LES INVITES DU COSMOPIF - SPECIAL 50 ANS DE SPOUTNIK-1 |
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les commémorations prévues Cliquez là pour (ré)écouter le son du Spoutnik Retrouvez un
reportage de l'époque sur le site de l'INA |
N°165 (lundi 1er octobre 2007) |
Bébé-Lune Dessin de
Vornan |
Prototype
du satellite Spoutnik-1 exposé au
Musée Energia de Moscou Photo Pif |
Qui
êtes-vous, Bébé-Lune ?
Je suis le premier satellite artificiel de la Terre, boule
d'aluminium placée sur orbite par l'Union soviétique le vendredi 4 octobre
1957 à 22h28 (heure de Moscou) : c'était il y a 50 ans
Je pèse 83,6 kg et mon diamètre est de 58 cm.
Je suis équipé de capteurs de pression et de température ainsi que de 4 antennes sur pivot
longues de 2,45 à 2,9 m. Ma télémétrie (deux célèbres "bip-bip" égrenés à
intervalles réguliers) utilise les fréquences 20,005 et 40,002 MHz.
Mes concepteurs m'ont surnommé PS-1 (pour Prosteïchii
Spoutnik 1, ou satellite le plus simple n°1, en russe) et mon nom de code
international est 1957 A1. Mais la presse et le grand public ont préféré
m'appeler Spoutnik (le compagnon de route) ou Bébé-Lune.
Derniers
réglages et lancement
Mon orbite est elliptique :
228,5 km de périgée, 946,5 km d'apogée et inclinaison de 65,1° par
rapport au plan de l'équateur. J'effectue une révolution autour du globe en
96,17 minutes, à une vitesse de 8,55 km par seconde.
J'ai fonctionné 3 semaines
(jusqu'au 26 octobre 1957), jusqu'à l'épuisement de mes batteries, et me
suis consumé dans l’atmosphère le 4 janvier 1958, après 92 jours de
vol.
Peinture
d'Andreï Sokolov et photographie du dernier étage de la fusée porteuse dans le
ciel de Montréal
C'est la mise en place de l'Année Géophysique Internationale
1957-1958, décidée est 1952 par le Conseil International des Unions
Scientifiques, qui est à l'origine de ma naissance. Dans le cadre de cette
année de coopération mondiale dans les sciences de la Terre, l'envoi de
satellites artificiels pour sonder la haute atmosphère terrestre, encore pleine
de mystères, avait été vivement encouragé. L'URSS décida de relever le défi,
profitant du développement de son missile intercontinental R-7
Semiorka, opérationnel en août 1957 : dès 1955, des annonces officielles étaient faites, sans être
réellement prise, au sérieux !
Mais la conception de l'objet
D, le gros satellite de recherche prévu à l'origine pour être le premier à
être expédié autour du globe, prit du retard. Afin de ne pas
être doublé par le projet de petit satellite américain Vanguard, Sergueï
Korolev, le responsable du programme spatial soviétique, changea de stratégie
début 1957 : il fit engager rapidement ma construction, plus rudimentaire…
Sergueï Korolev, Mikhaïl Tikhonravov et Leonide Sedov
Du lancement de Spoutnik-1
jusqu'à sa mort, Sergueï Korolev (1907-1966)
fut le chef d'orchestre des
premiers succès spatiaux soviétiques.
Pour la mise au point de la R-7
et de Spoutnik-1, il fut notamment épaulé
par l'ingénieur Mikhaïl
Tikhonravov (1900-1974).
Membre de l'Académie des sciences de l'URSS et porte-parole des
délégations soviétiques
lors des grandes internationales d'astronautique, le physicien Leonide
Sedov (1907-1999)
sera longtemps considéré comme le "père" de Spoutnik-1.
Je suis un grand
amateur de radio.
Extrait de France
Dimanche du 10 au 16 octobre 1957
et note de
l'Agence France Presse sur les signaux émis par le satellite
Je
crois que c'est l'effet produit par mon lancement qui m'a le plus marqué :
enthousiasme partout dans le monde et grande déstabilisation du monde politique
américain.
