LES INVITES DU COSMOPIF - SPECIAL 50 ANS DE SPOUTNIK-1 |
Cliquez ici pour conna�tre
les comm�morations pr�vues Cliquez l� pour (r�)�couter le son du Spoutnik Retrouvez un
reportage de l'�poque sur le site de l'INA |
N�165 (lundi 1er octobre 2007) |
B�b�-Lune Dessin de
Vornan |
Prototype
du satellite Spoutnik-1 expos� au
Mus�e Energia de Moscou Photo Pif |
Qui
�tes-vous, B�b�-Lune ?
Je suis le premier satellite artificiel de la Terre, boule
d'aluminium plac�e sur orbite par l'Union sovi�tique le vendredi 4 octobre
1957 � 22h28 (heure de Moscou) : c'�tait il y a 50 ans
Je p�se 83,6 kg et mon diam�tre est de 58 cm.
Je suis �quip� de capteurs de pression et de temp�rature ainsi que de 4 antennes sur pivot
longues de 2,45 � 2,9 m. Ma t�l�m�trie (deux c�l�bres "bip-bip" �gren�s �
intervalles r�guliers) utilise les fr�quences 20,005 et 40,002 MHz.
Mes concepteurs m'ont surnomm� PS-1 (pour Proste�chii
Spoutnik 1, ou satellite le plus simple n�1, en russe) et mon nom de code
international est 1957 A1. Mais la presse et le grand public ont pr�f�r�
m'appeler Spoutnik (le compagnon de route) ou B�b�-Lune.
Derniers
r�glages et lancement
Mon orbite est elliptique :
228,5 km de p�rig�e, 946,5 km d'apog�e et inclinaison de 65,1� par
rapport au plan de l'�quateur. J'effectue une r�volution autour du globe en
96,17 minutes, � une vitesse de 8,55 km par seconde.
J'ai fonctionn� 3 semaines
(jusqu'au 26 octobre 1957), jusqu'� l'�puisement de mes batteries, et me
suis consum� dans l�atmosph�re le 4 janvier 1958, apr�s 92 jours de
vol.
Peinture
d'Andre� Sokolov et photographie du dernier �tage de la fus�e porteuse dans le
ciel de Montr�al
C'est la mise en place de l'Ann�e G�ophysique Internationale
1957-1958, d�cid�e est 1952 par le Conseil International des Unions
Scientifiques, qui est � l'origine de ma naissance. Dans le cadre de cette
ann�e de coop�ration mondiale dans les sciences de la Terre, l'envoi de
satellites artificiels pour sonder la haute atmosph�re terrestre, encore pleine
de myst�res, avait �t� vivement encourag�. L'URSS d�cida de relever le d�fi,
profitant du d�veloppement de son missile intercontinental R-7
Semiorka, op�rationnel en ao�t 1957 : d�s 1955, des annonces officielles �taient faites, sans �tre
r�ellement prise, au s�rieux !
Mais la conception de l'objet
D, le gros satellite de recherche pr�vu � l'origine pour �tre le premier �
�tre exp�di� autour du globe, prit du retard. Afin de ne pas
�tre doubl� par le projet de petit satellite am�ricain Vanguard, Sergue�
Korolev, le responsable du programme spatial sovi�tique, changea de strat�gie
d�but 1957 : il fit engager rapidement ma construction, plus rudimentaire�
Sergue� Korolev, Mikha�l Tikhonravov et Leonide Sedov
Du lancement de Spoutnik-1
jusqu'� sa mort, Sergue� Korolev (1907-1966)
fut le chef d'orchestre des
premiers succ�s spatiaux sovi�tiques.
Pour la mise au point de la R-7
et de Spoutnik-1, il fut notamment �paul�
par l'ing�nieur Mikha�l
Tikhonravov (1900-1974).
Membre de l'Acad�mie des sciences de l'URSS et porte-parole des
d�l�gations sovi�tiques
lors des grandes internationales d'astronautique, le physicien Leonide
Sedov (1907-1999)
sera longtemps consid�r� comme le "p�re" de Spoutnik-1.
