LES INVITES DU COSMOPIF |
N°152 (lundi 4 juin 2007)
www.planete-sciences.org/midi-pyrenees/
Qui
êtes-vous, Gil Denis ?
Né
en 1962 dans les Ardennes, j'habite à Toulouse, suis marié et père de
deux enfants. Je suis ingénieur chez Infoterra, une filiale d'Astrium
Satellites qui développe les services et les applications de l'observation de
la Terre. Je m'occupe en particulier du programme GMES (Global Monitoring for
Environment and Security). Président de Planète Sciences
Midi-Pyrénées depuis 10 ans, je fête cette année mes 30 ans dans
le réseau Planète Sciences.
Ingénieur
en télécommunications de l'ENST de Bretagne, j'ai été embauché en 1986 chez
Astrium (Matra Espace à l'époque) à Vélizy pour travailler sur les calculateurs
parallèles rapides et la vision par ordinateur pour les robots mobiles. A
partir de là, j'ai évolué vers différentes domaines d’applications assez
éloignés du spatial : développement d'un sonar passif pour sous-marins
SNLE, publicité virtuelle pour les retransmissions sportives… Un constante :
des défis technologiques à relever, des projets passionnants avec des équipes
multidisciplinaires. En 1997, quand je me suis installé à Toulouse, j'ai
commencé à travailler dans le domaine de l'observation de la Terre et de ses
applications, en particulier dans les applications pour la surveillance de
l'environnement.
J'ai
du mal à dire quand ma passion est véritablement née. En tous cas, à l’époque
du lycée, je bricolais des fusées chez moi à Nancy et ai du mettre le feu un
jour dans la cave ; mes parents m'ont alors offert un séjour de vacances
organisé par l'ANCS (ancêtre de Planète Sciences). C'était en 1977 et ce séjour
m'a donc fait "plonger" définitivement : de curieux (je lisais
et suivais l'actualité sur l'espace), je suis devenu "actif". De
retour de séjour, j'ai monté un club de fusées expérimentales à Nancy (le
CNITA), suis devenu animateur dès l'année suivante, participé aux débuts de la
minifusée, ai suivi des formations, suis devenu bénévole, puis administrateur,
vice-président de l'ANSTJ puis président de Planète Sciences Midi-Pyrénées. Je
reste passionné de technologie spatiale mais, depuis quelques années, je
m’intéresse de plus en plus aux applications de l’espace dans le domaine de
l’environnement et des impacts du changement climatique.
Je commencerai par la
découverte des lancements de grosses fusées expérimentales à La Courtine,
engins lancés à l'époque par des moteurs loup-garou. J'avais pu accompagner Guy
Préaux (ancien directeur de l'ANCS) au plus près (trop ?) de la rampe pour
faire quelques clichés. Ce fut le coup de foudre : l'ambiance des
campagnes, les joies et les galères, les nuits blanches, ces décollages
impressionnants… Ma première fusée s'est d'ailleurs appelée M'enfin !,
c'est dire l'état d'esprit…
Je pense ensuite à ce
voyage à la Cité des étoiles en 1992 avec un groupe d'élèves des Hauts-de-Seine
pour aller suivre l'entraînement de Jean-Pierre Haigneré
et sa doublure Claudie André-Deshays pour la mission Altaïr. La vue de la
statue de Gagarine, au milieu des immeubles d'habitation des cosmonautes de la
Cité, avec des fleurs fraîches déposées chaque jour par les enfants, m'avait
notamment beaucoup ému.
Photo Gil DEnis
Nous avions également
visité le centre de contrôle du Tsoup et je me souviens d'une série de
portraits de cosmonautes dans une coursive. Elle témoignait d'une grande
histoire tout en étant très modeste.
Photo Gil DEnis
Je continue à être bluffé par le
départ d'une fusée et les vidéos techniques d'un lancement. Le vieux film du
CNES Variations
sur un Diamant, en 16 mm, que l’on passait en boucle pendant les
camps fusées organisés par l’ANSTJ, y a certainement contribué.
Néanmoins, mon propre parcours m'amène à privilégier aujourd'hui des vues de notre planète et je suis très impressionné par les vues du capteur MERIS du satellite Envisat. Cette image de l’Egypte par exemple, avec la vallée du Nil, illustre à la fois la présence de l’homme sur la Terre et la fragilité de son existence.
ESA
La
fusée Mirabelle, construite en séjour de vacances comme jeune animateur,
reste pour moi un très grand souvenir. Elle nous en avait fait baver et j'étais
très impliqué. Nous l'avons lancée au Ruchard avec un moteur Mire-B. Elle a
décollé avec une accélération phénoménale, alors que le plafond nuageux était
très bas. Nous ne l’avons suivi que quelques secondes…
Pour
moi, ne tournons pas autour du pot : aller dans l'espace ! J’ai eu la
chance de vivre l’impesanteur à l’occasion d’un vol à bord de l’Airbus A300
zéro G mais une série de paraboles, c’est quand même un peu court.
A bord de
l'Airbus A300 zéro G du CNES
Pour
la conquête spatiale, c’est plus difficile de rêver quand on est impliqué
professionnellement et qu’on perçoit directement les contraintes budgétaires et
surtout la difficulté à mettre une véritable politique spatiale européenne en
place. Le rêve, c’est serait de voir l’émergence d’une telle politique, avec
des ambitions et des défis à relever. Prendre soin de la planète Terre, la
surveiller, entre autres, pourrait en constituer un élément important. D’une
certaine manière, c’est assurer une bonne trajectoire à l’équipage
"humanité" dans son vaisseau spatial.
Gagarine,
ou ceux qui l’ont suivi, il fallait "en avoir" ! Aller s'asseoir
dans une toute petite capsule au-dessus de fusée qui, au mieux, avait
fonctionné une fois sur deux demandait une sacrée dose de cran !
Mir
a été pour moi un fil conducteur, avec des rencontres régulières au cours de
ces 15 dernières années : j'ai vu sa maquette d'entraînement à la
Cité des étoiles en 1992, j'ai suivi l'épopée des rencontres avec la navette
spatiale américaine dans les années 1995, j'ai assisté aux travaux précédant
l'installation de sa maquette à la Cité de l'espace et à plusieurs animations
autour…
Maquette d'entraînement de la station Mir à la Cité des
étoiles et maquette de la Cité de l'Espace à Toulouse
Photos Pif
A
la fois pleine d'astuces, usine à gaz et cohabitation de différentes technologies,
Mir reste pour moi une source de curiosité et je suis toujours fasciné quand je
la visite à la Cité de l'espace.
Spoutnik,
ça me fait surtout penser au projet de Guy
Pignolet qu'il avait monté à l'occasion des 40 ans du lancement
d'octobre 1957. Guy, c'est pour moi le prototype du gars qui injecte des idées
novatrices, pas toujours dans la ligne du parti d'ailleurs, mais je l’admire
car il a eu la force de concrétiser la plupart de ses rêves, même les plus
fous… Je me souviens également de discussions avec Pierre Quétard, autour de la
maquette d’Astérix au Musée de l’Air et
de l'Espace du Bourget :c’était passionnant pour un jeune d’entendre
les débuts de l’aventure spatiale chez Matra.
Le Spoutnik 40 ans et la maquette d'Astérix du Musée de
l'Air et de l'Espace
Merci, Gil Denis !
La semaine prochaine (lundi
11 juin 2007) : Jean-Marc Coutant