LES INVITES DU COSMOPIF |
L'invité n°143 (lundi 2 avril 2007)
www.cite-espace.com
Qui
êtes-vous, Philippe Droneau ?
Né
à Rennes en 1956, je vis aujourd'hui près de Toulouse avec mon épouse et mes
trois enfants. Je suis directeur adjoint des programmes de la Cité de
l'Espace et président de l'association Cap Espace.
J’ai
d'abord été kinésithérapeute. J'ai exercé 6 ans avant de changer
complètement de "branche"… Dès 1982, j’ai commencé à réaliser,
bénévolement, des expositions sur l’espace et à donner des conférences… En
1984, j’ai organisé à Toulouse les "3 jours de l’espace" avec
l'association Promospace. A partir de 1985, j’ai organisé chaque année des
expositions avec André Turcat, pour l’Académie Nationale de l’Air et de
l’Espace. En 1988, j’ai finalement quitté mon premier métier pour rejoindre
Patrick Baudry, qui créait alors son Space Camp à Cannes, une magnifique réalisation.
Finalement, en 1994, j'ai intégré l’équipe de création de la Cité de l’Espace à
Toulouse. Cette dernière a ouvert en 1997 et où j'y sévis toujours !
Dès
l'âge de 10 ans, j’ai été très intéressé par la conquête de l’espace, en
particulier par les premiers vols Gemini que je suivais, depuis ma Bretagne, en
lisant France-Soir, Paris-Match… L’extraordinaire période de
l’épopée Apollo m’a passionné et je suis devenu un "connaisseur"… Au
lycée, j’étais souvent obligé de suivre les missions, au lycée, en cachant ma
radio pendant les cours, un petit écouteur introduit dans l’oreille ! Le
premier pas sur la Lune -et les suivants- furent pour moi un révélateur de
l’intérêt que je portais en fait à la planète et à la civilisation en général.
La Lune et Apollo n’étaient en fait qu’un véritable miroir, dans lequel nous
nous examinions... Trop jeune à cette époque pour vivre les missions depuis les
Etats-Unis, au plus près, j’y ai seulement été pour le premier vol de la
navette américaine, le 12 avril 1981. En attendant, j’avais suivi
l’aventure Skylab avec grand intérêt…
Il
y a en tant ! Je retiendrais peut-être les situations dans lesquelles j’ai
pu vivre ces moments si uniques de la mise sur orbite et de
l’impesanteur : grâce à la centrifugeuse que j’avais réalisée pour le
Space Camp, avec laquelle je faisais ma "montée" vers l'orbite en
8 minutes à 3 G, et à bord de la Caravelle "O G" pour
l'impesanteur… De quoi être vraiment plus près des étoiles !
Je choisis la plus belle photo faite de la planète : celle prise par l'équipage d'Apollo 17, de retour de la Lune, en décembre 1972… Elle représente tout ce qui me fascine de l’espace… On y voit l’Antarctique, l’Amérique, du bleu, des nuages, de la terre… et l'on songe à l'homme qui l'a prise…
Je choisis la plus belle photo faite de la planète : celle prise par l'équipage d'Apollo 17, de retour de la
J’ai beaucoup de mal à répondre à cette question… Je vais donc dire ce qui me passe par la tête… Ce serait deux objets de la maison. Je peux les tenir chacun dans une main. A gauche, un magnifique biface datant de la préhistoire et, à droite, un gros boulon de connexion légèrement brûlé, provenant de Zond 6, capsule ayant frôlé la Lune en novembre 1968, quelques jours avant la mission Apollo 8… Un des ingénieurs du projet me l’a confié. Deux objets me signifiant le temps… et l’espace !
L’ascenseur
spatial est peut-être mon rêve le plus fou, parce qu’il déboucherait, je pense,
sur une exploration complète et sans équivalent du Système solaire ;
l’ensemble des pays devrait alors apporter leur pierre à une Académie de la
Civilisation, sur orbite ou sur la Lune…
Youri Gagarine ne représente pas grand-chose pour moi car je n’ai pas suivi son vol, étant alors trop jeune. Ce sont les premiers astronautes Gemini que j’ai commencé à "connaître"… Gagarine est ainsi à mes yeux un personnage de l’histoire, celle que l’on lit. C’est peut-être ce même processus qui explique l’incompréhension qu’on décèle quelquefois entre ceux qui ont suivi l’épopée lunaire et les autres… Quant au personnage, il restera une image et un symbole des progrès de la civilisation, même si c’est pour des raisons qui sont finalement moins justifiées (compte tenu du type de vol qu’il a effectué) que pour certains grands personnages qui ont marqué et fait l’histoire, dont certains astronautes.
5 ans
déjà ??? Que le temps passe vite.. Que de bons souvenirs de cette
période...
Animations
à la Cité de l'Espace en 2001 en compagnie du cosmonaute Alexandre Serebrov
à
l'occasion de la désorbitation de Mir
Alexandre
Serebrov devant la station Mir de la Cité de l'Espace et carte de vœux réalisée
par Serge Gracieux
Je suis très attaché à la station Mir pour de multiples raisons. Tout d’abord, j’ai eu le privilège d’aller en "acheter" une en Russie, là où elle a été fabriquée et de pouvoir l’exposer à Toulouse ! Mais c’est aussi parce que j’ai suivi tant de missions à son bord, j’ai côtoyé tant d’astronautes et de cosmonautes qui me l’ont racontée, y partaient, en revenaient… Je l’ai tellement observée et montrée à d’autres dans le ciel… Elle m’apparaît comme le symbole positif du passage du communisme à l’ouverture internationale, elle représente tout autant le professionnalisme que la débrouillardise… Enfin, quelques jours après une grande soirée Mir que j’avais organisée à la Cité de l’espace, avec sa sœur jumelle à nos côtés, nous l’avons accompagnée, minute après minute, la nuit de son incinération.
Curieusement, Spoutnik ne m’est apparu comme important que très tard. Il n’a jamais représenté pour moi qu’une image, une date et un curieux nom à consonance russe… Ce n’est qu’avec le temps et bientôt le demi-siècle qu’il a été lancé que je le place en haut de l’affiche ! Pas pour ce qu’il est, comme Gagarine, mais pour ce qu’il représente, bien sûr. Et je me dis qu’il apparaîtra en 2057, en 2157, comme un tournant majeur de notre civilisation, celui où l’homme s’est mis à sortir de son berceau ! Et contrairement aux idées contemporaines relativisant souvent cette émancipation du puit gravitationnel au fond duquel nous sommes, je pense que cela a tout changé et continuera encore de tout changer ! M’en reparler…
Merci, Philippe Droneau !
La semaine prochaine (lundi
26 mars 2007) : Jean-Pierre Le Baron