LES
INVITES DU COSMOPIF
N°78
(lundi 18 juillet 2005)
www.planete-sciences.org/midi-pyrenees
Qui êtes-vous, Xavier Horion ?
Originaire
de l'Ouest de la France, je suis né en 1973 à Sablé-sur-Sarthe, ville des
ministres Joël Le Theule et Francois Fillon. Tous les deux ont eu à tremper
avec Airbus et l'espace, le premier aux transports de 1978 à 1980 et le second
aux télécommunications et à l'espace de 1995 à 1997. Mais ma passion n'est pas
née de là.
Actuellement,
je travaille au sein d'Airbus France en tant que "Customer Inspection
Manager A330/A340". Durant les 4 à 6 mois que durent l'assemblage
final, la peinture et l'aménagement intérieur d'un avion, les représentants des
compagnies aériennes clientes peuvent visiter leurs avions jusqu'à
60 fois. Mon rôle est de les accompagner lors de ces visites et de faire
l'interface entre eux et les différentes entités d'Airbus.
A
titre bénévole, je suis secrétaire de Planète Sciences Midi-Pyrénées. Je suis
également moniteur de plongée. Depuis août 2003, je m'adonne à la généalogie.
Cet intérêt tardif est apparu alors que j'allais devenir papa quelques mois
après. Aujourd'hui, je réside à Blagnac avec mon épouse et notre fille Claire.
Sans
trop me poser de questions, j'ai suivi le parcours des "forts en
maths" intéressés par les sciences physiques : BAC C, Maths Sup,
Maths Spé. Mais, à la fin de Maths Spé à Rennes en 1993, je me retrouve face à
un gros dilemme : quelle école d'ingénieur choisir ? L'ENSICA
(construction aéronautiques à Toulouse) ou l'ENSIMAG (informatique et maths
appliqués à Grenoble) ? D'un côté, les "queues blanches" sur le
tarmac de Toulouse-Blagnac, ces avions aux dérives restées blanches car non
vendus, et un projet Hermes qui s'abandonne. De l'autre côté, un secteur en
pleine ébullition et l'argument de pouvoir intervenir dans tous les secteurs.
Ce sera finalement Grenoble pour trois années, le ski (jusqu'à 50 sorties
par an), le club Spacizer avec Jean Lamoure (alors au CEA) et la rencontre avec
Agnès qui deviendra mon épouse.
En
1996-1997, je suis scientifique du contingent à la DLA, le centre du CNES situé
en charge des lanceurs Ariane à Evry. Je réside alors à quelques kilomètres des
locaux de l'ANSTJ (ex-Planète
Sciences), où je rencontre Pif, alors responsable du secteur Espace. Après
les fameuses permanences du mercredi soir, nous enchaînons quelques parties de
Space Go chez moi et faisons la fortune de Yoplait par notre consommation de
Paniers de Fruits aux cerises griottes. Notre principal problème est le stock
de yaourt aux pêches, ananas et autres fruits qui restent dans le
réfrigérateur. Nous nous fendons alors d'un courrier à Danone pour leur
demander de faire des paquets ne contenant que des yaourts à la cerise. La
réponse, très polie, nous parvient avec des bons de réductions. Aujourd'hui,
dix ans après, vous pouvez trouver dans vos linéaires des paquets de
4 yaourts d'un seul fruit !
Je suis ensuite embauché par Cap Gemini pour travailler à côté de Marseille (youpi, les fonds marins !). A la fin de mission, le retour sur la capitale est difficile. Durant ces trois mois parisiens, je redescends souvent vers Marseille. Un vendredi soir en reprenant l'avion vers le Sud, je trouve par hasard une annonce d'Aérospatiale qui recherche des "informaticiens spécialisés en simulation pour ses sites de Toulouse et des Mureaux". C'est suffisamment rare pour ne pas tenter sa chance ! En septembre 1998, direction Toulouse.