La nouvelle de mon lancement, annoncée par Radio-Moscou le 5 octobre
à 1h30 du matin (soit le 4 octobre à 23h30 à Paris), fit immédiatement le
tour du monde. En quelques heures, mon nom était sur toutes les lèvres et à la
une de tous les journaux. Les radio-amateurs du monde entier pouvaient écouter
mes signaux du satellite et des séances publiques d'observation de mon passage
(et de celui du dernier étage de ma fusée porteuse) étaient organisées. On
rêvait de complexes orbitaux et de voyages interplanétaires…
A la une
de France Dimanche du 10 au 16 octobre 1957, le récit du premier
voyage dans la Lune (dans le cratère Ptolémée) par le professeur
Khlebtsevitch, "spécialiste soviétique des satellites artificiels". |
Avec un tirage de 1,8 millions d'exemplaires, Paris
Match s'impose en 1957 comme le premier hebdomadaire français. Dans son numéro du 19 octobre 1957, il consacre
32 pages au choc du Spoutnik. Notez que le satellite est coloré en
rouge… Une du mensuel Sciences et Avenir de novembre 1957 Illustration
du projet d'exploration de la face cachée de la Lune publiée
dans un magazine soviétique en 1957 |
Une de la Komsomolskaya
Pravda du 6 octobre 1957
La Terre au satellite (sur ondes
courtes) : "Comment ça va ? - Le satellite :
"Bien"
Depuis plusieurs années, on procède en Union
soviétique à des travaux de recherche, d'expériences et de construction pour la
création de satellites artificiels de la Terre.
Comme on l'a
déjà annoncé dans la presse, les premiers lancements des satellites en U.R.S.S.
ont été envisagés dans le cadre du programme de recherches scientifiques de
l'Année géophysique internationale.
A la suite
d'un travail intensif des instituts de recherches et des bureaux de
construction, un satellite artificiel de la Terre, le
premier au monde, a été créé.
Le
4 octobre 1957, le lancement efficace du premier satellite artificiel a
été effectué en U.R.S.S.
Il ressort
des premiers renseignements que la fusée porteuse a conféré au satellite la
vitesse orbitale indispensable de près de 8 000 mètres à la seconde.
A l'heure actuelle, le satellite décrit des trajectoires elliptiques autour de
la Terre et sa révolution peut être observée dans les rayons du Soleil levant
et couchant à l'aide d'instruments d'optique les plus simples (jumelles,
longues-vues, etc.).
Il ressort
des calculs, confirmés par les observations directes, que le satellite se
déplacera à 900 km d'altitude, effectuant le tour complet de la Terre en
une heure et trente-cinq minutes. L'angle de l'inclinaison par rapport au plan
de l'équateur est de 65 degrés.
Le
satellite passera au-dessus de la région de Moscou deux fois dans la nuit
du 4 au 5 octobre : à 1h45 et à 5h42.
La radio
soviétique diffusera régulièrement des informations concernant l'évolution
ultérieure du satellite.
Le premier
satellite se présente sous la forme d'une sphère de 58 centimètres de
diamètre. Son poids est de 83 kg 600. Il est muni de deux postes
émetteurs qui diffusent des appels ininterrompus sur les fréquences 20 005
et 40 002 mégacycles (15 et 7,5 mètres environ).
La
puissance des émetteurs permettra aux amateurs sans-filistes de capter les
signaux radio du satellite dans de bonnes conditions.
Les signaux
sont émis sous forme de messages télégraphiques durant quelques
trois dixièmes de seconde, avec une pause de la même durée entre eux.
Le signal
sur une fréquence est émis pendant le temps de pause sur l'autre fréquence.
Les
stations scientifiques en divers endroits de l'Union soviétique procèdent à
l'observation du satellite et évaluent les éléments de sa trajectoire.
Etant donné
que la densité des hautes couches raréfiées de l'atmosphère n'est pas connue
avec certitude, on ne dispose actuellement d'aucune donnée pour déterminer avec
précision la durée de l'existence du satellite et l'endroit où il pénétrera
dans les couches plus denses de l'atmosphère. Il a été calculé qu'en raison de
sa vitesse terrifiante le satellite se consumera en atteignant les couches
denses de l'atmosphère, à une altitude de plusieurs vingtaines de kilomètres.
