L'invité de la semaine
dernière : Christian
Grenier
LES
INVITES DU COSMOPIF
N°71
(lundi 30 mai 2005)
Photo Pif
Qui êtes-vous, Gérard Feldzer ?
La première fois
que j'ai eu une ligne téléphonique, la postière des PTT m'a inscrit dans la
rubrique professionnelle en tant qu'acrobate. 40 années plus tard, je
m'aperçois que rien n'a changé : je suis toujours acrobate et les
fonctionnaires existent toujours.
Etudiant un peu turbulent avec un
complice (Pierre Chesneau, aujourd'hui PDG de Corsair), ingénieur trop
inventif, organisateur de loisirs et de voyages avec un autre complice (Jacques
Maillot, Nouvelles Frontières), chef de village (avec Christian Blanc aux
commandes), pilote de tout (ULM, voltige, delta, para, hélico, ballon à pédales
avec Nicolas Hulot.) et pilote de ligne jusqu'en 2004 (20 000 heures
de vol, dont 5 000 en couchette). Je préside depuis 1994 le plus vieil
aéroclub du monde, l'Aéro-Club de France et dirige depuis le début de l'année
2005 le plus vieux musée aéronautique du monde, le Musée
de l'Air et de l'Espace du Bourget.
Le
dirigeable à pédales Zeppy 2 biplace utilisé pour la tentative de traversée de
l'Atlantique Sud d'Ouest en Est
par Nicolas
Hulot et Gérard Feldzer en 1993
Ma passion pour l'espace est née
le jour où je me suis présenté comme candidat pour devenir spationaute du CNES
en 1985. J'ai commencé à y croire lorsque nous n'étions plus que 10 mais mon
ami Michel
Vieillefosse (chargé de la sélection) m'a éliminé. Nous sommes pourtant
restés copains. Je lui ai piqué le titre de son livre pour réaliser un
documentaire sur France 2 qui passe régulièrement encore aujourd'hui (il faut
croire qu'il n'était pas si mauvais) : "Un ticket pour
l'espace".
Le livre de
Michel et Monique Vieillefosse (Belland, 1985)
"Un
ticket pour l'espace" est également le titre
de la
prochaine comédie de Kad et Olivier (sortie en février 2006)
A part ma
participation à la troisième sélection de spationautes français, déjà évoquée,
je n'ai pas d'anecdote spatiale personnelle -des histoires de pilote de ligne,
en revanche, j'en ai des tas ! Mais cette expérience m'a permis de
connaître les dessous de l'histoire de l'astronautique et de sortir pas mal de
documents inédits de chez les Russes (mon tonton Kostaï Feldzer, ancien pilote
du Normandie-Niemen, m'aidait à traduire les films en 35 mm que je
ramenais de Moscou...). Cela m'a aidé à surmonter ma terrible déception de ne
pas avoir été pris. Cela m'a permit aussi de faire autre chose.
Sinon, j'ai
cette déclaration d'Alberto Santos Dumont faite en 1919 qui me vient à l'esprit
et que j'aimerais vous faire partager : "Je lègue ma fortune à celui
qui fera voter un texte à la Société des Nations pour geler l'espace à des fins
pacifiques et non militaires."
Alberto
Santos Dumont (1873-1932), pionnier brésilien de l'aviation
et une
réplique de sa "Demoiselle" au Musée de l'Air et de l'Espace
Je retiens
Alexeï Leonov lors de sa première sortie dans l'espace en 1965 : celui qui
conçoit, dirige, décide et se mouille !
Je choisis
Spoutnik. La première fois que j'ai entendu parler d'un "satellite
artificiel", c'était 40 ans après la Révolution d'octobre : une
révolution autour de la Terre. Laquelle fut la plus porteuse d'espoirs ?
J'aimerais voir un débarquement
sur Mars avant de rejoindre le firmament. Plus près de nous, j'adorerais
participer au X-Price.
Je voudrais
également demander à chaque astronaute de m'envoyer une de ses photos
personnelles de la Terre prise de l'espace avec une phrase de ce qu'il pense de
cette petite boule bleue... Ces tableaux seraient exposés et vendus aux
enchères pour des causes humanitaires à l'échelle planétaire. Un rêve ?
Pas tant que cela. Chiche ! On a bien fait les Restos du cœur…
Merci, Gérard Feldzer !
Prochain
invité (lundi 6 juin 2005) : Ivan Testart