LES INVITES DU COSMOPIF
N°360
(lundi 28 mai 2012)
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Romain Humeau en bref
Romain Humeau est né le 10 avril 1971 à Aix-en-Provence et a
grandi dans le Lot-et-Garonne. Il est musicien multi-instrumentiste (batteur de
formation, guitariste, bassiste, joueur de banjo, violoniste et pianiste), chanteur,
auteur, compositeur, interprète, arrangeur et producteur. Il a suivi des études
au conservatoire de Toulouse où il a rencontré Estelle,
musicienne multi-instrumentaliste baroque, qu’il épouse en 1995 (leur fille Salomé
naîtra l’année suivante).
Pour accompagner les
compositions de Romain, ils forment la même année à Bordeaux le groupe Oobik & the Pucks (référence
au roman Ubik de Philip K. Dick). Un album éponyme sort en 1996
mais l’aventure tourne court deux ans plus tard lorsqu’apparaissent de
sérieuses divergences entre le groupe et sa maison de disque. Eiffel nait alors,
composé du même quatuor au départ (des changements de musiciens interviendront
par la suite). Le nom du groupe est cette fois tiré de la chanson Alec Eiffel,
présente sur le dernier album des Pixies, Trompe le Monde (1991).
En 2005, profitant d’une
pause du groupe après une tournée éprouvante (120 dates !), Romain Humeau, déjà habitué à des collaborations extérieures
(notamment des arrangements sur des albums de Noir Désir, Les Têtes Raides ou
Les Hurlements d’Léo), sort un album solo, L'Eternité
de l'instant. Il travaille également avec Alain Bashung
pour la préparation de son album Bleu
Pétrole (2008).
En 2012, Eiffel s’apprête à
sortir son cinquième album studio depuis 2001, Foule Monstre (un double album live est sorti en 2004). Depuis 2007, le
groupe dispose de son propre studio d’enregistrement, le studio des Romanos, installé au fond
du jardin des Humeau à Bordeaux.
La
formation actuelle d’Eiffel sur scène. De gauche à droite :
Nicolas Bonnière (guitare), Estelle Humeau
(basse, entre autres), Romain Humeau (chant et
guitare) et Nicolas Courret (batterie).
6 questions
à Romain Humeau
Oui, complètement ! Je suis loin d’être
un spécialiste mais, en amateur, oui, ça m’intéresse !
Ca m’intrigue toujours ces choses-là, les
galaxies, les trous noirs, les quarks, les quasars…
Comme j’ai fait une Terminale scientifique
-de pacotille- et puis j’ai fait une Fac bio, voilà, j’aimais bien tout ce qui
était en rapport avec l’infiniment grand et l’infiniment petit, que je pense
d’ailleurs évoquer dans mes chansons, à ma manière…
L’espace pourrait être source d’inspiration pour une de
vos chansons ?
Ah si ! Je ne l’ai pas encore fait…
Franck Black des Pixies l’a fait merveilleusement
bien…
Ah si, si, si, il y a un milliard de
choses ! Par exemple les quarks ou les quasars, je ne sais plus quelle
particule qui arrive avant d’être partie… [Rire] C’est un truc complètement merveilleux.
Ou ces histoires de galaxies avec des trous noirs qui sont comme des portes sur
d’autres univers… Sur le nouvel album d’Eiffel, on a
une chanson qui s’appelle Puerta Del Angel
(La porte de l’ange, c’est une avenue à Barcelone), c’est un morceau avec une
porte. On le voyait comme ça quand on l’a enregistré : on est dans une
sorte d’élément et il y a un morphing. Je parlais de trou noir : on part
dans un truc et on ressort dans autre chose. En fait, c’est pas du tout une
chanson, un rumbo couplet-refrain, c’est plutôt une
chanson pour ouvrir des portes, vous voyez ce que je veux dire ? Oui, y’a
ce rapport-là quand même…
Couverture de l’album Bossanova des Pixies
(1990) - Avenue Puerta Del Angel à Barcelone
Je
vais être flou dans mes souvenirs mais je me rappelle de la NASA qui avait
envoyé cette fusée dans les années 80, qui avait explosé et qui emportait cette
femme, une prof, je crois… On a presque vécu le truc en direct, ça m’avait
beaucoup frappé en tant que gamin.
Après,
j’ai tout le temps entendu mes parents, ma mère me racontant avoir suivi la
conquête de la Lune, son « On a marché sur la Lune », ça m’a toujours
marqué.
Il
y a aussi cette anecdote... Paraît-il... Un des astronautes qui a marché sur la
Lune, quand il était sur la Lune, a bazouké quelques
mots… Ah, je ne saurai pas la raconter celle-ci ! C’est une histoire de quand
il était gamin…
C’est le
“Good Luck, Mr. Gorsky” d’Armstrong ?
Voilà,
exactement ! Oui, je l’ai apprise il n’y a pas longtemps… [Rires]
Ah bah c’est le premier pas sur la Lune, quand même !
Parce que je suis un peu inculte, que c’est une image, voilà…
Oh oui, oui-oui, je vais être ridicule mais voilà, c’est
moi, la première conquête spatiale pour moi, c’est Tintin et Milou, c’est On a marché sur la Lune. Oui, c’est la
fusée, je lisais ça, je devais avoir 6 ans, j’étais… j’étais vert !
[Rires]
Voilà, c’est cette fusée, une peu
rondouillarde.
Ca c’est une vraie question ! Faut
pas être fermé… Je ne sais pas, depuis que l’être humain existe, il a toujours
essayé de voir plus grand qu’il n’était, avec l’idée de Dieu, avec les
philosophies, avec les constructions, les monuments, les cathédrales, les
minarets… -il en est question d’ailleurs dans Place de mon Cœur. Enfin, ce sont des choses qui nous dépassent un
peu, qui sont la représentation de quelque chose d’au-dessus. Puis il y a eu
effectivement le commencement de la conquête spatiale petit à petit et puis il
y a le Net aussi, qui est : on est là mais en fait on peut être ailleurs
en même temps. Et donc, l’idée d’aller
habiter sur une autre planète, c’est un prolongement de cette idée-là, d’être
plus grand qu’on est. Et est-ce que l’être humain est capable de l’assumer
réellement ? On est quand même des êtres finis et non infinis,
contrairement à beaucoup de choses qui nous entourent, à priori. J’en sais rien en même temps, parce que c’est à l’échelle de
quoi ? Alors d’un côté, pourquoi pas ! Mais je me dis que l’être
humain devrait se la jouer un peu plus… sobre, c’est juste ça [Rire]. Est-ce
qu’on ne devrait pas être moins nombreux ? Mais on ne sera jamais moins
nombreux -avant, il y avait la sélection naturelle –c’est trash, ce que je dis.
Maintenant on peut vivre… Moi peut-être que je devrais être déjà mort, à 41 ans !
Merci, Romain Humeau !
Interview
réalisée au bar Le Truskel à Paris le 21 mai
2012
à
l’occasion de l’écoute en avant-première du nouvel album d’Eiffel, Foule
Monstre
(à paraître le 10 septembre 2012)
Photo Benjamin Sebag
La
semaine prochaine (lundi 4 juin 2012) : Anne Grudzien