LES INVITES DU
COSMOPIF |
L'invité n°107 (lundi 20 mars 2006)
www.planete-sciences.org/iledefrance/
Qui êtes-vous, Olivier
Bergeret ?
Je suis né en 1978 à Paris, ai grandi et vit encore en Ile de France. Je me définis comme quelqu'un de passionné et me partage entre ces différentes passions : la musique, l'informatique et l'espace.
Concernant
la musique, je pratique régulièrement la clarinette en orchestre symphonique et
le saxophone ténor en big band et orchestre d'harmonie. C'est une passion
ancienne et très accaparante.
Pour
ce qui est de l'informatique, j'en ai fait mon métier ; je m'intéresse
tout particulièrement au côté créatif, la création de logiciel, les
technologies dédiés au visuel (en 2 ou 3 dimensions).
Enfin,
en ce qui concerne l'espace, passion ancienne que je vais tenter d'expliciter,
j'essaie aujourd'hui d'intervenir ponctuellement sur des initiatives de
vulgarisation ou d'information, fonction de mon temps libre.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J'ai
suivi un cursus court dans le domaine informatique du génie logiciel afin de
devenir analyste programmeur. A l'issue de mes études, en 1999, j'ai intégré la
société NPTV, une société spécialisée dans la fourniture de solution pour la
télévision numérique en général, la télévision numérique par satellite en
particulier. Je suis toujours au sein de cette société.
J'interviens
en tant que chef de projet et développeur sur des projets techniques liés à
l'interactivité sur les décodeurs de télévision ; c'est un domaine très
exigeant de rigueur, nécessitant l'accumulation de nombreuses connaissances,
donc des efforts de documentation et de formation conséquents. J'ai la chance
de travailler en avance de phase par rapport au marché, sur des technologies à
venir ou en cours de lancement (DVB-H, DVB-T...). C'est excitant de découvrir
et de faire la télévision de demain...
Quelle est votre passion, comment est-elle née, comment
la vivez-vous ?
Enfant,
j'étais comme beaucoup fasciné par l'aviation, son côté technique, son côté
épique et les exploits dans ce domaine.
J'ai un jour, au cours d'une visite au Musée de l'air et de l'espace
du Bourget, répondu à un questionnaire concours distribué par le Cosmos Club de
France. En retour, mon père et moi avons été invités à une conférence de cette
même association et avons par la suite rapidement adhéré. Le "C2F", présidé par
Albert Ducrocq, était un repaire de passionnés de tout bords, de professionnels
du domaine spatial et de curieux éclairés. Bien au-delà de la vulgarisation de
la thématique spatiale, il proposait de l'information sur le côté scientifique
et épique de la conquête spatiale, au travers de conférences avec des invités
prestigieux, d'ateliers d'information ou de réflexion et d'une publication, Orbite.
En 1993, le Cosmos Club de France a remis sur pied une section benjamine ; elle m'a permis de véritablement vivre cette passion au travers de visites (Centre d'essais atomiques à Saclay, Centre d'essais en vol à Brétigny-sur-Orge, Société européenne de propulsion à Vernon, musée SNECMA à Villaroche…), de rencontres avec des cosmonautes, de sorties, d'ateliers divers et variés et d'un projet d'envergure : l'envoi d'une série d'expériences sur Mir. Je me suis par la suite brièvement occupé du club en 1996.
La section benjamine du
Cosmos club de France en 1994 Olivier Bergeret se trouve
à l'extrême gauche, accoudé à Pif, lui-même aux côtés d'Arnaud
Marsollier. Au dernier rang à gauche,
on reconnaît Cyril Descharles. |
Rencontre avec le
cosmonaute Jean-Pierre Haigneré le 2 octobre 1993 |
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Première microfusée
d'Olivier construite dans un garage
d'Aubervilliers |
Une des expériences
proposées par les jeunes du C2F concernait la
reconnaissance du goût en micropesanteur. Heureusement pour Claudie
Haigneré, elle ne fut jamais retenue… |
Aujourd'hui, mes activités sont cantonnées à l'association Planète Sciences Ile-de-France ; j'interviens ponctuellement sur des ateliers techniques et réalise le suivi des projets dans le cadre de l'opération "Un ballon pour l'école". Je suis par ailleurs depuis le mois de février administrateur de cette association.
Olivier Bergeret animant une course
d'orientation à l'aide du GPS
lors du Festiciel Ile-de-France
Ouest du 18 juin 2005 à Triel-sur-Seine (78)
Quelle anecdote ou souvenir fort souhaiteriez-vous
nous faire partager ?
