LES
INVITES DU COSMOPIF
N°4
(lundi 22 décembre 2003)
Vice-Président
de la Commission Planétologie
de la Société Astronomique de
France
Photo Pif
Qui
êtes-vous, Gilles Dawidowicz ?
Je suis
géographe de formation, spécialisé dans l’étude des surfaces planétaires. Né en
1971, je réside en Ile-de-France. Marié, j’ai une petite fille qui connaît déjà
quelques planètes… Je suis consultant pour une grande société américaine et
collabore comme journaliste scientifique et consultant Espace pour plusieurs
médias français.
Après une
maîtrise de géographie option planétologie, faite dans plusieurs laboratoires
de recherche et notamment à l’observatoire de Meudon, j’ai fait un DEA de
géodynamique option hydrologie. J’avais dans l’idée de faire une thèse et
comparer les fleuves terrestres avec ceux de Mars… Pour cela, je suis même
parti faire un stage à la NASA où j’y ai rencontré des personnalités exceptionnelles.
Mais à la
recherche, j’ai préféré le journalisme scientifique et l’animation de débats
avec de grands spécialistes des disciplines qui me passionnent. J’ai à mon
actif de nombreuses conférences, débats et tables rondes organisés devant un
public fidèle et passionné dans des lieux prestigieux comme le Musée de l’Air
et de l’Espace du Bourget, le Palais de la découverte, la Cité des Sciences et
de l’Industrie, l’Institut océanographique, le Parc aux Etoiles de
Triel-sur-Seine, Ludiver dans le Cottentin et bien d’autres endroits encore…
Le
journalisme scientifique m’a conduit à travailler avec de grands médias comme
le Monde 2, VSD Hors-Série, Le Parisien, l’Humanité, l’Astronomie, Eclipse,
l’Astronomie Magazine, TF1, LCI, France 2, M6, Europe 1, BFM, France Info… J’ai
par ailleurs écrit de nombreux articles de vulgarisation, sur Internet
notamment. Enfin, j’ai co-écrit plusieurs ouvrages grand public traitant de
Mars, des aurores polaires…
Ma passion
tourne autour de la géographie des planètes du Système solaire mais surtout de
celle de la planète Mars ! Cette passion me vient de loin. Petit, je cherchais
et collectionnais les fossiles et bien d’autres sujets en rapport avec la
nature en général. Fasciné par les paysages, je me suis vite mis à
collectionner les sables et me suis constitué une arénothèque avec des
échantillons du monde entier…
Je me suis
donc orienté vers la géographie. A l’Université, j’ai rencontré des chercheurs,
pionniers dans l’étude comparative de la Terre et des planètes, puis des
astronomes et des scientifiques pluridisciplinaires, travaillant aux interfaces
de la géographie, l’astronomie, la physique, la biologie…
Par
ailleurs, l’une de mes passions est la photographie, astronomique notamment.
Ainsi, dès que je le peux, je chasse le rayon vert au coucher du Soleil. J’ai
réalisé à ce propos une exposition photographique pour montrer au public ce
phénomène exceptionnel.
Ma passion
pour l’astronomie m’a conduit à militer pour que cette science soit partagée
par le plus grand nombre. J’ai ainsi adhéré à la Société Astronomique de France
et à l’Association Planète Mars.