La
possibilité des vols cosmiques au moyen de fusées à été formulée pour la
première fois dès la fin du dix-neuvième siècle, en Russie, grâce aux
travaux du savant Constantin E. Tsiolkovski. Le lancement effectif du premier
satellite créé par l'homme constitue une grande contribution au trésor
scientifique et culturel du monde. L'expérience scientifique réalisée à cette
altitude est d'une portée immense pour l'étude de l'espace cosmique et de la Terre, en tant que planète
de notre Système solaire. Les satellites artificiels frayeront le chemin aux
voyages interplanétaires et selon toute apparence nos contemporains seront les
témoins de la réalisation des rêves les plus hardis de l'humanité grâce au
travail de la nouvelle société socialiste, libre et consciente.
Publié dans
Le Monde daté des 6-7 octobre 1957
Partout,
"Bébé-Lune" est écouté, observé, commenté…
Mais mon lancement a également
provoqué stupeur et inquiétude dans le monde occidental, en particulier aux
Etats-Unis. Pour les dirigeants américains en effet, il s'agissait d'un
nouveau Pearl Harbor, cette fois-ci politique, technologique et médiatique.
Dessin
n°1 : "Qu'est-ce que c'était ?" Paru dans le quotidien
américain The Baltimore Sun (Maryland)
Dessin
n°2 : "Qui d'autre peut vous offrir la Lune ?" demande
Nikita Khrouchtchev aux pays en voie de développement.
Paru dans
le quotidien américain The Sacramento Bee (Californie)
Dessin
n°3 : la science russe décoiffe le programme de satellite américain
Paru dans
le quotidien américain The Detroit Free Press (Michigan)
Cité dans Libération du 5 octobre 1957
Dans le
court laps de temps qui leur était imparti -pas plus long que celui dont nous
disposions- j'estime que les Russes ont obtenu un succès remarquable. J'espère
qu'ils nous donneront des informations pour que nos équipes d'observateurs en
tirent des enseignements scientifiques (…).
C'est
vraiment fantastique. S'ils ont pu lancer un satellite de ce poids, ils peuvent
aussi en lancer de beaucoup plus lourds.
Georges
Laclavère, directeur adjoint de l'Institut géographique national
Cité dans Le Monde daté du 6-7 octobre 1957
L'expérience
devrait en principe nous donner des indications variées. La densité des couches
extérieures de l'atmosphère sera mieux connue grâce à l'observation des
perturbations de l'orbite dues à la résistance atmosphérique. Grâce à des
observations synchronisées avec une très haute précision de différents points
de la surface terrestre, les distances entre les différents continents seront
connues avec une plus grande précision. La détermination précise de l'orbite
permettra de connaître la forme de la Terre et en particulier son
aplatissement. L'observation des perturbations de l'orbite due à une
distribution non uniforme des masses à l'intérieur de la croûte terrestre
aidera peut-être à définir les grandes lignes, la composition de la croûte.
L'installation de compteurs à photons dans le satellite nous renseignera sur le
rayonnement solaire dans le spectre de l'ultra-violet et des rayons X. Ces
radiations sont presque complètement absorbées par l'atmosphère terrestre et il
en résulte que ces observations ne peuvent être faites à partir du sol. Des
compteurs de Geiger installés dans le satellite mesureront le rayonnement
cosmique, qui est en grande partie absorbé par l'atmosphère ou qui est dévié
par les lignes de force du champ magnétique terrestre. Les instruments
permettront de connaître la composition de la très haute atmosphère et en
particulier la densité dans l'espace des atomes d'hydrogène et des ions. Ils
permettront également de mesurer l'impact des particules météoritiques qui
pénètrent constamment dans l'atmosphère.
Hilaire Cuny, écrivain
In Combat,
6 octobre 1957
Que les
petits enfants en âge de comprendre se rappellent cette date. Ils pourront
l'évoquer, vieillards chenus, entourés de leur descendance admirative, comme
nous pûmes recueillir nous-mêmes, des lèvres de nos parents, les commentaires
sur l'exploit du pionnier de l'aviation Clément Ader, réussissant à décoller,
sur une distance de 300 mètres, le 14 octobre 1897, avec son
"aéroplane" ; comme ceux-ci, en leur temps, rencontrant
possiblement quelque centenaire témoin oculaire de l'expérience du jeune
physicien Pilatre de Rosier, traversant Paris dans la nacelle de son ballon le
21 novembre 1783, purent revivre les principales les principales étapes de
la libération de l'emprise de ce monde étroit.