Je suis un grand
amateur de radio.
Extrait de France
Dimanche du 10 au 16 octobre 1957
et note de
l'Agence France Presse sur les signaux �mis par le satellite
Je
crois que c'est l'effet produit par mon lancement qui m'a le plus marqu� :
enthousiasme partout dans le monde et grande d�stabilisation du monde politique
am�ricain.
La nouvelle de mon lancement, annonc�e par Radio-Moscou le 5 octobre
� 1h30 du matin (soit le 4 octobre � 23h30 � Paris), fit imm�diatement le
tour du monde. En quelques heures, mon nom �tait sur toutes les l�vres et � la
une de tous les journaux. Les radio-amateurs du monde entier pouvaient �couter
mes signaux du satellite et des s�ances publiques d'observation de mon passage
(et de celui du dernier �tage de ma fus�e porteuse) �taient organis�es. On
r�vait de complexes orbitaux et de voyages interplan�taires�
A la une
de France Dimanche du 10 au 16 octobre 1957, le r�cit du premier
voyage dans la Lune (dans le crat�re Ptol�m�e) par le professeur
Khlebtsevitch, "sp�cialiste sovi�tique des satellites artificiels". |
Avec un tirage de 1,8 millions d'exemplaires, Paris
Match s'impose en 1957 comme le premier hebdomadaire fran�ais. Dans son num�ro du 19 octobre 1957, il consacre
32 pages au choc du Spoutnik. Notez que le satellite est color� en
rouge� Une du mensuel Sciences et Avenir de novembre 1957 Illustration
du projet d'exploration de la face cach�e de la Lune publi�e
dans un magazine sovi�tique en 1957 |
Une de la Komsomolskaya
Pravda du 6 octobre 1957
La Terre au satellite (sur ondes
courtes) : "Comment �a va ? - Le satellite :
"Bien"
Depuis plusieurs ann�es, on proc�de en Union
sovi�tique � des travaux de recherche, d'exp�riences et de construction pour la
cr�ation de satellites artificiels de la Terre.
Comme on l'a
d�j� annonc� dans la presse, les premiers lancements des satellites en U.R.S.S.
ont �t� envisag�s dans le cadre du programme de recherches scientifiques de
l'Ann�e g�ophysique internationale.
A la suite
d'un travail intensif des instituts de recherches et des bureaux de
construction, un satellite artificiel de la Terre, le
premier au monde, a �t� cr��.
Le
4 octobre 1957, le lancement efficace du premier satellite artificiel a
�t� effectu� en U.R.S.S.
Il ressort
des premiers renseignements que la fus�e porteuse a conf�r� au satellite la
vitesse orbitale indispensable de pr�s de 8 000 m�tres � la seconde.
A l'heure actuelle, le satellite d�crit des trajectoires elliptiques autour de
la Terre et sa r�volution peut �tre observ�e dans les rayons du Soleil levant
et couchant � l'aide d'instruments d'optique les plus simples (jumelles,
longues-vues, etc.).
Il ressort
des calculs, confirm�s par les observations directes, que le satellite se
d�placera � 900 km d'altitude, effectuant le tour complet de la Terre en
une heure et trente-cinq minutes. L'angle de l'inclinaison par rapport au plan
de l'�quateur est de 65 degr�s.
Le
satellite passera au-dessus de la r�gion de Moscou deux fois dans la nuit
du 4 au 5 octobre : � 1h45 et � 5h42.
La radio
sovi�tique diffusera r�guli�rement des informations concernant l'�volution
ult�rieure du satellite.
Le premier
satellite se pr�sente sous la forme d'une sph�re de 58 centim�tres de
diam�tre. Son poids est de 83 kg 600. Il est muni de deux postes
�metteurs qui diffusent des appels ininterrompus sur les fr�quences 20 005
et 40 002 m�gacycles (15 et 7,5 m�tres environ).
La
puissance des �metteurs permettra aux amateurs sans-filistes de capter les
signaux radio du satellite dans de bonnes conditions.
Les signaux
sont �mis sous forme de messages t�l�graphiques durant quelques
trois dixi�mes de seconde, avec une pause de la m�me dur�e entre eux.
