LES INVITES DU
COSMOPIF |
L'invit� n�104 (lundi 27 f�vrier 2006)
Directeur scientifique g�n�ral adjoint de l�ONERA
Qui
�tes-vous, Jean-Pierre Taran ?
N� � Paris le 23 avril 1943, je suis mari� et p�re de deux enfants. Docteur �s Sciences, membre honoraire de l'Acad�mie des Sciences de Russie, je suis aujourd�hui Directeur scientifique g�n�ral adjoint de l�ONERA en charge du rayonnement scientifique et m�occupe plus particuli�rement de communication scientifique et d�actions de coop�ration avec le monde acad�mique. Depuis l�enfance, je suis fascin� par l�a�ronautique et l�espace. J�ai consacr� l�ensemble de ma carri�re de chercheur � leur cause. Mon parcours en optique quantique et physique des lasers au service de la m�trologie des milieux en r�action m�a progressivement conduit � prendre conscience du fait que je devais ma survie au fait d��tre utile � d�autres disciplines comme l�a�rodynamique, la propulsion ou les plasmas. Je me suis progressivement tourn� vers l�organisation de la recherche en r�seaux pluridisciplinaires, tout d�abord au sein de mon entreprise puis en �largissant la d�marche en direction de mes nombreux partenaires du CNRS. Depuis quelques ann�es, le souci d�organiser de fa�on plus efficace l�Europe de la recherche m�a amen� � organiser des s�minaires r�guliers avec des �tablissements fr�res en Allemagne et en Russie. Derni�rement, j�ai co-organis� avec un panel de confr�res issus de tous les pays d�Europe le premier congr�s a�rospatial europ�en EUCASS, qui s�est tenu � Moscou.
Ing�nieur
de l�Ecole Polytechnique en 1965, j�ai imm�diatement embrass� la carri�re de
chercheur. Ma chance fut d�effectuer un s�jour de deux ans aux Etats-Unis avec
des �quipes exceptionnelles dont celle de Charles Townes, prix Nobel de
Physique (laser). Gr�ce � elles, j�ai acquis une comp�tence pratique en optique
quantique et en optique nonlin�aire. Cette exp�rience m�a mis sur la piste de
la Diffusion Raman anti-Stokes Coh�rente (DRASC), outil brevet� en 1973 par
l�ONERA et qui allait s�av�rer remarquable pour effectuer des mesures dans les
milieux gazeux en r�action. Ainsi, de nombreuses �tudes ont pu �tre men�es sur
les d�charges �lectriques, la combustion, la photochimie, les �coulements
a�rodynamiques, permettant de faire progresser les connaissances dans ces
disciplines. Elles ont souvent �t� conduites en partenariat avec des
laboratoires fran�ais ainsi qu'aux Etats-Unis, en Europe ou en Isra�l. Toute ma
carri�re s'est accomplie au sein de l'ONERA, jusqu'� mon poste actuel.
Faisceaux
DRASC dans une soufflerie � Mach 10 : mesure de temp�rature et vitesse dans la
couche limite de la maquette
Ma
passion ? C'est incontestablement, la recherche scientifique. Comment
est-elle n�e ? Je n'en sais rien, je crois �tre n� avec. Une fois les
�tudes termin�es, il ne pouvait y avoir que �a et je m'y suis consacr�
totalement. Elle ne m'a jamais d��u : bonheur de faire reculer les
fronti�res des connaissances, f�t-ce � un niveau modeste, bonheur de servir �
mes coll�gues en les aidant � r�soudre leurs probl�mes, bonheur de travailler
avec des gens formidables (on ne dira jamais assez que dans ce monde-l�
l'int�grit� intellectuelle est la r�gle). Et, concevant bien mon m�tier comme
un service, le plaisir d'aider les autres � s'organiser dans une logique
pluridisciplinaire qui valorise les uns par les autres.
Mais
aussi, conscient de l'enjeu de survie nationale que repr�sente la recherche
scientifique, que d'amertume je ressens aujourd'hui de la voir tant n�glig�e
par la puissance publique depuis des ann�es !
Je
retiendrai peut-�tre, h�las, l'�motion ressentie devant les immenses
installations des laboratoires de recherche spatiale russes, laiss�es �
l'abandon et rong�es de rouille.
La maquette OK-M, mod�le statique de test de la navette
Bourane, abandonn�e sous le soleil kazakh en ao�t 1996
Photo Pif
De
nombreuses vues en couleur de Mars pris par la sonde Mars Express de la NASA
r�v�lent un monde fascinant, et, par endroits, attirant. Cette vue des
montagnes et plateaux enneig�s proches du p�le Sud de la plan�te est par�e
d'une �trange beaut�.
Il
est impossible de rester indiff�rent devant la beaut� des n�buleuses r�v�l�es
par le t�lescope spatial Hubble, toutes plus �clatantes les unes que les
autres, comme cet immense nuage de poussi�res illumin� par de jeunes �toiles.
J'adorerais skier sur les pentes enneig�es de Mars.
Gagarine
fut un pionnier, un conqu�rant, un grand moment de gloire pour son pays. Mais
n'oublions pas d'honorer les �quipes qui ont rendu sa mission possible gr�ce �
des connaissances scientifiques et un savoir faire en avance sur leur temps.
Sans elles, il serait rest� un inconnu.
Que repr�sente pour vous la station Mir ?
Mir
fut la suite naturelle du premier vol exploratoire de Gagarine, la
mat�rialisation d'une volont� de conqu�te spatiale. De telles r�alisations et
les projets qu'elles portent t�moignent de l'�me et de l'ambition d'une nation.
Mais, apr�s sa disparition et avec les difficult�s de faire la station spatiale
internationale, pourtant, la prise de conscience progressive que cette ambition
a un co�t et que nous ne pouvons �chapper � la n�cessit� de justifier notre
pr�sence en orbite aux yeux du contribuable.
Merci, Jean-Pierre Taran !
La semaine
prochaine (lundi 6 mars 2006) : Jean-Paul Dard