LES INVITES DU COSMOPIF |
L'invit� n�89 (lundi 7 novembre 2005)
www.planete-mars.com
Richard Heidman aux Rencontres Auriolaises Spatiales en
juillet 2005
Photo Pif
Qui
�tes-vous, Richard Heidmann?
Je suis n� en 1943, dans le Nord, avec des attaches vosgiennes. Mari� et p�re de deux enfants, j�habite � Vernon, dans l�Eure, avec un pied-�-terre � Paris. Retrait� depuis 2003, je me consacre � la vie de l�association Plan�te Mars, tout en continuant une activit� de conseil dans mon domaine d�expertise professionnelle, la propulsion spatiale.
A l�issue de mes �tudes d�ing�nieur (X
et Sup�A�ro), passionn� d�astronautique, j�ai voulu � tout prix participer � cette
grande aventure, alors naissante. Cela m�a conduit � Vernon, au LRBA, le
laboratoire de l�Arm�e d�di� aux recherches sur les fus�es � propergol liquide.
J�ai eu la chance d�y participer � la gen�se d�Ariane puis � divers travaux
d��tudes th�oriques li�s � son d�veloppement. Par la suite, au sein de ce qui
�tait devenu la SEP, j�ai exerc� � Vernon diverses fonctions, dont celles de
responsable de la Qualit� puis de directeur Commerce et Programmes, � l��poque
privil�gi�e du d�veloppement d�Ariane 5 et de la pleine production d�Ariane 4.
J�ai termin� ma carri�re au sein de la direction g�n�rale du groupe Snecma,
comme directeur charg� de l�orientation strat�gique Recherche et Technologie.
Depuis, j�ai contribu� � divers groupes de travail (ESA, ESPI, CNES, IAA�).
Entre temps, ayant particip� au congr�s
de fondation de la Mars Society en 1998 (carte de membre n�46 !), j�ai
fond� en mars 1999, avec l�aide d�une vingtaine d�autres passionn�s, sa section
fran�aise, qui compte aujourd�hui pr�s de 250 membres actifs.
Ma passion, c�est l�astronautique, mais
au sens litt�ral du terme, c�est-�-dire le voyage de l�Homme vers d�autres
astres. Cette passion a �t� provoqu�e par un faisceau de facteurs : un
p�re ing�nieur (qui se relevait la nuit pour transcrire une id�e sur un plan),
un fr�re astronome (qui m�a fait d�couvrir les merveilles du ciel), une
adolescence marqu�e par le coup de tonnerre de Spoutnik. L�incroyable r�ussite
du programme Apollo n�a fait que la d�cupler. Et si les trente ann�es qui
ont suivi ont malheureusement �t� pass�es � tourner en rond, elles ont malgr�
tout permis aux Europ�ens de se mettre en position d�acteurs potentiels.
Maintenant, avec l�initiative d�exploration spatiale am�ricaine,
l�astronautique entre dans une nouvelle �re. Tant mieux, m�me si nous devons
rest�s pr�occup�s par la place que l�Europe va tenir dans cette nouvelle
aventure scientifique et technologique, qui promet de peser sur notre
prosp�rit� future et sur notre influence dans le monde.
A l�occasion de l�opposition
p�rih�lique d�ao�t 1971, mon fr�re Jean m�a fait d�couvrir Mars � l�oculaire de
sa lunette astronomique. Moment inoubliable, o� ce monde mythique et lointain
m�est soudain devenu presque proche, s�offrant comme une Terre en miniature,
avec une finesse de d�tails et de teintes qui lui donnait une pleine r�alit�.
Un choc qui n�est s�rement pas pour rien dans ma vocation
"martienne".
La plan�te rouge vue au t�lescope
L��re des
sondes spatiales et des t�lescopes g�ants nous a gratifi�s de tellement de
splendeurs qu�il est presque impossible de faire un choix. Pourtant, je ressens
une �motion toute particuli�re en contemplant le visage de l�astronaute Gene
Cernan, aux traits tir�s et couverts de poussi�re lunaire apr�s ses
trois excursions � la surface de notre satellite lors de la mission Apollo
17 (d�cembre 1972). Au-del� du bonheur d�avoir accompli une mission aussi
extraordinaire et p�rilleuse, il semble exprimer une m�lancolie profonde, sans
doute provoqu�e par le sentiment d��tre le dernier humain � fouler avant
longtemps le sol d�un autre monde�
Retrouvez cette photo dans le superbe recueil Pleine Lune
aux �ditions La Martini�re
Pour moi, l�objet spatial le plus
extraordinaire jamais r�alis� reste le module lunaire. On est confondu devant
cette expression du g�nie humain : imagination fertile, parfaite
adaptation aux besoins fonctionnels, totale r�ussite du programme, services
rendus irr�prochables pour la machine spatiale sans doute la plus complexe et
la plus critique que l�on ait eu � d�velopper. Et tout cela en un temps record.
L��tranget� des formes du LM ne le rend �
vrai dire pas beau mais c�est sa noblesse qui en fait la beaut�. Un grand coup
de chapeau � la cohorte d�ing�nieurs et de techniciens qui ont permis, sans
doute au prix de bien des insomnies, voire de d�pressions, la r�alisation de ce
chef-d��uvre.
Module lunaire en cours d'int�gration
Je souhaite avoir la chance de vivre le
d�barquement de l�Homme sur la Plan�te rouge !
Youri Gagarine est avant tout un pur h�ros, un individu qui s�est totalement offert � sa mission. On sait combien celle-ci �tait risqu�e et charg�e d�inconnues. Pour moi, c�est cet aspect du h�ros qui domine, avant m�me la signification de son vol pour le d�veloppement de l�astronautique, �videmment d�cisive. Et tant pis si l�image du h�ros humain s�est trouv�e pervertie par les effets de la propagande, Youri reste d�abord un homme qui nous est proche, un fr�re � qui nous devons beaucoup.
Merci, Richard Heidmann !
Richard Heidmann a publi� en 2005 Plan�te
Mars, une attraction irr�sistible aux Editions ALVIK (pr�sentation sur le
site de l�association Plan�te Mars).
La semaine prochaine (lundi 14 novembre
2005) : Karin Husmann