Alexandre
Ananoff, membre de la Société Astronomique de France et fondateur
de la Fédération internationale d’astronautique (IAF)
Cité dans Le Figaro du 7 octobre 1957
J’ai été extrêmement ému lorsque j’ai appris l’événement. Des amis m’ont
téléphoné à minuit moins le quart vendredi. Cela a été pour moi un choc, bien
que je m’y sois attendu depuis quelques années déjà (…).
Il est évident qu’on lancera d’autres satellites ; on y mettra sans
doute des animaux pour étudier le comportement à des altitudes très élevées
qu’on connaît très mal ; et ensuite l’envoi d’une fusée automatique vers la
Lune.
Les photos seraient intéressantes mais n’auraient pas d’intérêt comme on
l’a dit au point de vue espionnage ou autre. Ce point de vue-là doit être exclu
car on oublie trop que la Terre vue à 900 km présente très peu de
choses : c’est une mappemonde et, de plus, les trois quarts de sa surface
sont couverts de nuages.
Je crois que si ce satellite a détourné l’attention des gens de la Terre
de toutes les questions politiques ou autres pendant ne serait-ce qu’une
demi-heure, il aura atteint son but.
Cité dans Le Figaro du 7 octobre 1957
A moins que
l'engin que les Russes déclarent posséder aboutisse à des renseignements scientifiques,
il serait permis de la considérer comme un morceau de ferraille lancé dans
l'espace, ce que presque n'importe qui pourrait faire.
Henry
Jackson, sénateur démocrate de l'état de Washington
Cité dans Le Figaro du 7 octobre 1957
La lancement
du satellite soviétique constitue un coup écrasant porté au prestige
scientifique, technique et industriel des USA.
Harry Spine, ingénieur
du projet Vanguard chez Martin Co. (licencié suite à sa déclaration)
Cité dans L'Humanité du 7 octobre 1957
Nous savions
depuis longtemps dans les milieux spécialisés que les Russes étaient très en
avance. Nous avons perdu cinq années, entre 1945 et 1950, parce que personne
n'a voulu écouter les spécialistes en fusées. Nous devons rattraper rapidement
ce retard, sinon nous sommes morts.
John Hagen, directeur
du programme américain Vanguard
Cité dans L'Humanité du 8 octobre 1957
Nous ne
faisons en aucune façon la course avec les Russes. Nous ne faisons la course
qu'avec notre calendrier de travail.
Nikita
Khrouchtchev, secrétaire du PCUS
Cité dans L'Humanité du 8 octobre 1957
Nous savons
que les fusées sont des armes terribles, impitoyables. Nous ne voulons pas nous
servir de cette supériorité. Mais je ne trahirais pas de secret si je répétais
ce qu'a déjà dit le maréchal Vierchinine : nous sommes entrés dans une
époque où les chasseurs et les bombardiers sont bons à mettre au musée, parce
que les fusées sont plus efficaces.
Les gens
qui portent la responsabilités des destinées de leur peuple devraient
réfléchir.
Nous sommes
pour la compétition pacifique, nous avons dans cette compétition remporté des
succès. Notre politique est claire. Notre voie est juste. Et, sur cette voie,
nous vaincrons.
Frédéric
Joliot-Curie, Prix Nobel de physique
Cité dans L'Humanité du 8 octobre 1957
Je savais
que c'était imminent. C'est une grande victoire humaine qui marque un tournant
de la civilisation : l'homme n'est plus rivé à sa planète. Le satellite
nous permettra d'apprendre beaucoup de choses que nous ignorons et d'observer
les rayons de très grande énergie qui ont une origine cosmique ainsi que leurs
applications sur la Terre.
Les
applications futures sont imprévisibles ; maintenant que l'on sait que
cette chose est non seulement possible mais réalisée, toutes les imaginations
des savants vont travailler. Cet aspect pacifique de la science créera une
bonne émulation, à laquelle la France peut prendre part si nous faisons un plus
grand effort pour la recherche scientifique.
La
prochaine étape ? Peut-être lancer un corps sur la Lune qui dégagerait une
fumée d'une centaine de mètres. Et puis, pourquoi pas des scaphandriers ?
C'est une
grande aventure. Nous n'avons jamais vu qu'une face de la Lune, pour ma part
j'aimerais bien savoir ce qu'il y a de l'autre côté !