Je suis
membre du conseil d’administration de ces deux associations, en plus d’y
réaliser de nombreuses activités comme l’écriture d’articles, l’organisation
d’évènements, les conférences…
Alors que j’étais étudiant
de DEUG à l’Université, le professeur Alain Godard nous parle, lors d’un cours
en amphithéâtre, d’une petite équipe de géographes qui travaillent sur les
paysages de Mars et collaborent à Meudon avec des astronomes. L’affaire est si
extraordinaire qu’à la fin du cours je lui demande des précisions. Il m’invite
à assister à une thèse de doctorat sur le thème, qui doit se tenir quelques
jours plus tard… Le chercheur s’appelle Nathalie Cabrol et elle soutient devant
ses maîtres une thèse sur les chenaux martiens. Parmi les membres de son jury,
le professeur Audouin
Dollfus, le célèbre aéronaute et astronome. Une fois la thèse soutenue,
lors du traditionnel verre de l’amitié, je me présente à Nathalie Cabrol et à
Audouin Dollfus. Le courant passe, Audouin Dollfus m’invite à les revoir dans
son laboratoire à l’Observatoire. Rendez-vous est pris. A mon arrivée à Meudon,
accueilli par Nathalie, je me présente dans le grand bureau du professeur et
nous entamons la discussion. D’entrée, Nathalie lui dit qu’il serait bien que
j’intègre le labo pour l’aider à documenter un cratère d’impact intéressant sur
Mars : le cratère Gusev. Le professeur accepte et peu après l’aventure
commence…
10 ans plus tard,
grâce aux efforts de Nathalie -partie entre temps travailler définitivement à
la NASA-, le cratère Gusev est sélectionné officiellement pour recevoir la
visite d’un ambassadeur de 150 kg fait d’électronique et de haute
technologie : le 4 janvier 2004, la sonde Spirit roulera sur Mars...
Cette
image a été réalisé lors d’une simulation de mission martienne en février 2002
sur la base MRDS de la Mars Society, en Utah. Nous testons en scaphandre un
petit robot d'exploration conçu par Alain Souchier : le Véhicule de
Reconnaissance de Paroi (VRP).
J’ai
choisi cette image car elle préfigure ce que sera cette grande aventure mêlant
à la fois collaboration entre hommes et assistance des robots. En ce début de
XXIème siècle, l’exploration spatiale promet toujours à l’Humanité des
découvertes exceptionnelles tant sur les plans scientifique et technologique
que sur ceux de la philosophie et de la spiritualité. Etape incontournable, la
planète Mars nous devient chaque jour plus familière et pourrait dans les vingt
prochaines années voir débarquer à sa surface de nouveaux explorateurs
prolongeant alors les premières foulées tracées par les Gagarine, Armstrong et
autres voyageurs du cosmos depuis plus de quarante ans.
En
attendant ces premiers pas vers une implantation durable et peut-être même une
colonisation, des simulations réalistes sont menées par la Mars Society dans
des déserts terrestres ressemblant aux déserts de Mars et ceci afin de
sensibiliser et d’associer le grand public à cette perspective.
Lire la
présentation du VRP d'Alain Souchier et le récit de son test dans l'Utah
sur www.astrosurf.com/planete-mars/task_forces/vrp_souchier/vrp_souchier2.html
et www.astrosurf.com/planete-mars/base_desert/2002/equipage2/base_equipe2_vrp.html
Je choisis
le rover automatique Marsokhod. De conception soviétique, cet ingénieux système
devait partir explorer Mars mais l’histoire politique en décida autrement :
racheté par les Américains, Marsokhod a donné naissance à l’Ouest à des
générations de robots mobiles encore plus performants qui, eux, rouleront
sûrement sur Mars. J’ai eu le privilège de piloter cet engin, à Ames RC.
C’était émouvant, inoubliable…
Mon rêve
le plus fou en matière spatiale est qu’un Français participe au premier voyage
habité sur Mars et que j’aie pu l’interviewer avant son départ car, autre
privilège de mon activité, j’ai rencontré personnellement tous les astronautes
français, qui sont de vrais héros aux qualités humaines peu ordinaires.
Merci, Gilles Dawidowicz !
Gilles Dawidowicz
animait sa 100e conférence à l'Institut océanographique de
Paris le 4 décembre dernier :
"Exploration
de Mars : quelle place pour l'homme et/ou le robot ?"
La semaine
prochaine (lundi 29 décembre 2003) : Julien Guillaume