LES INVITES DU COSMOPIF |
L'invitée n°97 (lundi 9 janvier 2006)
Nathalie Douillard aux Rencontres Auriolaises Spatiales en
juillet 2005
Photo Pif
Qui
êtes-vous, Nathalie Douillard ?
Je suis artiste peintre-graveur. De nationalité française, née en région parisienne, j’ai vécu la plus grande partie de mon enfance (10 ans) au Portugal. De retour en France, j’ai obtenu une licence d’arts plastiques à l’Université Paris VIII. Aujourd’hui, je vis dans le Morbihan où je travaille ma peinture et mes travaux sur gravure. Enfin, j’enseigne les arts plastiques dans l’enseignement secondaire et à des adultes. Je suis mère d’une petite fille de deux ans que j’élève avec son père.
Après avoir
obtenu ma licence d’arts plastiques, j’ai pris un atelier à Paris où je donnais
parfois des stages de lavis et d’aquarelle. Je travaillais à l’époque sur la
place de l’homme au sein de l’architecture des églises chrétiennes et le ressenti
qu’elles provoquent. J’ai enseigné à cette époque le dessin au club de dessin à
l’école Centrale de Paris, pendant deux ans. A mon arrivée dans le
Morbihan en 2002, j’ai commencé à enseigner les arts plastiques dans le
secondaire. J’ai exposé dans des salons, notamment au Salon d’Automne à Paris
(avec des associations), avec la Société Littéraire et Artistique de
l’Orléanais à Orléans et avec les Amis de l’Estampe de Chaville à Paris. Ma
première exposition personnelle a eu lieu à Sintra à la galerie-librairie Cha
no Deserto au Portugal.
Ce qui me passionne, ce sont les
grandes œuvres de l’humanité réalisées au service de ses rêves et de ses
croyances ainsi que la science et la technologie qui s’y rapportent. La
conquête spatiale est, me semble-t-il, le destin de l’homme : il est dans
sa nature d’avoir besoin d’aller voir au-delà. A travers mes lectures dans
différents domaines comme l’aéronautique, l’art, la cartographie, les religions,
la science et la littérature, je découvre des ponts, des emprunts
interdisciplinaires et ceci entre des époques et civilisations lointaines.
C’est cette recherche, cette étude et cette retranscription à travers les arts
plastiques qui me motivent et me passionnent. Cette démarche est venue
naturellement à moi, au fil des ans, au fur et à mesure mon apprentissage. Au
début, on apprend les techniques du dessin puis on met ces connaissances et ces
pratiques au service d’un sujet, d’une quête qui vous interpellent.
Je n’ai pas de souvenir ou d'anecdote en particulier à raconter. Si il y a quelque chose que je souhaiterais partager, c’est ce que je montre dans mes tableaux et que véhiculent les films de science-fiction comme "2001 : l'odyssée de l'espace " ou bien récemment "Solaris". Ou bien encore chaque découverte que je peux faire à travers mes recherches qui m’enthousiasment et qu’on aimerait bien pouvoir plus souvent partager avec des gens qui ont la même passion ou le même intérêt pour les grandes découvertes spatiales.
Affiches
des films "2001 : l'odyssée de l'espace " (Stanley Kubrick,
1968) et "Solaris" (Steven Soderbergh,
2002)
Une de mes
photos préférées est une photo où l’on voit le module Unity de la station
spatiale ISS. Bien que la forme générale fasse penser à un tambour de machine à
laver, je trouve les motifs ronds et carrés très graphiques. Ils me rappellent
certains tableaux de Delaunay.
Module Unity de l'ISS et"Hommage à Blériot",
peinture réalisée par Robert Delaunay (1885-1941) en 1940
L’objet spatial que je préfère jusqu’à
présent est la capsule Vostok de Youri Gagarine avec laquelle il revint sur
Terre. J’aime cette forme ronde. Elle évoque pour moi la recherche de
perfection et, plus particulièrement chez Léonard de Vinci, ses représentations
du fœtus dans une enveloppe ronde qui serait le ventre de la mère.
Je rêve que les peintres puissent un
jour partager les voyages dans l’espace comme les peintres de la Marine ou de
l'Air et qu’ils puissent témoigner des paysages et des nouvelles contraintes de
l’impesanteur avec un langage plastique qu’il reste à inventer. La notion
d’espace n’est pas la même là-haut, sans haut ni bas ; ce serait un nouvel
enjeu que de représenter artistiquement ce nouvel espace et la place qu’y
occupe le corps.
Youri Gagarine a été la première preuve
tangible que l’espace n’est plus un
rêve impossible pour l’Homme. Il incarne l’Homme sorti de sa matrice, la
Terre, et qui peut oser la regarder de l’extérieur.
Tableau de Nathalie Douillard
Je me souviendrai toujours de Mir.
C’est lors d’un journal télévisé qui parlait des longs séjours en orbite sur
Mir que j’ai pris conscience, enfant, qu’il y avait toujours un homme sur
orbite au-dessus de ma tête.
Tableau de Nathalie Douillard
Merci, Nathalie Douillard !
La semaine prochaine (lundi 16 janvier
2006) : Christian Sotty