Francis
Perrin, haut commissaire à l'énergie atomique
Cité dans L'Humanité du 8 octobre 1957
Jawaharlal Nehru, premier
Ministre indien
Cité dans L'Humanité du 8 octobre 1957
Je ne pense
pas que le lancement du satellite artificiel soviétique ait une influence
directe sur la guerre ou sur la paix mais il peut réduire la tension entre
l'URSS et les Etats-Unis parce qu'il apparaît plus absurde de parler de guerre
et d'armements.
Valérian
Krassovsky, chef du département des études atmosphériques de
l'Académie des sciences de l'URSS
Cité dans Le Figaro du 8 octobre 1957
Nous
souhaitons aux savants américains de réussir à leur tour à lancer un satellite
dans l'espace.
Il est
incontestable que les efforts conjugués des savants soviétiques, américains et
des autres pays serviront la science et contribueront en même temps à la
consolidation de la paix dans le monde.
George
Reedy, secrétaire du service de presse de la Maison Blanche lors
d'une réunion de la commission des Forces armées au Sénat le 25 novembre
1957
Nous ne
devons plus considérer les Russes derrière nous en matière de technologie. Il
leur a fallu quatre années pour être à notre niveau sur la bombe atomique
et neuf mois sur la bombe à hydrogène. Aujourd'hui, nous sommes en retard
sur eux dans les satellites.
J'ai eu la chance
d'être le premier à m'arracher de la pesanteur terrestre et de pouvoir admirer
votre berceau depuis mon orbite durant 92 jours. Quel spectacle, dommage
que je n'étais pas équipé d'appareil de prise de vue !
Trajectoire
du satellite
Je retiens ma fusée porteuse, la R-7 Semiorka (également
dénommée 8K71PS et 8A91). Haute de 29 mètres et lourde de 267 tonnes au décollage, elle
peut embarquer une charge utile de 1 300 kg.
Préparatifs
de la fusée R-7 dans sa version missile intercontinental
C'est une
spécificité des lanceurs spatiaux soviétiques : leur montage est effectué
à l'horizontale.
Remarquez
la structure en fagot du lanceur et les nombreuses tuyères de chaque étage
La structure bi-étages de la R-7 est très originale : elle est constituée de quatre accélérateurs disposés en fagot autour du corps central qui constituent le premier étage et d'un corps central qui sert de second étage. Chaque accélérateur est équipé d'un moteur RD-107 fonctionnant avec des ergols liquides (oxygène et kérozène). Il délivre une poussée de 1 000 kN (*) et comporte quatre chambres de combustion et quatre tuyères. Le second étage est doté d'un moteur RD-108 de conception analogue mais sa poussée est modulable (940 kN au maximum) et le temps de combustion est supérieur. Au décollage, tous les moteurs fonctionnent simultanément (ceux des accélérateurs à plein régime, celui du corps central à poussée réduite) et fournissent une poussée totale de l'ordre de 4400 kN. En fin de combustion, les accélérateurs se séparent du corps central et la poussée du moteur du second étage atteint sa valeur maximale. Douze petits moteurs verniers assurent le pilotage lors du vol du premier étage et quatre durant le vol du second étage.
Modifiée et déclinée en différents modèles, la R-7 poursuit
toujours sa carrière et constitue la fusée la plus utilisée au monde (plus de
1 700 lancements).
(*) La
poussée est fréquemment exprimée en tonnes dans la
littérature, à tort : l’unité de mesure de la force propulsive
générée par les moteurs est le Newton (N). Elle correspond en fait à la masse
que cette force peut soulever. Une force de 1 000 kN correspond à une
masse d’environ 100 tonnes.
Comparaison
de la R-7 militaire et civile - La plate-forme de lancement de Spoutnik-1à
Baïkonour (Kazakhstan)
J'ai paraît-il ouvert
l'ère interplanétaire ; j'espère que l'humanité saura suffisamment
s'émanciper dans le cosmos pour être capable de s'échapper du Système solaire
lorsque celui-ci disparaîtra, du fait de la mort de notre Soleil…
A
la sortie d'une bouche de métro à Moscou
Photo
Pif
Merci, Bébé-Lune !
Dessin
Vornan
La semaine prochaine (lundi
8 octobre 2007) : Vincent Fillion
Où voir des maquettes de
Spoutnik-1 en France ?
