L'invité de la semaine
dernière : William
Ayrey
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°280 (lundi 17 mai 2010)
Qui êtes-vous, Jean-Pierre Goux ?
Je suis
né en 1973 à Nice, je suis marié et j’ai deux enfants. Après avoir été
chercheur en mathématiques pendant presque dix ans, je travaille depuis
quelques années dans le secteur de l’économie et de l’énergie à Paris. En marge
de cette activité, je suis fasciné par l’écriture et la conquête spatiale. Je
travaille depuis 10 ans à l’écriture de Siècle bleu, un thriller écologique
qui vient d’être publié le 22 avril dernier et où l’espace occupe une
place très importante. En quelques mots, Siècle bleu raconte l'histoire
d'Abel, le leader de l’organisation
clandestine écologiste Gaïa, qui veut changer le monde. Il déclenche une série
d’actions de grande ampleur, mais son plan est arrêté par les Etats-Unis qui le
désignent comme bouc émissaire pour se sortir d’un imbroglio avec la Chine,
avec qui ils sont en pleine lutte pour retourner sur la Lune. Devenu l’ennemi
public numéro 1, Abel n’a pas d’autres choix que de découvrir la vérité. Son
destin télescopera celui de Paul Gardner, son ami d'enfance, astronaute à la
NASA et membre de la première mission américaine qui doit se poser sur la Lune.
J’ai
commencé par des études d’ingénieur (à l’Ecole
Nationale Supérieure de Techniques Avancées
à Paris). Passionné par la recherche, j’ai effectué en parallèle un DEA de
mathématiques appliquées à l’économie. Je suis ensuite parti quatre ans faire
de la recherche à Chicago, à la Northwestern University et à l'Argonne National
Laboratory où j’ai travaillé sur la résolution de problèmes d’optimisation
complexes (dont certains appliqués au spatial, pour le calcul des formes des
structures). Depuis 2000, je suis de retour à Paris où j’ai aidé à la création
d’une société de conseil en modélisation et optimisation à destination des
grandes entreprises françaises. Passionné par l’évolution du secteur de
l’énergie, dont la réduction de la consommation et la transition vers des
énergies renouvelables seront les clefs du 21e siècle, je me
suis spécialisé dans ce secteur depuis quelques années.
Depuis
l’adolescence, je suis passionné par la protection de la planète et
l’exploration spatiale. Pour moi, ces deux passions forment un tout. Elles
sont nées en 1989 lorsque j’ai entendu parler pour la première fois du projet
Biosphere 2. Il s’agit d’une serre, réplique miniature de la Terre
miniature (mais de quand même plus d’un hectare), capable d’héberger en
autarcie complète et isolation totale avec l’extérieur 8 humains. Elle a
été construite au milieu du désert d’Arizona. Biosphere 2 devait servir à préparer
l’établissement de colons sur la Lune et Mars. Le projet a échoué en 1993 et
j’en ai recherché les causes pendant 16 ans.
J’ai
été également été profondément marqué par Clairs
de Terre, un ouvrage de photos de la Terre prises et commentées par les
astronautes de l’Association of Space Explorers. Ce livre m’a fait découvrir la
poésie et la sensibilité de ces individus d’exception. J’ai alors rencontré un
grand nombre d’astronautes. Beaucoup étaient devenus des défenseurs de la
planète après la longue contemplation de la Terre depuis l’orbite.
Clairs de Terre
est paru en 1998 chez Bordas
Je
m’intéresse enfin beaucoup aux aspects géopolitiques du secteur spatial,
notamment à la lutte qui oppose les Etats-Unis et la Chine. Mon thriller Siècle bleu s’inspire de Biosphere 2, de
la vision de la Terre par les astronautes et de ces aspects géopolitiques.
En
septembre 2009, j’ai enfin rencontré John Allen, le créateur visionnaire de
Biosphere 2, âgé de 80 ans. La discussion fut extraordinaire et il m’a
révélé que l’establishment américain avait organisé la cabale contre Biosphere
2, notamment parce que Washington était convaincu que cette expérience était
une base avancée des Russes aux Etats-Unis ! En effet, John Allen avait
beaucoup travaillé avec les scientifiques russes du secteur spatial qui lui
avaient donné les données recueillies dans leurs propres expériences de vie
dans des écosystèmes clos (life-support
systems).
Même si ce n’est pas original, je dirais sans aucun
doute The Blue Marble (la bille bleue), prise en 1972 par les astronautes
d’Apollo 17. Ce cliché est la photo de la Terre la plus reproduite (et
peut-être l’une des photos les plus reproduites). Elle a participé à cette
époque à la prise de conscience écologique et à l’essor de ces mouvement de
protection de la planète. Dommage que cet enchantement se soit par la suite
essoufflé. Mon roman Siècle bleu essaye à sa manière de le réactiver.
Je serais tenté de dire la Terre ! Mais vu que
j’ai beaucoup parlé de la Terre, c’est la Lune que je vais choisir. Sans elle,
l’axe de la Terre serait instable (comme celui d’Uranus) et la vie sur Terre
n’aurait jamais pu émerger ou alors sous une autre forme. La lumière du soleil
réfléchie par la Lune a aussi permis que les hommes aient moins peur des bêtes
féroces. Les nuits terrestres seraient terribles sans elle et on comprend mieux
pourquoi les phases de la Lune avait une place si importante dans les cultes
ancestraux. Enfin, la sombre clarté de la Lune a certainement aussi favorisé le
développement de la contemplation et de la poésie au sein de l’espèce humaine.
Je
n’étais malheureusement pas né ! Mais pour moi cela restera la plus
incroyable des aventures humaines. Il faut reprendre la route des étoiles.
Vite.
Je
rêve qu’un sommet du G8 se déroule dans l’espace ! Peut-être qu’en restant
sur orbite quelques jours, les dirigeants de ce monde comprendraient que notre
planète est précieuse et que nous n’en avons qu’une…
Merci, Jean-Pierre Goux !
Interview
réalisée par mail en avril 2010
La semaine
prochaine (lundi 24 mai 2010) : Mathilde Savreux