Le signal
sur une fr�quence est �mis pendant le temps de pause sur l'autre fr�quence.
Les
stations scientifiques en divers endroits de l'Union sovi�tique proc�dent �
l'observation du satellite et �valuent les �l�ments de sa trajectoire.
Etant donn�
que la densit� des hautes couches rar�fi�es de l'atmosph�re n'est pas connue
avec certitude, on ne dispose actuellement d'aucune donn�e pour d�terminer avec
pr�cision la dur�e de l'existence du satellite et l'endroit o� il p�n�trera
dans les couches plus denses de l'atmosph�re. Il a �t� calcul� qu'en raison de
sa vitesse terrifiante le satellite se consumera en atteignant les couches
denses de l'atmosph�re, � une altitude de plusieurs vingtaines de kilom�tres.
La
possibilit� des vols cosmiques au moyen de fus�es � �t� formul�e pour la
premi�re fois d�s la fin du dix-neuvi�me si�cle, en Russie, gr�ce aux
travaux du savant Constantin E. Tsiolkovski. Le lancement effectif du premier
satellite cr�� par l'homme constitue une grande contribution au tr�sor
scientifique et culturel du monde. L'exp�rience scientifique r�alis�e � cette
altitude est d'une port�e immense pour l'�tude de l'espace� cosmique et de la Terre, en tant que plan�te
de notre Syst�me solaire. Les satellites artificiels frayeront le chemin aux
voyages interplan�taires et selon toute apparence nos contemporains seront les
t�moins de la r�alisation des r�ves les plus hardis de l'humanit� gr�ce au
travail de la nouvelle soci�t� socialiste, libre et consciente.
Publi� dans
Le Monde dat� des 6-7 octobre 1957
Partout,
"B�b�-Lune" est �cout�, observ�, comment�
Mais mon lancement a �galement
provoqu� stupeur et inqui�tude dans le monde occidental, en particulier aux
Etats-Unis. Pour les dirigeants am�ricains en effet, il s'agissait d'un
nouveau Pearl Harbor, cette fois-ci politique, technologique et m�diatique.
Dessin
n�1 : "Qu'est-ce que c'�tait ?" Paru dans le quotidien
am�ricain The Baltimore Sun (Maryland)
Dessin
n�2 : "Qui d'autre peut vous offrir la Lune ?" demande
Nikita Khrouchtchev aux pays en voie de d�veloppement.
Paru dans
le quotidien am�ricain The Sacramento Bee (Californie)
Dessin
n�3 : la science russe d�coiffe le programme de satellite am�ricain
Paru dans
le quotidien am�ricain The Detroit Free Press (Michigan)
Cit� dans Lib�ration du 5 octobre 1957
Dans le
court laps de temps qui leur �tait imparti -pas plus long que celui dont nous
disposions- j'estime que les Russes ont obtenu un succ�s remarquable. J'esp�re
qu'ils nous donneront des informations pour que nos �quipes d'observateurs en
tirent des enseignements scientifiques (�).
C'est
vraiment fantastique. S'ils ont pu lancer un satellite de ce poids, ils peuvent
aussi en lancer de beaucoup plus lourds.
Georges
Laclav�re, directeur adjoint de l'Institut g�ographique national
Cit� dans Le Monde dat� du 6-7 octobre 1957
L'exp�rience
devrait en principe nous donner des indications vari�es. La densit� des couches
ext�rieures de l'atmosph�re sera mieux connue gr�ce � l'observation des
perturbations de l'orbite dues � la r�sistance atmosph�rique. Gr�ce � des
observations synchronis�es avec une tr�s haute pr�cision de diff�rents points
de la surface terrestre, les distances entre les diff�rents continents seront
connues avec une plus grande pr�cision. La d�termination pr�cise de l'orbite
permettra de conna�tre la forme de la Terre et en particulier son
aplatissement. L'observation des perturbations de l'orbite due � une
distribution non uniforme des masses � l'int�rieur de la cro�te terrestre
aidera peut-�tre � d�finir les grandes lignes, la composition de la cro�te.