(et à l'étranger, à quelques heures
de route de Paris)
Maquettes
de Spoutnik-1 présentes à la Cité de
l'Espace de Toulouse et à l'Euro
Space Center de Redu
Photos
Tezio Cortez et Euro Space Center
Lieu |
Taille
|
Remarques |
Site web |
Cité de l'Espace Toulouse (31) |
1:1 |
La maquette de l'exposition
permanente a été réalisée en URSS Une seconde a été construite
pour l'exposition itinérante "Cosmomania" |
|
Musée de l'Air et de l'Espace Le Bourget (93) |
1:1 |
Maquette réalisée en URSS Le signal du Spoutnik se
déclenche lorsque l'on se place en-dessous |
|
Parc aux étoiles Triel-sur-Seine (78) |
1:3 |
Maquette de parrain du projet
"Spoutnik 40 ans" |
|
La Coupole Saint-Omer (62) |
1:1 |
Construite pour les 50 ans
de Spoutnik-1 |
|
Centre culturel spatial régional Sainte-Rose (974) |
1:3 |
Maquette de parrain du projet
"Spoutnik 40 ans" |
|
Euro Space Center Redu (Belgique) |
1:1 et
1:3 |
Une maquette échelle 1 à
l'extérieur du centre Un modèle réduit dans
l'exposition équipé d'un système de bruitage simulant le signal original |
|
Noordwijk
Space Expo (Hollande) |
1:1 |
Maquette réalisée en Hollande à
la construction du centre |
Au Musée de l'Air et
de l'Espace de Paris-Le Bourget,
une
maquette unique du pas de tir de la fusée R7 qui lança Spoutnik-1
est
présentée aux côtés de la réplique du satellite
Dès 1957, l'accordéoniste belge Hector
Delfosse compose le morceau Spoutnik galop. André Verchuren et Yvette Horner enregistreront tous deux cet air sur disque l'année suivante. Collection Jean-Pierre Marie (www.andre-verchuren.com) |
Lancés en 1962 par la reprise instrumentale du classique américain Orange Blossom Special de Johnny Cash, le groupe suédois The Spotnicks (rock instrumental) s'affiche avec de rutilants costumes d'astronautes. Chacun de ses concerts débute par The Spotnicks Theme, morceau qui sera notamment repris par le groupe français Les Lionceaux. |
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|
|
|
Devant le succès de la comédie A pied, à cheval et en voiture,
sorti en salles en septembre 1957, une suite est programmée. Intitulée A pied, à cheval et en Spoutnik, elle sort un
an plus tard. L'histoire s'articule autour d'un amnésique qui récupère un chien revenu de l'espace… |
En décembre 1957, les éditions Artima à Tourcoing lancent un nouveau magazine de bande dessinées "récits
complets" de science-fiction : Spoutnik (notez la forme du "o" dans le titre). Il reprend les histoires des premiers
numéros de la
revue Météor, qui continue de paraître jusqu'en 1967. La
carrière Spoutnik s'arrêtera en revanche en 1960. |
|
Ce
fromage produit en Mayenne -probablement dans les années 60- permet la
rencontre
entre
"spatiophiles" et tyrosémiophilistes
(collectionneurs d'étiquettes de fromage)
Collection
Maison Leforestier
Initié en 1996, le projet
"Spoutnik 40 ans" consistait à faire construire par des
jeunes un modèle réduit du Spoutnik (échelle 1/3) et le faire lancer par un
cosmonaute au cours d'une sortie extravéhiculaire, en vue de célébrer les
40 ans de la conquête spatiale. Des collégiens de La Réunion se sont vu
confier la partie électronique (avec le soutien de l'AMSAT-France), tandis que
des collégiens russes de Naltchik (qui avaient déjà réalisé une reproduction de
la fusée de Tsiolkovski, lancée dans l'espace par le cosmonaute Alexandre Serebrov)
se sont occupés de la partie mécanique. En plus de 4 modèles de vol
(3,5 kg pour un diamètre de 20 cm), 16 maquettes d'exposition
ont été réalisées pour les partenaires de l'opération.