Mon
premier souvenir "spatial" date d'un voyage scolaire en classe de
primaire. Ce voyage n'avait rien à voir avec l'espace mais je suivais beaucoup
l'actualité à cette époque et, ce jour-là, je savais qu'il devait y avoir une
fusée française qui devait décoller depuis un confetti de territoire dont je
n'avais jamais entendu le nom auparavant. J'avais compris que c'était
important, que cela se passerait dans la journée et qu'il ne fallait pas que ça
rate ! Mais impossible d'en savoir plus : aucune information auprès des
accompagnateurs, pas de journal Ouest-France à midi, pas de radio dans
la voiture entre l'école et la maison non plus. Ce n'est que quelques années
plus tard, en me souvenant de la date du voyage scolaire (juin) et de ma
maîtresse, que j'ai pu faire le lien : j'étais en CE1, c'était en juin 1981
et il s'agissait du lancement L03 de la fusée Ariane. Et s'il ne fallait
surtout pas que cela rate, c'est que L02 avait été un échec.
19 juin 1981 : Ariane renoue avec le succès.
Première mondiale, les satellites Meteosat 2 et Appel
(Inde) sont placés simultanément sur orbite GTO
Photo CNES
Mais
c'est quelques années plus tard que je suis véritablement "tombé
dedans" : à l'occasion de mon brevet des collèges, mes parents m'ont
offert un stage d'une semaine en Savoie sur les thèmes de l'espace et de
l'astronomie. Pierre et Edith Gau m'ont alors guidé dans la construction de mes
premières microfusées. Ils m'ont inculqué un virus qui ne m'a jamais
quitté : j'ai construit des fusées au club Spacizer, suis devenu lanceur,
aérotechnicien, suiveur…
Incontestablement,
mon premier "gros" bouquin au sujet de l'espace restera un souvenir
fort. A l'époque existait l'émission "Astr3naute", sur la 3
forcément. Un jeu concours avait été organisé et il fallait reconnaître une
fusée à partir d'une photo présentée à l'écran. Du premier coup d'œil, j'ai
reconnu Véronique. Mais il fallait répondre par Minitel. Or mes parents n'en
avaient pas et je ne m'en étais jamais servi. Sacré challenge que d'en débusquer
un pour répondre !
Quelques
jours avant nos premières vacances à la neige, je recevais un courrier de la 3
m'annonçant que j'avais gagné et que le prix arriverait d'ici quelques jours.
La veille du départ, un avis de passage pour le fameux colis était glissé dans
la boite aux lettres. Nous étions en plein préparatifs à faire nos valises. Mes
parents ont bien compris qu'il faudrait aller chercher le prix malgré tout. Ce
bouquin, je l'ai encore : c'est Le grand atlas Universalis de l'espace.
En attendant une remise à jour, 20 ans après son édition !
J'ai
toujours aimé la mission Hipparcos. Imaginez : un satellite qui vous donne
la grandeur de l'Univers ! Et sur un principe, la parallaxe, que vous
pouvez tester en fermant un œil puis l'autre. Comptez quelques décennies entre
l'idée originelle du projet et sa réalisation. Ajoutez à cela le sauvetage de
la mission suite à la panne du moteur de circularisation de l'orbite.
Je
choisi l'Airbus A300 zéro-G de Novespace. Travaillant chez Airbus et ayant
participé à une campagne de vols paraboliques en septembre 2001, c'est bien
légitime. Je suis bien entendu tenté par recommencer l'expérience. Sans pour
autant attendre l'arrivée de l'A380-0G (voir le poisson d'avril posté sur Techno Science) !
Et
s'il existait, je choisirais le premier vaisseau de tourisme spatial d'une
capacité de plus de 555 passagers. Pourquoi 555 passagers ? C'est
tout simplement la configuration standard de l'A380 qui a effectué son premier
vol ce mois d'avril, nouvelle étape du tourisme aérien. Je ne sais pas quand
l'équivalent spatial volera. J'espère seulement qu'il n'aura pas le rôle de
chaloupe de sauvetage d'une humanité ne pouvant plus vivre sur sa
Terre-berceau.
Xavier Horion à bord de l'A300 zéro-G. Notez le petit sac,
au cas où…
Après l'A300 zéro-G, l'A380 ?
Montage Pif
Rêve
astronomique ou spatial, je ne sais lequel choisir. Se détendre dans un bain
bouillant par une nuit d'été étoilée en observant les étoiles filantes,
pourquoi pas ? Ou surprendre en direct une supernova. Que ce soit depuis
un Virgin Galactic, une station orbitale ou un bain chaud et bouillant, peu
importe !
Merci, Xavier Horion !
Interview
réalisée par mail en avril-mai 2005
La semaine
prochaine (lundi 25 juillet 2005) : Pascal Bonnefond