’était pas au rendez-vous mais ce fut très excitant de voir cette
planète entourée de ses anneaux.
Je
retiens les sondes d’exploration Pionner 10 et Voyager 1. Ce sont des
engins extraordinaires. D’une part, ils ont été conçus pour "explorer"
le Système solaire, un peu comme il y a quelques siècles quand on lançait des
bateaux sur les océans sans vraiment savoir ce qu’on allait trouver. D’autre
part, Pionner 10 a été la première a quitter le Système solaire, devenant alors
l’objet issu de la main de l’homme le plus éloigné de la Terre. Enfin, en tant
qu’électronicien, je trouve cela très remarquable d’arriver à faire fonctionner
une électronique pendant près de 30 ans dans des conditions
extrêmes !
Vues d'artiste des sondes Pioneer 10 et Voyager 2
Lancée vers
Jupiter le 2 mars 1972, Pioneer 10 fut la première à dépasser
l'orbite de Pluton en 1987.
Elle a été
"doublée" en 1998 par Voyager 1, ainsi est devenue l'objet de
fabrication humaine le plus éloigné de la Terre.
Quand
on est un simple Terrien retenu par la pesanteur, n’importe quel rêve spatial
est un peu fou. Personnellement, un simple vol suborbital me conviendrait…
Plus
concrètement, mais je pense qu’à l’heure actuelle c’est encore un rêve,
j’aimerais voir l’homme marcher sur la Lune durant mon existence.
Youri
Gagarine, c’est l’homme de la conquête spatiale, probablement celui qui la
marque le plus. Il est à la fois un pionnier car, à cette époque, il fallait
avoir beaucoup de courage pour monter en haut de la fusée. Mais il est aussi
image de ce qu’était la conquête spatiale de l’époque : un véritable outil
de propagande.
Que représente pour vous la station Mir ?
Mir
représente une époque. Celle du début de l’occupation permanente de l’espace
par l’homme. Les records de séjour ont été battus un par un. Ce fut aussi le
temps du véritable rapprochement entre les deux grandes puissances spatiales.
Enfin,
Mir rappelle un grand changement qui s'est opéré au début des années 90 :
Sergueï Krikalev y est entré en tant que Soviétique et en est sorti quelques
mois plus tard en tant que Russe !
Que représente pour vous Spoutnik-1 ?
Spoutnik-1 c’est l’aboutissement d’un rêve des hommes : créer un satellite artificiel de la Terre. C’est aussi le début d’une des dernières conquêtes de l’homme, celle de l’espace. Sergueï Korolev a su penser la fusée et le satellite. C’était un ingénieur. Quand on a une formation d’ingénieur, on se sent tout petit par rapport à un tel personnage.
L’un
de mes films préférés est Ciel d'octobre ; probablement que si
j’avais été moi-même enfant le 4 octobre 1957, j’aurais réagi de la même
manière, sans forcément avoir le même destin…
Ciel
d'octobre (October Sky), film américain de Joe Johnston (1999,
107 minutes)
La naissance
de la vocation d'un futur ingénieur de la NASA, Homer Hickam, à l'occasion du
lancement du premier Spoutnik.
Merci, Emmanuel Jolly !
La semaine prochaine (lundi
19 mars 2007) : Philippe Droneau