L'installation de compteurs � photons dans le satellite nous renseignera sur le
rayonnement solaire dans le spectre de l'ultra-violet et des rayons X. Ces
radiations sont presque compl�tement absorb�es par l'atmosph�re terrestre et il
en r�sulte que ces observations ne peuvent �tre faites � partir du sol. Des
compteurs de Geiger install�s dans le satellite mesureront le rayonnement
cosmique, qui est en grande partie absorb� par l'atmosph�re ou qui est d�vi�
par les lignes de force du champ magn�tique terrestre. Les instruments
permettront de conna�tre la composition de la tr�s haute atmosph�re et en
particulier la densit� dans l'espace des atomes d'hydrog�ne et des ions. Ils
permettront �galement de mesurer l'impact des particules m�t�oritiques qui
p�n�trent constamment dans l'atmosph�re.
Hilaire Cuny, �crivain
In Combat,
6 octobre 1957
Que les
petits enfants en �ge de comprendre se rappellent cette date. Ils pourront
l'�voquer, vieillards chenus, entour�s de leur descendance admirative, comme
nous p�mes recueillir nous-m�mes, des l�vres de nos parents, les commentaires
sur l'exploit du pionnier de l'aviation Cl�ment Ader, r�ussissant � d�coller,
sur une distance de 300 m�tres, le 14 octobre 1897, avec son
"a�roplane" ; comme ceux-ci, en leur temps, rencontrant
possiblement quelque centenaire t�moin oculaire de l'exp�rience du jeune
physicien Pilatre de Rosier, traversant Paris dans la nacelle de son ballon le
21 novembre 1783, purent revivre les principales les principales �tapes de
la lib�ration de l'emprise de ce monde �troit.
Alexandre
Ananoff, membre de la Soci�t� Astronomique de France et fondateur
de la F�d�ration internationale d�astronautique (IAF)
Cit� dans Le Figaro du 7 octobre 1957
J�ai �t� extr�mement �mu lorsque j�ai appris l��v�nement. Des amis m�ont
t�l�phon� � minuit moins le quart vendredi. Cela a �t� pour moi un choc, bien
que je m�y sois attendu depuis quelques ann�es d�j� (�).
Il est �vident qu�on lancera d�autres satellites ; on y mettra sans
doute des animaux pour �tudier le comportement � des altitudes tr�s �lev�es
qu�on conna�t tr�s mal ; et ensuite l�envoi d�une fus�e automatique vers la
Lune.
Les photos seraient int�ressantes mais n�auraient pas d�int�r�t comme on
l�a dit au point de vue espionnage ou autre. Ce point de vue-l� doit �tre exclu
car on oublie trop que la Terre vue � 900 km pr�sente tr�s peu de
choses : c�est une mappemonde et, de plus, les trois quarts de sa surface
sont couverts de nuages.
Je crois que si ce satellite a d�tourn� l�attention des gens de la Terre
de toutes les questions politiques ou autres pendant ne serait-ce qu�une
demi-heure, il aura atteint son but.
Cit� dans Le Figaro du 7 octobre 1957
A moins que
l'engin que les Russes d�clarent poss�der aboutisse � des renseignements scientifiques,
il serait permis de la consid�rer comme un morceau de ferraille lanc� dans
l'espace, ce que presque n'importe qui pourrait faire.
Henry
Jackson, s�nateur d�mocrate de l'�tat de Washington
Cit� dans Le Figaro du 7 octobre 1957
La lancement
du satellite sovi�tique constitue un coup �crasant port� au prestige
scientifique, technique et industriel des USA.
Harry Spine, ing�nieur
du projet Vanguard chez Martin Co. (licenci� suite � sa d�claration)
Cit� dans L'Humanit� du 7 octobre 1957
Nous savions
depuis longtemps dans les milieux sp�cialis�s que les Russes �taient tr�s en
avance. Nous avons perdu cinq ann�es, entre 1945 et 1950, parce que personne
n'a voulu �couter les sp�cialistes en fus�es. Nous devons rattraper rapidement
ce retard, sinon nous sommes morts.
