LES INVITES DU COSMOPIF |
L'invité n°149 (lundi 14 mai 2007)
A Baïkonour en août 2000 avant le lancement des nouveaux
satellites Cluster
Qui
êtes-vous, Roger-Maurice Bonnet ?
Je suis Directeur de Recherche
Emérite au CNRS, Président du COSPAR, Directeur Exécutif de l’International
Space Science Institute à Berne, Suisse.
Passion : tout ce qui est
beau et grandit l'âme humaine !
Lieu d'habitation : boulevard
Arago à Paris, comme Arago et Berne Kramgasse, comme Einstein.
Origine : Français né à
Dourdan, en Essonne.
Situation familiale : non
marié par principe et donc non divorcé. Une fille prénommée Ariane assurera ma
descendance, ce qui est curieux pour une Ariane !
Passe-temps : boulot, spatio
et pas dodo car en plus : sport (jogging) et chant soliste (baryton
classique). Prochain concert le 16 juin.
Né le 23 décembre 1937,
Roger-Maurice Bonnet s'est très tôt passionné pour l'astronomie. Après ses
études à l'Université de Paris, il s'est orienté vers l'observation du spectre
ultraviolet du Soleil au moyen de ballons, fusées et satellites artificiels. II
a été ainsi le premier en France à placer un instrument astronomique à bord
d'un engin spatial et le premier en France à obtenir de- images du Soleil dans
le spectre continu ultraviolet.
Il a dirigé de 1969 à 1983
le Laboratoire de Physique Stellaire et Planétaire à Verrières-Le-Buisson qui
est aujourd'hui devenu l'Institut d'Astrophysique Spatiale situé sur le campus
de l'Université d'Orsay.
Il a recueilli en 1979, 1980
et 1982 les meilleurs clichés du Soleil jamais obtenus en fusée, dans le
rayonnement Lyman alpha de l'hydrogène. L'étude de ces clichés a permis de
révéler la structure fine du champ magnétique de la chromosphère et de la
couronne solaire.
Il a été responsable de la
construction du télescope de la caméra multispectrale du satellite européen
Giotto qui a rencontré la comète de Halley en 1986.
Au mois de mars 1983,
Roger-Maurice Bonnet a été nommé Directeur du programme scientifique à l'Agence
Spatiale Européenne (ESA). Sous cette fonction, il a créé un programme de
20 ans appelé "Space Science Horizon 2000". Grâce à ce plan, il
a convaincu les Ministres de la Recherche d'accroître de 5% par an jusqu'en 1994
le niveau du programme scientifique obligatoire de l'ESA, qui stagnait à un
niveau constant depuis 1971. "Horizon 2000" comprenait un ensemble de
grandes missions et des missions plus petites. Il a aussi introduit le concept
des missions flexibles, ainsi que les missions SMART pour le test des
technologies déterminantes, destinées à de réduire le coût des missions
scientifiques. SMART-1, la première mission lunaire de l'Europe, a permis
d'effectuer un test de la propulsion électrique solaire nécessaire aux missions
vers l'espace profond.
Sous sa direction ont été
lancés les satellites Giotto, Hipparcos, Hubble Space Telescope, Ulysses,
Huygens, ISO, SOHO, XMM-Newton et Cluster. Ces missions ont placé au premier
rang dans le monde la communauté scientifique européenne et élevé l'Europe au
rang de seconde grande puissance spatiale scientifique après les Etats-Unis.
Ont été également démarrés les projets Integral, Rosetta, FIRST, Planck ainsi
que Mars Express, la première mission européenne vers Mars, Bepi Colombo pour
l'exploration de Mercure, le Next Generation Space Telescope (NGST), LISA pour
l'observation des ondes gravitationnelles, GAIA, le Solar Orbiter, etc.
Dès 1990, Roger-Maurice
Bonnet engagea l'étude d'une base lunaire scientifique qui a fait de l'Europe
la principale initiatrice d' un retour vers l'exploration de notre satellite
naturel.
En mai 1997, le Directeur
Général de l'ESA le chargeait de définir la stratégie pour l'Observation de la
Terre en Europe. S'appuyant sur les besoins réels des utilisateurs, il a établi
le programme "Living Planet" comprenant des missions scientifiques
moyennes et petites, un volet dédié à la préparation technologique ainsi qu'un
autre pour la préparation du nécessaire transfert vers les applications. Le
programme a été présenté officiellement pour la première fois au Conseil de
l'ESA réuni au niveau ministériel à Bruxelles en mai 1999 et a reçu une
première tranche de financement.
Le 30 avril 2001, après
18 ans passé à l'ESA, Roger-Maurice Bonnet a quitté sa fonction de
Directeur des programmes scientifiques, pour retourner au Centre National de la
Recherche Scientifique où il détient les titres de Directeur de recherche de
Classe exceptionnelle et de Directeur Emeritus.
