Serge Bord�res

Auteur du livre � Ici la base de la Tranquillit� � (C�padu�s, 2011)

www.base-tranquillite.fr

Qui �tes-vous, Serge Bord�res ?

Je suis ing�nieur en informatique au CNRS, j'ai 51 ans, j'habite dans la r�gion de Bordeaux avec ma compagne et notre enfant de 5 ans. Je suis passionn� d'astronautique et d'aviation depuis bien longtemps.

Quel a �t� votre parcours professionnel ?

Je suis rentr� au CNRS en 1984 comme ing�nieur syst�mes dans un grand centre de calcul, j'ai pass� ensuite une dizaine d'ann�es � l'Ecole Polytechnique, puis � nouveau au CNRS dans la r�gion bordelaise dans un laboratoire de recherche nucl�aire (l'infiniment petit et l'infiniment grand).

Quelle est votre passion, comment est-elle n�e, comment la vivez-vous ?

Certainement que la nuit du 20 au 21 juillet 1969 et les autres missions Apollo ont eu quelques influences sur mon destin en faisant germer en moi le go�t de la science et des technologies. Je me souviens que le premier programme que j'ai �crit �tait un jeu (tr�s simpliste mais avec les bonnes �quations) qui consistait � faire alunir un engin. C'�tait sur une calculatrice Texas Instrument TI-57, avec une capacit� de 50 instructions seulement !

En 2008-2009, j'ai �t� quelque peu � agac� � de constater que, 40 ans apr�s Apollo, la plupart de la documentation �tait en anglais. Cette constatation, plus les p�rip�ties de l'ordinateur de bord du module lunaire, m'ont amen� � documenter l'alunissage d'Apollo 11, en fran�ais, de la fa�on la plus pr�cise et la plus abordable possible. Gr�ce � mon �diteur C�padu�s, ce projet a pu se concr�tiser sous forme d'un livre, � mettre dans toutes les mains.

Quelle anecdote personnelle ou souvenir fort li� � la conqu�te spatiale souhaiteriez-vous nous faire partager ?

Je pense � l'explosion de la navette Challenger. C'est un moment o� tous les passionn�s ont pu penser que l'id�e de l'homme dans l'espace risquait d'�tre compromise. On entend beaucoup de critiques sur le programme navette spatiale mais, comme pour Apollo, il fallait beaucoup d'audace pour le d�velopper. N'est-ce-pas ce qui manque le plus aujourd'hui ?

Quelle serait votre photo spatiale ou astronomique pr�f�r�e et pourquoi ?

Je n'ai pas vraiment de photo pr�f�r�e mais des citations pr�f�r�es. La premi�re est celle de Neil Armstrong, � Ici la base de la Tranquillit� �, parce qu'il s'agit de la premi�re phrase � l'adresse de la Terre prononc�e depuis la Lune. Mais aussi parce qu'Armstrong semble l'avoir bien pr�par�e et qu'il ne l'a pas choisie au hasard. Il n'a pas dit ici la � mer � de la Tranquillit� mais il a utilis� le mot � base �. Et qui dit � base � dit pr�sence de l'homme. En six petits mots, il a tout r�sum�. Et puis la tranquillit� colle si bien au bonhomme.

L'autre citation est de Gene Kranz quelques minutes avant le d�but de la phase d'alunissage d'Apollo 11. Il parle � son �quipe et dit � ...quoi qu'il nous arrive aujourd'hui, je me tiens derri�re chaque d�cision que vous prendrez. Quelle que soit la mani�re dont les choses vont tourner, quand nous sortirons de cette salle, nous en sortirons comme une �quipe �. Des mots qui devraient �tre enseign�s dans toutes les �coles de management.

De la m�me mani�re, quel objet spatial vous fascine-t-il ?

Je choisis le module lunaire d'Apollo. Il a r�ussi l'alunissage d�s la premi�re tentative alors qu'il n'avait pas �t� possible de le tester dans toutes ses fonctions avant. C'est comme si Concorde avait fait un aller-retour transatlantique � Mach 2 et avec 100 passagers � bord d�s son premier vol.

Que vous �voque le vol de Youri Gagarine ?

C'est certes le symbole de l'Homme qui s'�vade de sa plan�te mais c'est aussi le symbole des diff�rences d'appr�ciation du r�le de l'Homme dans un vaisseau spatial. Gagarine et ses successeurs cosmonautes ne pouvaient pas piloter leur vaisseau et prendre des initiatives. Du c�t� am�ricain, les astronautes purent piloter leur engin d�s le d�but et, parfois, ne se g�naient pas pour n'en faire qu'� leur t�te. C'est tout l'int�r�t des vols habit�s : permettre � l'homme � bord de prendre le dessus � tout moment et d'appliquer son libre arbitre. C'est justement ce qu'a fait Armstrong lors de son alunissage.

Quel souvenir gardez-vous de la nuit du 20 au 21 juillet 1969 ?

Je n'avais pas tout � fait neuf ans. J'�tais rest� tard dans la nuit avec mon p�re pour regarder Armstrong et j'en ai quelques images en t�te. Le lendemain matin, en lisant le journal (Sud Ouest), ma grand-m�re d�clara : � C'est du cin�ma �. Je me demande si �a n'est pas elle qui est � l'origine de la th�orie du complot !

Ce qui est amusant, c'est que plusieurs personnes m'ont racont� avoir entendu les m�mes propos de leur grand-m�re !

Quel serait votre r�ve spatial le plus fou ?

Ce n'est pas si fou : j�aimerais �tre � nouveau t�moin en direct d'une aventure telle que celle d'Apollo�

Merci, Serge Border�s !

Interview r�alis�e par mail en f�vrier 2012

La semaine prochaine (lundi 26 mars 2012) : Ronnie Nader

Les coordonn�es des invit�s ne sont communiqu�es en aucun cas

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