LES INVITES DU COSMOPIF |
N°167 (lundi 15 octobre 2007)
Qui
êtes-vous, Dominique Detain ?
Né en 1957, je suis actuellement responsable
de communication à l’Agence spatiale européenne, après avoir été journaliste
pendant plus de 20 ans. Je m'occupe en particulier de la promotion du
système de navigation par satellite européen Galileo. J'ai deux grands
garçons et vis aujourd'hui en région parisienne.
Après avoir passé mon Bac C à Toulouse en 1974, je suis allé
vivre un an à Denver, dans le Colorado, où j'ai obtenu un High School Diploma.
J'ai ensuite suivi une licence de journalisme au CUEJ de Strasbourg et, tout
jeune diplômé en 1978, suis rentré à FR3. Je suis passé par Toulouse, Bordeaux,
Rouen, Amiens puis FR3 Guyane en 1982 (FR3 Guyane deviendra RFO Guyane en
1983). C’est là que j'ai fait la connaissance d’Ariane ! J'ai franchi
différents échelons à RFO : journaliste spécialisé Espace puis grand
reporter tout en enchaînant les séjours en Guyane. A noter que, de 1984 à 1996,
j'ai présenté une émission mensuelle, le Journal de l’Espace, qui n’a
jamais eu d’équivalent... En juin 1996 (après le premier lancement Ariane 5),
j'ai été nommé à France 3 Toulouse et, en 1997, suis revenu à RFO… mais à
Paris, nommé rédacteur en chef pour les questions scientifiques par Jean-Marie
Cavada, le PDG de l’époque. J'ai notamment lancé le magazine Jupiter
(sur le spatial, of course), qui était visible sur RFO-sat et fut repris par
TV5. Mais il s’arrêta après le départ de Cavada de la chaîne l'année suivante.
Je l'ai quittée moi aussi en 2000 pour revenir à France 3.
En 2002, après 23 ans de journalisme TV, je suis rentré
à l'Agence spatiale européenne pour m’occuper de communication, en particulier
pour les programmes de télécoms et de navigation.
Mes deux passions,
l’espace et les voyages, vont bien ensemble et il y a plusieurs façons de
voyager : en allant sur place bien sûr -ce que j’essaye de faire le plus
possible- mais aussi par procuration et pour cela la lecture est un bon moyen
de se transporter partout !
Alors, quand on a lu beaucoup
de science fiction (sans oublier Tintin Objectif Lune ou les pages
centrales de Pilote sur le satellite Astérix et la base de Kourou) et
que par le hasard des mutations on se retrouve en Guyane… cela renforce une
passion qui devient une spécialisation professionnelle…
Pendant les vacances
d’été quand j'avais 5-6 ans, mon grand-père me montrait dans le ciel
étoilé le passage des Spoutniks... 30-35 ans plus tard, j’ai beaucoup
pensé à lui quand je suis allé à la Cité des étoiles puis à Baïkonour… et vu
décoller une fusée Soyouz.
Et puis il y a ce
lancement d’Ariane auquel j’ai assisté depuis le centre de lancement (CDL), un
"scoop" car très peu de journalistes ont eu cette chance. Mais le
décollage a été interrompu, les bras cryogéniques ne s'étant pas ouverts après
le compte à rebours. Comme il fallait vidanger et que le tir était repoussé de
24 heures, on a du évacuer le blockhaus deux par deux. Je me suis retrouvé
alors avec un responsable d’Arianespace à sortir vers le parking de l’ELA, nous
étions à 100 mètres à peine d’Ariane et nous n'avons pas pu nous empêcher
de nous arrêter pour admirer cette silhouette blanche dans la nuit équatoriale
avec les souffles des pressurisation. "C’est quelque chose !"
Mais au bout d’un moment, nous avons entendu sur la sono générale :
"On se dépêche, il faut évacuer !" On l’avait oublié… C’était
assez unique, on avait l’impression de voir et d’entendre Ariane respirer…
Il y a plein de
moments comme ça : le premier retrait portique d’Ariane 4, une visite en
zone de lancement pour voir pour Ariane 501 prête à décoller, un départ de
cosmonautes au pied de Soyouz…
Je retiens les premières images réalisées fin 1993 par le télescope
spatial Hubble réparé, et en particulier celle de la nébuleuse Eta Carinae.
Imaginez l’émotion des astronomes à Baltimore, à l’Institut HST, qui
découvraient enfin les images de Hubble telles qu’espérées avant qu'elles ne
soient diffusées !
Distante de
près de 8 000 années-lumière, la nébuleuse Eta Carinae (NGC 3372) est
l'une des étoiles les plus brillantes de notre Galaxie : cette supergéante
est quatre millions de fois plus lumineuse que notre Soleil avec une masse
seulement cent fois supérieure. La matière (gaz et poussières) qu'elle a
éjectée forme autour d'elle un énorme linceul rougeoyant dont on distingue la
structure bilobée.
Je choisis la
capsule de Youri Gagarine, exposée dans le musée privé de RKK Energia à Korolev
(ex-Kaliningrad), avec ce système pour que Gagarine saute en parachute avant
l’impact au sol alors qu’il vient de faire les premiers tours de Terre…
Y aller.
Quel courage !
Mais avait-il le choix ?
Mir fut une belle
expérience, dommage que finalement l’ISS n’en soit qu’une copie modernisée…
Spoutnik-1 fut le
point de départ pour beaucoup de choses : la course Etats-Unis-URSS mais
aussi les télécommunications… et même la navigation !
Merci,
Dominique Detain !
Interview réalisée par mail en août
2007
La semaine prochaine (lundi
22 octobre 2007) : Joël Le Bras