LES INVITES DU
COSMOPIF |
L'invité n°99 (lundi 23 janvier 2006)
Président du Secteur Espace de
Planète Sciences
www.planete-sciences.org/espace/
Nicolas Chaléroux à la
permanence des clubs Espace du mercredi soir
dans les locaux de Planète
Sciences à Ris-Orangis
Photo Pif
Qui êtes-vous, Nicolas Chaléroux ?
Jeune ingénieur
électronicien, je suis bénévole au sein de Planète Sciences, où je préside le
secteur Espace depuis deux ans. Avant d’arriver en région parisienne et de
prendre part aux activités de l'association, j'ai suivi des études d’ingénieur
à l'INSA à Lyon. Je passais mes journées en cours… et les nuits à construire
des fusées dans un club de passionnés : le CLES-FACIL.
Je ne suis pas le premier
invité ayant un fort lien avec cette association de vulgarisation scientifique
qu’est Planète Sciences. Il me paraît néanmoins important de rappeler que son
but est la promotion des sciences et techniques auprès des jeunes et la mise en
place d'une démarche expérimentale et de projet de groupe. Au secteur Espace en
particulier, nous mettons en pratique ces principes en aidant les jeunes à
réaliser leurs rêves de fusées, de ballons stratosphériques…
A la fin de mes études
d’ingénieur en informatique, j’ai immédiatement débuté en tant qu’ingénieur…
électronicien ! Et oui, la passion vous amène à découvrir de nouveaux
horizons et c'est mon expérience au sein du CLES-FACIL qui a éveillé chez moi
le goût pour cette discipline.
Mon parcours professionnel
ne remplira pas plusieurs pages car, n’ayant que 25 ans, je ne puis
prétendre qu’à 3 ans d’expérience dans l’entreprise de mes débuts :
EADS Sodern. J’y ai occupé le poste de d’ingénieur et suis maintenant chef de
projet. Mes travaux s'appliquent au domaine de la neutronique civile. Il s’agit
de sondes minières permettant d’analyser le sous-sol.
La question est
particulièrement difficile. La passion est notre moteur à tous, tout au moins
pour tous les gens présents dans cette fabuleuse galerie d’invités de la
semaine. Comment définir MA passion ? Je pense que, profondément, ma
passion, c’est les gens ! J’aime rencontrer des gens intéressants,
passionnés et j’aime partager avec eux des aventures. Ma première aventure a
été de fabriquer une fusée (2,50 m de hauteur, 13 kg de masse au
décollage et culmination à 1 000 m) avec 5 copains durant toute
une année. Mes aventures actuelles sont d’aider avec d’autres passionnés, les
jeunes à réaliser leurs rêves.
Comment est née cette
passion ? Peut-être qu’en tant que fils unique, un domaine où les
relations humaines sont une des plus grandes richesses m’a particulièrement
attiré. Mais, où est l’Espace dans tout cela ? L’Espace nécessite de se
surpasser, ceci est impossible seul : l’amitié, la confiance, la
pédagogie, le partage sont absolument nécessaires pour réussir dans ce domaine.
Les sentiments extraordinaires que j’ai pu ressentir lors du décollage de mes
trois fusées provenaient du concentré de vie que nous avions passés durant
1 an à ne pas dormir, à travailler bien au-delà de nos devoirs scolaires,
à chercher des sponsors, à "debugger" nos cartes électroniques, à
rencontrer des anciens de notre club, à partager des idées avec d’autres clubs
spatiaux…
Pour continuer de vivre ma
passion et rencontrer des gens formidables, j’essaie de permettre à d’autres de
vivre ce que j’ai pu ressentir.
Sans aucune hésitation, mon
grand souvenir restera la semaine de campagne de lancement de notre projet
"ELA" à Millau en 2002. Notre fusée "spaghetti" était
prête ! Les gens de la salle des fêtes ("le R3" pour les
initiés) où se déroulaient les qualifications la surnommaient ainsi à cause des
très-très nombreux fils qui la constituaient et à raison. Il n’y avait pas
moins de 18 jauges de contraintes pour étudier la structure de la fusée,
un laser pour étudier la flèche de l’engin, 4 flashs aveuglants pour le
suivi visuel, 1 tube de Pitot, 1 accéléromètre à fil chaud, une
structure en Carbone/Nomex… Notre "fusex" était "prête",
enfin, c’est ce qu’on croyait ! Un projet mené par 25 jeunes…
Finalement, il nous a fallu travailler non-stop toute la semaine pour résoudre
tous les problèmes d’électronique rencontrés : 72 heures sans dormir,
des journées à ne pas voir le jour, des gens qui ressemblent plus à des zombies
qu’à des jeunes dynamiques. A la fin de la semaine, le système d’alimentation a
dû être soudé directement sur la structure métallique de la fusée pour lui
permettre de dissiper sa chaleur. Une aventure humaine incroyable : ça
nous a donné des ailes pour l’année d’après ! Merci à tous mes copains de
club pour cette aventure ! Je travaille encore maintenant à quelques
bureaux de certains dans le cadre de mon activité professionnelle !
Mise en
rampe d'une fusée du CLES-FACIL à Millau
Photo CNES
Je suis toujours épaté par
les images de retrouvailles spatiales entre deux équipes de
spationautes : lorsque les uns attendent dans une station et que les
autres débarquent de leur petite capsule. J’imagine toujours le défi technique
qui a amené ces hommes à se rencontrer et également le défi humain. J’ai eu la chance
d’apprendre le russe (3 ans) durant ma scolarité et, même si je n’ai pas
bien retenu la grammaire, j’ai été passionné par la culture slave et notamment
par les grandes différences qu’elle contient par rapport à notre culture alors
que nous ne sommes qu’à 3 heures d’avion ! Voir des cultures si
différentes travailler ensemble et réussir de tels défis politiques et
techniques me fait toujours extrêmement plaisir.
Amarrage du
Soyouz TM-33 à la station spatiale internationale le 23 octobre 2001
et adieux
de l'équipage de la mission Andromède (Victor Afanassiev, Claudie Haigneré et
Constantin Koseïev)
avant leur
retour sur Terre avec le Soyouz TM-32 une semaine plus tard
L’objet qui m’a fait rêver
pendant longtemps, l’objet qui m’a fait me surpasser, l’objet qui m’a fait
connaître des gens formidables, l’objet qui a orienté ma vie professionnelle
s'appelle Axelle. Ce fut ma dernière fusée réalisée en club de jeunes. Elle a
été lancée sur le camp militaire de Sissonne (près de Reims) en 2003 avec
Planète Sciences et le CNES.
J'aimerais voir des grandes
équipes internationales (pas seulement 3 ou 4 grands pays) réaliser des
projets formidables et atteindre un même but ensemble. Cela pourra être le
voyage habité sur Mars, l’exploration extrasolaire…
Merci, Nicolas Chaléroux !
La
semaine prochaine, le 100e invité !