Roger-Maurice Bonnet est
l'auteur de plus de 150 articles scientifiques et publications pour le
grand public. Il a écrit plusieurs ouvrages dont Les Horizons Chimériques
publié chez Dunod (1992) ainsi que Planet
of the Future, avec Lo Woltjer (à paraître).
Membre de plusieurs académies
Académie Royale des Sciences
de Suède
Académie Internationale
d'Astronautique depuis 1985
Academia Europae, membre
permanent, février 1989
Académie d'Astronautique et
d'Aéronautique, membre correspondant, juin 1989
Récipiendaire de nombreuses distinctions
Médaille de Bronze du CNRS,
1968
Médaille d'Argent du CNES,
1976
Prix Deslandres de
l'Académie des Sciences, 1980
Médaille Iouri Gagarine de
la Fédération de Cosmonautique d'URSS, 1985
Laurel 1985 Aviation Week
and Space Technology, 1986 (Homme de l'Année)
Emil Award par l'Académie
Internationale d'Astronautique, au titre de la coopération internationale dans
le cadre de l'inter Agency Consultative Group, 1987
"Personnalité de
l'Année" dans les Sciences en France, 1987
Médaille Constantin
Tsiolkovsky de la Fédération de Cosmonautique d'URSS, 1987
Chevalier dans l'ordre de la
Légion d'Honneur, 1989
"1993 Basic
Scientist" par l'Académie Internationale d'astronautique, 1993
Laurel 1993 Aviation Week and Space Technology, 1994
Grand Prix de l'Association
Aéronautique et Astronautique de France, 1996
Officier dans l'ordre de la
Légion d'Honneur, 1998
Laurel 1998 Aviation Week and Space Technology, 1999
"2000 COSPAR Award", 2000
NASA Public Service Medal, 2001
Fellow of the European Geophysical Society, 2001
Prix Icare des Journalistes
Scientifiques, 2001
Laureate Hall of Fame Award, Aviation Week and Space Technology, 2001
Biographie disponible sur le
site de Futura
Sciences
Alors que je venais de passer une année au conservatoire de Paris dans
la classe de chant de Charles Panzéra, les Soviétiques ont lancé Spoutnik-1.
Les 29 000 km/h de la boule russe m’ont totalement enthousiasmé et,
compte tenu de mon admiration pour ce grand peuple, j’ai décidé de faire de la
recherche spatiale mon métier.
Le baryton
suisse Charles Panzéra (1896-1976)
enseigna au
Conservatoire de Paris entre 1949 et 1966
Après le 4 octobre 1957 je
suis entré à l’Université de Paris et, dès 1961, je rejoignais le service
d’aéronomie de Jacques
Blamont. Je présentai ma thèse à la date inhabituelle du 19 juillet…
mille neuf cent soixante huit. Grâce à la gentillesse du jury présidé par
Alfred Kastler, Prix Nobel de physique, et du CRS qui a bien voulu porter
lui-même mon manuscrit au secrétariat de la faculté occupée et paralysée.
Depuis, je vis la tête en orbite
et les pieds sur Terre tous les jours, toutes les nuits (ou presque).
Celle que je viens de dire. Plus mon succès en 1985 lorsque le plan que
j’avais préparé pour cadrer la recherche spatiale européenne pour 20 ans
"Horizon 2000" a été approuvé au Conseil ministériel de l’ESA à Rome
avec un accroissement du budget hors inflation de 5% par an pendant
dix ans.
Je choisis l’image du noyau de la
comète de Halley prise par le petit télescope de la caméra polychromatique de
la mission Giotto de l’ESA dont j’ai eu l’honneur de diriger le développement,
le lancement et les opérations de 1983 jusqu’à sa deuxième rencontre avec la
comète Grigg-Skjellerup en juillet 1992.
Je retiens le premier Spoutnik car
c’est par lui que tout a commencé.
Je rêve d'aller sur la Lune et si possible en revenir mais ce n’est pas
obligatoire ni même peut-être nécessaire.
Gagarine, c'est l’espérance des
Soviétiques en 1961. La vraie révolution ! Le gagnant ! Un petit mec
vraiment courageux ! La figure la plus historique avec Spoutnik 1 de la conquête
par l’homme de l’espace extraterrestre. Une figure mythique !
Mir constitue une approche raisonnable et
économique du concept de station. On aurait du en faire un clone plutôt que de…
Tout ! Et un sacré
succès !
Merci,
Roger-Maurice Bonnet !
Interview réalisée par mail en avril
2007
Sur le plateau de la 4e Nuit des étoiles de
France 2 à Gourgoubesse (34)
en juillet 1994 en compagnie de Jean-Pierre Haigneré
Photo Pif
La semaine prochaine (lundi
19 mai 2007) : 150e invité du Cosmopif