Maquette du
Spoutnik 40 ans exposée au Parc
aux étoiles de Triel-sur-Seine
Le premier modèle (ainsi qu'un
exemplaire de rechange) a rejoint la station Mir le 8 octobre 1997 à
l'aide du Progress M-36. Baptisé PS-2 (en hommage au nom de code originel de
Spoutnik-1, PS-1 ou "satellite le plus simple n°1"), il a été lancé à
la main par Pavel Vinogradov lors de la sortie en scaphandre du 3 novembre
suivant. Son collègue Anatoli Soloviev a filmé le lancer. Le mini-satellite
évolua ainsi à 300 km d'altitude, une dizaine de minutes devant Mir.
Pavel Vinogradov et Anatoli Soloviev se préparent à leur
sortie hors de la station Mir le 3 novembre 1997
Lancer du
Spoutnik 40 ans
Equipé d'un petit émetteur de
200 mW et de 4 antennes de 50 cm, PS-2 (devenu RS-17, pour
"Radioamateur Spoutnik n°17") a été entendu en France dès la fin de
sa première orbite. Si le signal émis en FM dans les bandes de fréquences
amateur (à 145,825 Mhz) n'était qu'un simple "bip-bip" comme
pour le premier Spoutnik, sa tonalité était proportionnelle à la température
interne du satellite. Celle-ci oscilla entre 10°C et à 40°C, en fonction de
l'ensoleillement. Les batteries (non rechargeables) s'épuisèrent en
57 jours et le signal s'interrompit le 29 décembre 1997.
360 radioamateurs du monde entier avaient pu l'entendre. PS-2 brûla dans
l'atmosphère le 21 mai 1998, après 199 jours passés sur orbite.
Le russe
cosmonaute Pavel Vinogradov, accompagné d'un jeune étudiant kazakh, remet une
maquette du Spoutnik 40 ans au directeur du
Musée de l'Air et de l'Espace
Jean-Paul Siffre en avril 1999.
Photo
Jacques Bouvier
Afin de célébrer l'Année
internationale de l'espace 1998 et le centenaire de l'Aéro-Club de France (partenaire
de l'opération "Spoutnik 40 ans"), un nouvel exemplaire de
PS-2 fut assemblé et monté à bord de Mir le 25 octobre 1998 l'aide du
Progress M-40. Son lancement, toujours à la main, intervint lors de la sortie
du 10 novembre 1998. "Pousse-le doucement vers la Lune" aurait
conseillé Gennadi Padalka à Sergueï Avdeïev. Spoutnik-41 (ou RS-18) contenait
cette fois plusieurs messages audio enregistrés en français, en anglais et en
russe, lus par des collégiens et des adultes. L'autonomie se trouvant ainsi réduite,
le signal ne fut écouté qu'un mois, jusqu'au 10 décembre 1998.
Le 4 avril 1999 enfin, un
troisième modèle réduit du Spoutnik fut livré à la station Mir par le Progress
M-41. Mais cette fois, il était destiné à une opération commerciale mise en place
par une célèbre marque de montres suisse qui lançait un nouveau modèle sur le
marché (le mini-satellite devait diffuser des messages postés par des
internautes sur le thème du "beat", du nom du produit en question).
Devant le refus des radioamateurs de voir les ondes utilisées à des fins
mercantiles, les Russes prétextèrent avoir besoin de la batterie du satellite
pour dépanner une imprimante de Mir (!) et le Français Jean-Pierre Haigneré,
qui lança l'engin lors de sa sortie du 16 avril avec Viktor Afanassiev,
n'enclencha pas son système d'émission. Le "Beatnik" (également
dénommé Spoutnik-99 ou RS-19) tourna donc muet autour de la Terre jusqu'au
29 juillet 1999.
Viktor
Afanassiev et Jean-Pierre Haigneré hors de Mir le 16 avril 1999.
Le
Spoutnik-99 attend son lancement au bout du mat, en haut à gauche de l'image,
rangé
dans un sac de protection vert (on distingue ses 4 antennes qui en
sortent).
Photo CNES/Jean-Pierre Haigneré
L'aventure
du projet "Spoutnik 40 ans" a donné naissance à un livre,
trilingue (anglais, français et russe), rédigé par Guy
Pignolet de Sainte Rose. Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.science-sainte-rose.net.
La vidéo du lancement de PS-2 s'y trouve également.
Cliquez ici pour connaître
les commémorations prévues Cliquez là pour (ré)écouter le son du Spoutnik Retrouvez un
reportage de l'époque sur le site de l'INA |