La
section benjamine du Cosmos Club de France a participé en 1996 à l'élaboration
d'un set d'expériences destinées à être manipulées en micropesanteur. Je fus
responsable d'une d'entre elles : Inertie, destinée à l'étude du phénomène
d'inertie et la conservation de quantité de mouvement en apesanteur. Ce fut
très formateur et fascinant. En effet, malgré un côté indéniablement amateur et
ludique (des prototypes réalisés avec mon grand-père à la maison), ce fut
l'application de toute une démarche scientifique, l'aboutissement d'une phase
longue de spécifications, de planification, de prototypage le tout en vue de
l'aboutissement d'un rêve : envoyer un objet dans l'espace. L'expérience
finale fut usinée par des collègues pour finalement être envoyée à destination
de Mir en 1996. Claudie Haigneré manipula cette expérience le dimanche
25 août 1996, à bord de la station Mir, à l'occasion de la mission
Cassiopée.
Claudie Haigneré manipule
l'expérience Inertie à bord de Mir lors la mission Cassiopée en 1996
Quelle serait votre photo spatiale ou astronomique
préférée et pourquoi ?
Il m’est très difficile de fixer
un choix définitif sur une photo, tant le choix est vaste. Je me cantonnerais à
vous présenter cette photo de la station spatiale internationale. A mon sens,
c’est l’état de l’art de ce que l’homme sait faire de mieux dans l’espace à ce
jour. Cela me conforte dans l’idée que l’humanité peut faire de grandes et
belles choses dans l’espace.
L'ISS autour de la Terre le
6 août 2005
photographiée depuis la navette
Discovery lors de la mission STS-114
De la même manière, quel objet spatial
retiendriez-vous ?
Mon objet spatial préféré est sans
conteste le premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik 1. Cette
petite sphère de 58 cm de diamètre et de 84 kg fut satellisée par
l'URSS à une altitude comprise entre 230 et 950 km le 4 octobre 1957.
Bien que sa seule et
unique fonctionnalité fut d’émettre un "bip-bip" -aujourd’hui
fameux-, il marqua sans conteste son époque.
A la
fois objet politique -démonstration de puissance industrielle de l’Union
soviétique-, objet militaire -démonstration de la capacité à envoyer un missile
sur le sol américain- mais surtout premier objet spatial public, objet de
l’attention du public mondial !
Son
lancement lança en tout cas ce que beaucoup appellent la course à l’espace,
l’une des plus passionnante épopée industrielle qui prit fin, en un certain
sens, avec les missions lunaires américaines.
Cette boule d'aluminium ouvrit
l'ère de l'espace le 4 octobre 1957
Quel serait votre rêve spatial le plus fou ?
J’aimerais beaucoup qu’un de ces programmes de recherche d’intelligence extra-terrestre (tels SETI) aboutisse un jour à ne serait-ce que le repérage d’une anomalie, d’un indice d’un petit quelque chose… Réfléchir à la question des éventuelles formes de vie extraterrestres, c’est évidemment se poser moult questions : rencontrerons-nous un jour une civilisation extraterrestre ? De quelle manière ? Sous quelle forme serait-elle ? Serions-nous à-même de la percevoir ?
Gardons
toutefois à l’esprit qu’à l’échelle de l’Univers, la Terre n’est qu’un grain de
poussière et que l’échelle de la vie de l’Univers (13,7 milliards
d’année), la vie de l’humanité (400 000 ans) est une seconde. Il est
donc fortement probable que nous restions seuls en dépit d’efforts certains
mais il est vrai très dérisoires.
Que représente pour vous le personnage de Youri
Gagarine ?
Pour
moi, Youri Gagarine est un héros des temps modernes, un vainqueur des
sélections, le meilleur au terme d’un féroce entraînement, un modèle de courage
et un incroyable veinard… Cet honneur -être le premier à voler dans l’espace-
fut très largement mérité.
Que représente
pour vous la station Mir ?
Personnellement,
je pense à la station Mir avec un légère tristesse et nostalgie. C'était un
lieu familier pour nous autres Français car nombre de nos compatriotes
spationautes y ont séjourné. Je regrette amèrement que les projets privés de
rachat de la station en fin de vie aient échoués. Bien qu’instable et vétuste,
elle fut le premier lieu de présence durable pour les Soviétiques, les Européens
et les Américains. Elle fut le véhicule de nombreux symboles (détente
russo-américaine), de nombreuses premières (premiers vols pour de nombreuses
nations, premières expérimentations) et garde une place de choix dans
l’histoire de l’astronautique mondiale.
Merci, Olivier et Bergeret !
La semaine
prochaine (lundi 27 mars 2006) : Laurent Gathier