John Hagen, directeur
du programme am�ricain Vanguard
Cit� dans L'Humanit� du 8 octobre 1957
Nous ne
faisons en aucune fa�on la course avec les Russes. Nous ne faisons la course
qu'avec notre calendrier de travail.
Nikita
Khrouchtchev, secr�taire du PCUS
Cit� dans L'Humanit� du 8 octobre 1957
Nous savons
que les fus�es sont des armes terribles, impitoyables. Nous ne voulons pas nous
servir de cette sup�riorit�. Mais je ne trahirais pas de secret si je r�p�tais
ce qu'a d�j� dit le mar�chal Vierchinine : nous sommes entr�s dans une
�poque o� les chasseurs et les bombardiers sont bons � mettre au mus�e, parce
que les fus�es sont plus efficaces.
Les gens
qui portent la responsabilit�s des destin�es de leur peuple devraient
r�fl�chir.
Nous sommes
pour la comp�tition pacifique, nous avons dans cette comp�tition remport� des
succ�s. Notre politique est claire. Notre voie est juste. Et, sur cette voie,
nous vaincrons.
Fr�d�ric
Joliot-Curie, Prix Nobel de physique
Cit� dans L'Humanit� du 8 octobre 1957
Je savais
que c'�tait imminent. C'est une grande victoire humaine qui marque un tournant
de la civilisation : l'homme n'est plus riv� � sa plan�te. Le satellite
nous permettra d'apprendre beaucoup de choses que nous ignorons et d'observer
les rayons de tr�s grande �nergie qui ont une origine cosmique ainsi que leurs
applications sur la Terre.
Les
applications futures sont impr�visibles ; maintenant que l'on sait que
cette chose est non seulement possible mais r�alis�e, toutes les imaginations
des savants vont travailler. Cet aspect pacifique de la science cr�era une
bonne �mulation, � laquelle la France peut prendre part si nous faisons un plus
grand effort pour la recherche scientifique.
La
prochaine �tape ? Peut-�tre lancer un corps sur la Lune qui d�gagerait une
fum�e d'une centaine de m�tres. Et puis, pourquoi pas des scaphandriers ?
C'est une
grande aventure. Nous n'avons jamais vu qu'une face de la Lune, pour ma part
j'aimerais bien savoir ce qu'il y a de l'autre c�t� !
Francis
Perrin, haut commissaire � l'�nergie atomique
Cit� dans L'Humanit� du 8 octobre 1957
Jawaharlal Nehru, premier
Ministre indien
Cit� dans L'Humanit� du 8 octobre 1957
Je ne pense
pas que le lancement du satellite artificiel sovi�tique ait une influence
directe sur la guerre ou sur la paix mais il peut r�duire la tension entre
l'URSS et les Etats-Unis parce qu'il appara�t plus absurde de parler de guerre
et d'armements.
Val�rian
Krassovsky, chef du d�partement des �tudes atmosph�riques de
l'Acad�mie des sciences de l'URSS
Cit� dans Le Figaro du 8 octobre 1957
Nous
souhaitons aux savants am�ricains de r�ussir � leur tour � lancer un satellite
dans l'espace.
Il est
incontestable que les efforts conjugu�s des savants sovi�tiques, am�ricains et
des autres pays serviront la science et contribueront en m�me temps � la
consolidation de la paix dans le monde.
George
Reedy, secr�taire du service de presse de la Maison Blanche lors
d'une r�union de la commission des Forces arm�es au S�nat le 25 novembre
1957
Nous ne
devons plus consid�rer les Russes derri�re nous en mati�re de technologie. Il
leur a fallu quatre ann�es pour �tre � notre niveau sur la bombe atomique
et neuf mois sur la bombe � hydrog�ne. Aujourd'hui, nous sommes en retard
sur eux dans les satellites.
J'ai eu la chance
d'�tre le premier � m'arracher de la pesanteur terrestre et de pouvoir admirer
votre berceau depuis mon orbite durant 92 jours. Quel spectacle, dommage
que je n'�tais pas �quip� d'appareil de prise de vue !
