LES
INVITES DU COSMOPIF
N°183
(lundi 10 mars 2008)
Chef du projet ATV chez EADS Astrium
Qui êtes-vous, Nicolas Chamussy ?
Je
suis chef du projet ATV (Automated Transfer Vehicle) chez EADS Astrium.
J'habite à Brême (Allemagne) mais travaille principalement aux Mureaux
(France). Né en 1967 dans les Ardennes, je suis marié et père de
trois enfants.
Ingénieur
polytechnicien (promotion 1987), j'ai rejoint après l'ENSTA et Sciences-Po le
Philips Laboratory de la Kirtland Air Force Base à Albuquerque, au Nouveau
Mexique (Etats-Unis) durant un an. J'ai ensuite travaillé dans
l'administration : d'abord adjoint du directeur de programme OSIRIS
(satellite radar militaire) pendant 3 ans à la Délégation générale pour
l’armement (DGA), puis conseiller technique pendant 11 mois au cabinet du
Ministre de la Défense Charles Million et enfin adjoint au chef du Bureau
Energie/Matières premières du Ministère des Finances (direction du Budget)
pendant 2 ans.
J'ai ensuite rejoint l'industrie, d'abord à la direction de la stratégie d'EADS Corporate à Vélizy. Je me suis un moment occupé de marketing institutionnel et de business development, avant de devenir Directeur des infrastructures sol pour EADS Astrium à Toulouse, notamment sur le programme Hélios. Depuis juin 2004 enfin, je suis Program Manager du projet ATV pour EADS Astrium à Brême.
Ma
passion pour le secteur spatial est née avec les lancements de la première
fusée Ariane (24 décembre 1979) et de la première navette spatiale
américaine (12 avril 1981). Comme beaucoup d’enfants ou d’adolescents,
j’en collectionnais toutes les photos ou souvenirs que je pouvais trouver…sans
l’aide d’Internet à l’époque.
Je
vis cette passion tous les jours de ma vie professionnelle en étant chef de
projet d’un formidable véhicule spatial, l’ATV, dont l’intégration finale a
débuté au centre spatial guyanais de Kourou à la fin du mois de juillet 2007 et
dont le lancement est fixé au 8 mars 2008.
Opérations de transfert d'ergols du premier ATV, Jules
Verne, au centre spatial guyanais en janvier 2008
Encore
au lycée à Caen, j’avais créé dans le cadre de l’ANSTJ (Association nationale
sciences techniques jeunesse) qui faisait -et fait toujours je crois [voir Planète Sciences]- un travail
formidable pour développer et soutenir les initiatives des jeunes -en
particulier dans le domaine spatial-, un club de construction de petites fusées
(1 mètre de haut). Par deux fois, une fusée de notre conception a été
lancée depuis l’aérodrome de Lessay… et par deux fois le parachute de
récupération ne s’est pas déployé !
Je
ne peux difficilement citer d’autre objet spatial que l’ATV, qui occupe depuis
de nombreuses années des centaines d’ingénieurs et de techniciens passionnés
dans toute l’Europe, en Russie et aux Etats-Unis.
Gagarine
représente le héros par excellence, le premier de la grande famille des
cosmo/astro/spatio/taïko-nautes qui nous fait toujours rêver (même ceux dont le
vol habité est le quotidien). Je rêve qu’un jour l’Europe, elle aussi, soit en
mesure elle-même et de manière autonome de lancer ses propres spationautes dans
l’espace.
L’illustre
prédécesseur de la station spatiale internationale à laquelle l’ATV devra se
docker en début du mois d’avril 2008.
Avec
un tel nom (Spoutnik signifiant satellite en russe), il représente l’essence
même de notre passion. Lancé 10 ans avant ma naissance, il est évidemment
à des ordres de grandeur de la complexité des systèmes développés aujourd’hui
mais il portait en lui absolument tout ce qui est aujourd’hui nécessaire à ces
mêmes systèmes.
Merci, Nicolas Chamussy !
Interview réalisée par mail en février 2008
Prochain
invité : Marie Clark (lundi 17 mars 2008)