Trajectoire
du satellite
Je retiens ma fus�e porteuse, la R-7 Semiorka (�galement
d�nomm�e 8K71PS et 8A91). Haute de 29 m�tres et lourde de 267 tonnes au d�collage, elle
peut embarquer une charge utile de 1 300 kg.
Pr�paratifs
de la fus�e R-7 dans sa version missile intercontinental
C'est une
sp�cificit� des lanceurs spatiaux sovi�tiques : leur montage est effectu�
� l'horizontale.
Remarquez
la structure en fagot du lanceur et les nombreuses tuy�res de chaque �tage
La structure bi-�tages de la R-7 est tr�s originale : elle est constitu�e de quatre acc�l�rateurs dispos�s en fagot autour du corps central qui constituent le premier �tage et d'un corps central qui sert de second �tage. Chaque acc�l�rateur est �quip� d'un moteur RD-107 fonctionnant avec des ergols liquides (oxyg�ne et k�roz�ne). Il d�livre une pouss�e de 1 000 kN (*) et comporte quatre chambres de combustion et quatre tuy�res. Le second �tage est dot� d'un moteur RD-108 de conception analogue mais sa pouss�e est modulable (940 kN au maximum) et le temps de combustion est sup�rieur. Au d�collage, tous les moteurs fonctionnent simultan�ment (ceux des acc�l�rateurs � plein r�gime, celui du corps central � pouss�e r�duite) et fournissent une pouss�e totale de l'ordre de 4400 kN. En fin de combustion, les acc�l�rateurs se s�parent du corps central et la pouss�e du moteur du second �tage atteint sa valeur maximale. Douze petits moteurs verniers assurent le pilotage lors du vol du premier �tage et quatre durant le vol du second �tage.
Modifi�e et d�clin�e en diff�rents mod�les, la R-7 poursuit
toujours sa carri�re et constitue la fus�e la plus utilis�e au monde (plus de
1 700 lancements).
(*) La
pouss�e est fr�quemment exprim�e en tonnes dans la
litt�rature, � tort : l�unit� de mesure de la force propulsive
g�n�r�e par les moteurs est le Newton (N). Elle correspond en fait � la masse
que cette force peut soulever. Une force de 1 000 kN correspond � une
masse d�environ 100 tonnes.
Comparaison
de la R-7 militaire et civile - La plate-forme de lancement de Spoutnik-1�
Ba�konour (Kazakhstan)
J'ai para�t-il ouvert
l'�re interplan�taire ; j'esp�re que l'humanit� saura suffisamment
s'�manciper dans le cosmos pour �tre capable de s'�chapper du Syst�me solaire
lorsque celui-ci dispara�tra, du fait de la mort de notre Soleil�
A
la sortie d'une bouche de m�tro � Moscou
Photo
Pif
Merci, B�b�-Lune !
Dessin
Vornan
La semaine prochaine (lundi
8 octobre 2007) : Vincent Fillion
O� voir des maquettes de
Spoutnik-1 en France ?
(et � l'�tranger, � quelques heures
de route de Paris)
Maquettes
de Spoutnik-1 pr�sentes � la Cit� de
l'Espace de Toulouse et � l'Euro
Space Center de Redu
Photos
Tezio Cortez et Euro Space Center
Lieu |
Taille
|
Remarques |
Site web |
Cit� de l'Espace Toulouse (31) |
1:1 |
La maquette de l'exposition
permanente a �t� r�alis�e en URSS Une seconde a �t� construite
pour l'exposition itin�rante "Cosmomania" |
|
Mus�e de l'Air et de l'Espace Le Bourget (93) |
1:1 |
Maquette r�alis�e en URSS Le signal du Spoutnik se
d�clenche lorsque l'on se place en-dessous |
|
Parc aux �toiles Triel-sur-Seine (78) |
1:3 |
Maquette de parrain du projet
"Spoutnik 40 ans" |
|
La Coupole Saint-Omer (62) |
1:1 |
Construite pour les 50 ans
de Spoutnik-1 |
|
Centre culturel spatial r�gional Sainte-Rose (974) |
1:3 |
Maquette de parrain du projet
"Spoutnik 40 ans" |
|
Euro Space Center Redu (Belgique) |
1:1 et
1:3 |
Une maquette �chelle 1 �
l'ext�rieur du centre Un mod�le r�duit dans
l'exposition �quip� d'un syst�me de bruitage simulant le signal original |
|
Noordwijk
Space Expo (Hollande) |
1:1 |
Maquette r�alis�e en Hollande �
la construction du centre |
Au Mus�e de l'Air et
de l'Espace de Paris-Le Bourget,
une
maquette unique du pas de tir de la fus�e R7 qui lan�a Spoutnik-1
est
pr�sent�e aux c�t�s de la r�plique du satellite
D�s 1957, l'accord�oniste belge Hector
Delfosse compose le morceau Spoutnik galop. Andr� Verchuren et Yvette Horner enregistreront tous deux cet air sur disque l'ann�e suivante. Collection Jean-Pierre Marie (www.andre-verchuren.com) |
Lanc�s en 1962 par la reprise instrumentale du classique am�ricain Orange Blossom Special de Johnny Cash, le groupe su�dois The Spotnicks (rock instrumental) s'affiche avec de rutilants costumes d'astronautes. Chacun de ses concerts d�bute par The Spotnicks Theme, morceau qui sera notamment repris par le groupe fran�ais Les Lionceaux. |
|
|
|
|
Devant le succ�s de la com�die A pied, � cheval et en voiture,
sorti en salles en septembre 1957, une suite est programm�e. Intitul�e A pied, � cheval et en Spoutnik, elle sort un
an plus tard. L'histoire s'articule autour d'un amn�sique qui r�cup�re un chien revenu de l'espace� |
En d�cembre 1957, les �ditions Artima � Tourcoing lancent un nouveau magazine de bande dessin�es "r�cits
complets" de science-fiction : Spoutnik (notez la forme du "o" dans le titre). Il reprend les histoires des premiers
num�ros de la
revue M�t�or, qui continue de para�tre jusqu'en 1967. La
carri�re Spoutnik s'arr�tera en revanche en 1960. |
|
Ce
fromage produit en Mayenne -probablement dans les ann�es 60- permet la
rencontre
entre
"spatiophiles" et tyros�miophilistes
(collectionneurs d'�tiquettes de fromage)
Collection
Maison Leforestier
Initi� en 1996, le projet
"Spoutnik 40 ans" consistait � faire construire par des
jeunes un mod�le r�duit du Spoutnik (�chelle 1/3) et le faire lancer par un
cosmonaute au cours d'une sortie extrav�hiculaire, en vue de c�l�brer les
40 ans de la conqu�te spatiale. Des coll�giens de La R�union se sont vu
confier la partie �lectronique (avec le soutien de l'AMSAT-France), tandis que
des coll�giens russes de Naltchik (qui avaient d�j� r�alis� une reproduction de
la fus�e de Tsiolkovski, lanc�e dans l'espace par le cosmonaute Alexandre Serebrov)
se sont occup�s de la partie m�canique. En plus de 4 mod�les de vol
(3,5 kg pour un diam�tre de 20 cm), 16 maquettes d'exposition
ont �t� r�alis�es pour les partenaires de l'op�ration.
Maquette du
Spoutnik 40 ans expos�e au Parc
aux �toiles de Triel-sur-Seine
Le premier mod�le (ainsi qu'un
exemplaire de rechange) a rejoint la station Mir le 8 octobre 1997 �
l'aide du Progress M-36. Baptis� PS-2 (en hommage au nom de code originel de
Spoutnik-1, PS-1 ou "satellite le plus simple n�1"), il a �t� lanc� �
la main par Pavel Vinogradov lors de la sortie en scaphandre du 3 novembre
suivant. Son coll�gue Anatoli Soloviev a film� le lancer. Le mini-satellite
�volua ainsi � 300 km d'altitude, une dizaine de minutes devant Mir.
Pavel Vinogradov et Anatoli Soloviev se pr�parent � leur
sortie hors de la station Mir le 3 novembre 1997
Lancer du
Spoutnik 40 ans
Equip� d'un petit �metteur de
200 mW et de 4 antennes de 50 cm, PS-2 (devenu RS-17, pour
"Radioamateur Spoutnik n�17") a �t� entendu en France d�s la fin de
sa premi�re orbite. Si le signal �mis en FM dans les bandes de fr�quences
amateur (� 145,825 Mhz) n'�tait qu'un simple "bip-bip" comme
pour le premier Spoutnik, sa tonalit� �tait proportionnelle � la temp�rature
interne du satellite. Celle-ci oscilla entre 10�C et � 40�C, en fonction de
l'ensoleillement. Les batteries (non rechargeables) s'�puis�rent en
57 jours et le signal s'interrompit le 29 d�cembre 1997.
360 radioamateurs du monde entier avaient pu l'entendre. PS-2 br�la dans
l'atmosph�re le 21 mai 1998, apr�s 199 jours pass�s sur orbite.
Le russe
cosmonaute Pavel Vinogradov, accompagn� d'un jeune �tudiant kazakh, remet une
maquette du Spoutnik 40 ans au directeur du
Mus�e de l'Air et de l'Espace
Jean-Paul Siffre en avril 1999.
Photo
Jacques Bouvier
Afin de c�l�brer l'Ann�e
internationale de l'espace 1998 et le centenaire de l'A�ro-Club de France (partenaire
de l'op�ration "Spoutnik 40 ans"), un nouvel exemplaire de
PS-2 fut assembl� et mont� � bord de Mir le 25 octobre 1998 l'aide du
Progress M-40. Son lancement, toujours � la main, intervint lors de la sortie
du 10 novembre 1998. "Pousse-le doucement vers la Lune" aurait
conseill� Gennadi Padalka � Sergue� Avde�ev. Spoutnik-41 (ou RS-18) contenait
cette fois plusieurs messages audio enregistr�s en fran�ais, en anglais et en
russe, lus par des coll�giens et des adultes. L'autonomie se trouvant ainsi r�duite,
le signal ne fut �cout� qu'un mois, jusqu'au 10 d�cembre 1998.
Le 4 avril 1999 enfin, un
troisi�me mod�le r�duit du Spoutnik fut livr� � la station Mir par le Progress
M-41. Mais cette fois, il �tait destin� � une op�ration commerciale mise en place
par une c�l�bre marque de montres suisse qui lan�ait un nouveau mod�le sur le
march� (le mini-satellite devait diffuser des messages post�s par des
internautes sur le th�me du "beat", du nom du produit en question).
Devant le refus des radioamateurs de voir les ondes utilis�es � des fins
mercantiles, les Russes pr�text�rent avoir besoin de la batterie du satellite
pour d�panner une imprimante de Mir (!) et le Fran�ais Jean-Pierre Haigner�,
qui lan�a l'engin lors de sa sortie du 16 avril avec Viktor Afanassiev,
n'enclencha pas son syst�me d'�mission. Le "Beatnik" (�galement
d�nomm� Spoutnik-99 ou RS-19) tourna donc muet autour de la Terre jusqu'au
29 juillet 1999.
Viktor
Afanassiev et Jean-Pierre Haigner� hors de Mir le 16 avril 1999.
Le
Spoutnik-99 attend son lancement au bout du mat, en haut � gauche de l'image,
rang�
dans un sac de protection vert (on distingue ses 4 antennes qui en
sortent).
Photo CNES/Jean-Pierre Haigner�
L'aventure
du projet "Spoutnik 40 ans" a donn� naissance � un livre,
trilingue (anglais, fran�ais et russe), r�dig� par Guy
Pignolet de Sainte Rose. Il est t�l�chargeable gratuitement sur le site www.science-sainte-rose.net.
La vid�o du lancement de PS-2 s'y trouve �galement.
Cliquez ici pour conna�tre
les comm�morations pr�vues Cliquez l� pour (r�)�couter le son du Spoutnik Retrouvez un
reportage de l'�poque sur le site de l'INA |